Le Sahara occidental est un territoire désertique de 266.000 Km2 pour une population de 513.000 (en 2009). Très riche en phosphates et en poissons de mer, il est situé au sud du Maroc, à la frontière avec la Mauritanie et l’Algérie. Depuis le retrait en 1976 de l’Espagne, qui l’avait colonisé, ce territoire est contrôlé à 80% par le Maroc tandis que le Front Polisario, mouvement politique et armé sahraoui, lutte pour son indépendance.
La question de l’indépendance du Sahara occidental est la cause de la fermeture de la frontière algéro-marocaine en 1994 et les relations entre les deux voisins maghrébins demeurent froides et tendues. Afin de les rendre meilleures, le Souverain Chérifien a tendu la main à l’Algérie. A travers un mécanisme conjoint pour « dépasser les différends », il a proposé à son grand voisin, un « dialogue direct et franc ». Or l’Algérie, considérant la question sahraouie comme un problème de décolonisation, avait toujours refusé d’en faire un enjeu bilatéral.
Mais après six années de stagnation, les USA et l’ONU ont décidé que les lignes bougent. Ce qui a conduit le Secrétaire général de l’institution internationale à convaincre l’ensemble des pays limitrophes de l’ancienne possession coloniale espagnole (le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie) de se retrouver autour d’une même table. C’est ce dialogue sur le Sahara occidental qui a repris hier mercredi 5 décembre. Toutefois si cela constitue, aux yeux des observateurs, une avancée certaine, il y a lieu de faire un bémol. Puisque, jusqu’ici, cette rencontre est loin de faire changer la position algérienne basée sur le principe d’autodétermination du Peuple sahraoui. Ce qui s’oppose à la conception de Rabat qui ne cesse de réaffirmer la « marocanité » du Sahara Occidental.
Un petit rappel historique. En 1975, à l’appel du roi Hassan II, 350 000 Marocains avaient marché vers le Sahara occidental (la Marche verte), alors sous-occupation espagnole, pour en revendiquer l’appartenance au Maroc. Un an plus tard, le Front Polisario (FP), soutenu par l’Algérie, proclamait l’indépendance de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et réclamait un référendum d’auto-détermination. Une solution adoptée par les Nations Unies en 1991.
Toutefois en 43 ans d’occupation, le visage socioéconomique du Sahara Occidental a aujourd’hui énormément changé. Le royaume Chérifien qui ne s’est pas seulement limité à consentir de gros investissements, a procédé à une véritable politique de peuplement du territoire contesté. Ainsi beaucoup de Marocains sont venus habiter le Sahara. Ce qui a eu pour effet de favoriser un brassage biologique et culturel. Rabat a mis à leur disposition des facilités, et notamment des produits subventionnés comme des loyers très bas…Un aspect qui pose justement la problématique de quelle population doit pouvoir voter même si, contre toute attente, le Maroc venait à se plier aux exigences de l’autodétermination.
De toute façon à l’intérieur du territoire, l’identité sahraouie devient plus que jamais difficile à démontrer. C’est surtout sur cette réalité que le Maroc se base pour, en lieu et place du référendum, proposer, dans le cadre de la souveraineté marocaine, une large autonomie aux habitants du Sahara Occidental. La proposition finira-t-elle par être acceptée ? Il est en tout cas une réalité : de plus en plus, le Front Polisario perd ses soutiens. Et l’après Bouteflika qui se dessine est une véritable inconnue.