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Journée mondiale de lutte contre le Sida : il faut préserver les acquis à tout prix
Publié le lundi 3 decembre 2018  |  L’Essor
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Les personnes vivant avec le VIH déplorent une régression dans la lutte contre la pandémie et demandent plus



Au cours de la célébration de la Journée mondiale de la lutte contre le VIH et le Sida, les personnes vivant avec le virus de la maladie ont interpellé les autorités pour le respect des engagements et la création d’une ligne budgétaire pour la riposte à la maladie. C’était samedi, 1er décembre, journée dédiée à la lutte contre la pandémie. Cette Journée mondiale de lutte contre le VIS/Sida offre l’occasion aux gouvernements et autres acteurs de la lutte contre le fléau de démontrer l’importance qu’ils accordent au combat contre le sida mais également à la solidarité à l’endroit des personnes infectées et affectées par le VIS/Sida.

Le thème de cette année : «Connaitre son statut sérologique du VIH, un droit et un devoir» met l’accent sur la levée des barrières à l’accès aux services de dépistage et de traitement pour les jeunes et les populations clés, en particulier. La journée offre aussi un cadre de concertation et d’échanges sur des préoccupations essentielles liées à la croisade contre le VIH. Mme Djerma Oumou Diarra, présidente du Réseau malien des associations des personnes vivant avec le VIH (REMAP+), a déclaré que la lutte contre la pandémie est, aujourd’hui, confrontée à de nombreuses difficultés. En effet, le retrait du Fonds mondial de la prise en charge des ressources humaines qui officiaient sur les sites de soins, d’accompagnement et de conseil expose des milliers de personnes séropositives au manque de soins et de conseil social. Selon elle, 24.000 malades sont menacés, soit 55% de la file active du Mali.

Mme Djerma Oumou Diarra prévient que les premiers sites fermeront à la fin de ce mois si l’Etat ne prend pas le relais pour assurer la rémunération du personnel. Ce qui engendrera le licenciement de 166 salariés composés de médecins, pharmaciens, infirmiers et conseillers psycho-sociaux. Elle souhaite que ce personnel soit reversé dans la Fonction publique pour permettre de sauver plus de vies. La présidente du Réseau a aussi exhorté les autorités à mobiliser plus de financements nationaux pour ne plus dépendre uniquement des financements internationaux. Elle en appelle à la création d’une ligne budgétaire dédiée à la société civile dans le budget national de lutte contre le VIH/Sida en assainissant la gestion pour éviter que des financements complaisants soient attribués à des ONG quasiment fictives. Ce qui permettra de renforcer le contrôle et les audits sur ces financements afin d’accroitre la redevabilité de la part des acteurs nationaux sur les activités menées et les dépenses.

Mme Diarra a aussi évoqué d’autres problèmes, notamment le suivi biologique des malades. D’après elle, la situation est alarmante car la quantification de la charge virale est devenue un luxe pour les patients. Elle a dénoncé la signature, cette année, du contrat de maintenance des appareils de charge virale. La porte-parole des personnes touchées par la maladie estime qu’il ne sera pas possible d’atteindre les 3X90 sans la démédicalisation du dépistage et la dispensation communautaire des antirétroviraux (ARV).
La coordinatrice résidente du système des Nations unies au Mali, Mme Lucia Elmi, a reconnu que beaucoup d’efforts ont été déployés dans la réponse nationale au sida et que des résultats tangibles ont été atteints. Cependant, elle a exprimé que nous puissions faire face aux besoins non couverts pour mettre fin à la pandémie d’ici 2030. Il s’agira, explique-t-elle, de faire en sorte que déjà en 2020, 90% des personnes vivants avec le Vih connaissent leur statut sérologique, que 90% des personnes conscientes de leur séropositivité aient accès au traitement et que 90% des personnes sous traitement, atteignent des niveaux de VIH détectables dans leur organisme.

Il s’agit autrement dit des 3X90. Pour y parvenir, la coordinatrice soutient qu’il faudrait une remobilisation plus accrue de tous les acteurs et partenaires mais aussi des ressources internes et externes. Elle a assuré que le système des Nations unies ne ménagera aucun effort pour continuer à apporter son appui afin que le Mali garantisse à chacun de vivre positivement sa vie et d’être informé de son statut sérologique pour proclamer la fin du Sida en 2030 dans notre pays.

De son côté, le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique a indiqué que son département mettrait tout en œuvre à travers sa cellule sectorielle de lutte contre le Sida pour assurer l’effectivité de la complétude et de la couverture du territoire national par l’offre de prévention. Pr Samba Ousmane Sow a précisé que la mobilisation communautaire, l’activisme et le plaidoyer jouent un rôle clé. Il a jugé nécessaire que les communautés comprennent qu’on ne peut pas traiter les problèmes de santé de manière isolée et ignorer les déterminants sociaux de la santé.

Avant de lancer les activités du mois consacré à la lutte contre le VIH/Sida, il a exhorté la population à être plus unie et plus maligne que le VIH et le Sida. Il a, enfin et surtout, prôné le dépistage et le traitement, gage de bonne santé et d’avenir prometteur.

Tout au long de ce mois, des activités sur des thèmes bien précis seront menés au cours des semaines thématiques. La première porte sur l’élimination de la transmission mère-enfant et la deuxième semaine se focalisera sur le VIH et les conflits. La troisième portera sur l’accès au dépistage et au traitement et la dernière semaine traitera de la discrimination et de la stigmatisation.

Fatoumata NAPHO
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