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DDR: les Mouvements pris au piège
Publié le mercredi 5 decembre 2018  |  Info Matin
Mahamadou
© RFI par DR
Mahamadou Djeri Maiga, vice-président du MNLA et sa délégation sont à Alger pour discuter des accords de paix, le 16 juillet 2014.
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Prompts à allumer le Gouvernement coupable idéal des lenteurs dans l’application de l’Accord, les Mouvements signataires sont pris au piège avec seulement 1 289 combattants enregistrés, toute localité confondue, dans le cadre du DDR/Intégration accéléré. Les preuves d’une fourberie infuse.

La frénésie de surenchère des Mouvements armés vient de monter toutes ses limites. En effet, du 6 novembre, date de lancement officiel du DDR/Intégration accéléré à Gao, au 26 novembre, soit 3 jours avant la date de clôture de ce processus, à savoir le 30 novembre, seulement 1 289 combattants ont pu être enregistrés. Cela, toute localité confondue.

A l’origine de ce chiffre communiqué à la presse, la MINUSMA prend le soin de préciser qu’ils ne sont qu’indicatifs. Sauf que Zahaby Ould Sidi Mohamed, président de la Commission nationale de DDR, s’y était largement épanché dans la presse. Il peut donc être considéré comme officiel.

L’esbroufe

Ce nombre de 1 289 combattants enregistrés (encore qu’ils n’avaient pas tous bouclé le processus d’enregistrement) ; est en deçà des prévisions les plus optimistes annoncées par la MINUSMA, à savoir 1 600 combattants. En effet, lors de son point de presse du 1er novembre 2018, la Mission onusienne annonçait : ‘’cela pourrait nous permettre d’avancer rapidement dans le processus régulier global prévu dans l’Accord de paix. Cela va concerner environ 1 600 combattants, affiliés à la CMA, à la Plateforme ou aux autres groupes signataires ou dissidents. Ils seront ciblés au cours de ce processus, car ils font tous partie du MOC’’.

Coup de théâtre, il y a 211 combattants qui manquent à l’appel. L’explication fournie est des plus évasives. ‘’Tous les combattants qui étaient là ont été enregistrés. Donc s’il y en a d’autres, à ce moment-là, il y aura une séance de rattrapage’’, répond Myriam Dessables, responsable de la Communication et de l’Information de la MINUSMA. Ce qui accrédite la thèse de la désertion de certains combattants du MOC. Les Mouvements armés qui se montraient intraitables sur la question de l’intégration sont pris à défaut.

Il est aussi étrange que les Mouvements armés se retrouvent dans une situation d’incapacité de présenter 1 600 combattants pour le DDR/Intégration accéléré au regard du nombre de combattants fictifs ou réels.

Selon un rapport confidentiel de la MINUSMA adressé aux membres du Conseil de paix et de sécurité de l’ONU, les combattants du MNLA sont 2 000, le HCUA compte quant à lui entre 400 à 600 combattants, le MAA (tendance pro-Coordination des mouvements de l’Azawad, CMA) 500 à 1000 hommes. Le document estime le GATIA composé de moins de 500 hommes, le CMFPR2 de 700 à 800 combattants et le MAA pro-Bamako à 2 000 hommes. En s’en tenant aux valeurs les plus élevées, le nombre total de combattants de ces groupes est d’environ 14 000 combattants.

Il y a alors deux hypothèses possibles. Soit les nombres de combattants pompeusement annoncés sont superfétatoires, soit ils sont réels, mais que la volonté d’intégration synonyme de fin de la chienlit est ce qui fait le plus défaut. À nouveau, les Mouvements armés sont épinglés.

La fourberie

Nonobstant cette mauvaise foi avérée, une ‘’session de rattrapage sera organisée en janvier 2019 pour les combattants qui n’auront pas eu le temps de s’enregistrer et de conclure le processus dans le temps imparti, c’est-à-dire avec la date limite de demain (NDLR le 30 novembre 2018)’’.

Or, s’il y a ‘’deuxième phase’’, annoncée par anticipation par le président de la Commission DDR, ce qui ouvre la voie royale à une 3e et une énième phase, s’il y a ‘’session de rattrapage’’, c’est qu’il faudrait alors logiquement se départir de nation de processus accéléré arrêté d’accord partie. Auquel cas on retomberait dans les travers des lenteurs dont les Mouvements armés s’étaient fait les plus intrépides colporteurs et pour lesquels ils n’ont eu de cesse de déblatérer sur le Gouvernement.

Pourtant, la 23e session du Comité de suivi de l’accord (CSA) qui a pris fin le mardi 16 janvier dernier avait adopté un nouveau chronogramme d’activités pour insuffler une nouvelle impulsion à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger.

L’écueil de l’observateur indépendant a été franchi. Il est prévu par l’article 63 de l’Accord qui stipule: ‘’les Parties conviennent de la désignation d’un Observateur indépendant par le CSA, chargé d’évaluer de manière objective l’état de mise en œuvre du présent Accord.

Il rend public tous les quatre mois un rapport exhaustif faisant le point de l’exécution des engagements pris aux termes de l’Accord, identifiant les blocages éventuels, situant les responsabilités, formulant des recommandations sur les mesures à prendre’’.

Le Pacte pour la paix, demandé par le Conseil de sécurité, a été signé le 15 octobre dernier au cours de la réunion du Comité de suivi de l’accord entre le Gouvernement (représentant également les Mouvements signataires) et les Nations Unies.

Voici donc des Mouvements armés coincés entre leurs contradictions et leurs grands principes prétendument nourris à la sève de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Il y a là un flagrant délit de fourberie.

À qui la faute si le processus de Démobilisation, désarmement et réintégration (DDR), prend du plomb dans l’aile ?

Selon Lamine TRAORE, ‘’la paix n’est pas un mot, c’est un comportement exemplaire des hommes et des femmes dans le monde’’. Le constat étant fait que les Mouvements armés ont fait le choix du surplace dans la supercherie, ne faudrait-il pas reluquer le régime des sanctions ?

PAR BERTIN DAKOUO

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