« Pour un palu, tu t’en sors avec une autre maladie plus grave », Djoumé Kanté, le porte-parole du comité syndical. Hier lundi, de 8 heures à 10 heures, l’Hôpital Gabriel Touré était paralysé à nouveau. Durant deux heures d’horloge, les Hommes en blouse blanche ont fait un sit-in devant l’Hôpital national pour dénoncer la mauvaise gestion des services. Selon les manifestants, si la situation n’évolue pas, l’Hôpital déclenchera une grève très prochainement. Dans cette perspective, un préavis sera sur la table du Ministre jeudi prochain.
Selon Djoumé Kanté, le porte-parole du Comité syndical de l’Hôpital Gabriel Touré que nous avons joint au téléphone, c’est une action qu’on leur impose, face au mépris de la Direction et au silence radio des autorités compétentes, après plusieurs sollicitations vu la pertinence des problèmes posés. Le laboratoire est presque à l’arrêt et ne peut faire que de la goûte épaisse pour le palu et le groupage pour déterminer le groupe de sang. Pas d’échographie, pas de fibroscopie, pas d’endoscopie … L’équipement essentiel pour le fonctionnement ne s’y trouve pas. Ce qu’on n’arrive pas à faire au Gabriel Touré, on peut le faire dans les petits SCOM. En plus, un sentiment de laisser-aller total y règne. Ce sont des marchands ambulants qui sont dans la cour, des trafiquants de médicaments à ciel ouvert, l’insalubrité qui a atteint un niveau inquiétant. «Pour un palu, tu t’en sors avec une autre maladie plus grave. Tu accompagnes un malade, tu sors malade. Malgré toutes ces difficultés, la direction ne bouge pas le petit doigt pour changer la situation », regrette notre correspondant au téléphone. Le Syndicat affirme avoir envoyé plusieurs correspondances aux Dirigeants pour demander un dialogue social. Mais aucune réponse pour trouver une solution adéquate. « Nous n’avons pas le choix », nous assure un travailleur de l’Hôpital. Si ce sit-in n’aboutissait à rien, un préavis de grève sera déposé, le jeudi prochain, sur la table du Gouvernement. Cet Hôpital national, vieux de plus de cinquante-sept ans, qui était l’ancien Dispensaire central de Bamako, a été érigé en un centre hospitalier, dénommé Hôpital Gabriel Touré, en hommage à un digne fils de ce pays, l’Étudiant en médecine de 3e année, Gabriel Touré, mort victime du devoir. Gabriel Touré fut brutalement arraché par la mort, le 12 juin 1935. Il venait d’être contaminé par un malade atteint de la peste pulmonaire, qu’il tentait de sauver à tout prix. Pour la petite histoire, notons que c’est ainsi que cet Hôpital national fut baptisé, le 17 janvier 1959, au nom de celui qui a sacrifié sa propre vie en sauvant son semblable.