Les massacres ont recommencé dans le Centre du Mali. Des Hommes armés repérés comme étant des Donzo ont tué plus d’une dizaine de personnes dans certaines localités de la Région de Mopti. Les carnages ont débuté le mercredi dernier jusqu’au lendemain jeudi, faisant des veuves, des orphelins marqués à vie et des habitations en ruine.
Les premières informations qui nous sont parvenues hier, jeudi 6, font état de plusieurs morts dans le village Peulh Mamba, à 7 kilomètres de Diafarabé, dans la Région de Mopti, lors d’une attaque perpétrée par des Donzo (chasseurs traditionnels) contre la communauté Peulh. Les mêmes sources nous signalent qu’avant-hier, mercredi 5 décembre, une autre attaque s’est produite dans deux villages, Baladjina et Diabel et a fait 7 morts et plusieurs blessés.
Suite à ces événements, nous avons pu joindre des Habitants des localités touchées. Des témoins de ces scènes macabres nous ont relevé les meurtres brutaux commis dans la Région de Mopti.
Selon leurs témoignages…
Un Chef Dozo du village de Djinadjo, craignant pour sa vie, a sollicité ses pairs pour veiller sur sa sécurité. Ainsi, tous les soirs, ils viennent prendre la garde durant la nuit et le matin ils vont vaquer à leurs occupations. Donc, le mercredi, comme d’habitude les Dozo en garde s’en vont. Des Peulhs armés du village de Laissogo sont arrivés dans le village de Djalassogo Djinadjo dans le but de s’attaquer au Donzo en question. Mais, ce dernier a pu s’échapper. Par la suite, il fait appel à ses Hommes qui reviennent à la rescousse. Ils sont allés dans le village Peulh, qu’ils soient armés ou pas, ils se sont déchainés sur eux. Les seuls survivants sont ceux qui ont fui les lieux ainsi que les femmes et les enfants qu’ils ont épargnés.
«Dans une guerre, on tue ceux qui ont des armes, mais pas quand même les innocents qui ne sont pas armés », s’indigna notre interlocuteur. Puis, il ajoute : « J’interpelle nos autorités à venir nous sauver ».
Un autre nous a fait savoir au téléphone: «Quand ils ont fini avec le village de Laissogo, les assaillants se sont dirigés vers une autre localité où vivent les Peulhs. C’est le « sauve-qui-peut ». Ceux qui ont pu fuir ont échappé à la mort et tous les autres ont vu descendre les foudres sur la tête. Là-bas aussi, personne n’a été épargnée». Puis avec une voix modifiée par l’émotion, a-t-il encore ajouté: « Après avoir quitté le premier lieu de massacre, ils ont décidé d’aller dans un autre village où ils pensent que des gens se cachent avec des fusils. Toutes les cases ont été brûlées. Des cadavres jonchaient le sol du village. Ils n’ont même pas pu être enterrés ».
«On vivait tous ensemble, Peulh, Donzo, Dogons, Bambara, sans aucun problème. Il n’y avait qu’un esprit de bon voisinage entre nous. Mais, aujourd’hui, la haine est si immense dans les cœurs de ces Hommes, qu’ils s’entre-tuent comme des bêtes. Du jamais vu depuis que le Mali a été créé », déplora l’un des Habitants contactés.
D’après nos informations, un autre village, Djidégoré où habitent plusieurs Peulhs, a été attaqué par les mêmes Dozo. Là aussi, on dénombre plusieurs morts, côté Peulhs. Également le même jour, Moro, une localité Peulhs a vécu le même sort. Pratiquement tous les villages Peulhs et environnants ont été détruits.
«Quand ils arrivent dans un village, ils tuent tout le monde sans exception. Moi, je n’ai pas pu fermer l’œil la nuit dernière. À chaque fois que j’essaye de dormir, en cauchemar je vois la terreur défilée devant moi. Il faut que l’État nous vienne en aide. Ils ont menacé de détruire tous les villages Peulhs de la Région. Sangala où vivent beaucoup de Peulhs se trouve entre Djalassogo et Tori, eux aussi sont terrifiés. Les nuits, on entend les bruits des canons, des Hommes armés se cachent partout dans ces localités. Actuellement, les Dogons qui habitent dans le coin veulent sortir pour échapper à cet enfer ; mais, malheureusement, ils sont piégés. Ils ne peuvent aller nulle part ; même sur leurs motos. Ils les ont sommés que si jamais ils les aperçoivent, ils seront des Hommes morts. Chez nous ici, il n’y a pas de caméra, pas de Droit de l’Homme, rien du tout. Ils errent de Hameau en Hameau. Dès qu’ils trouvent un seul fusil avec quelqu’un, ils tuent toutes les personnes présentes», a expliqué un villageois qui est dans le désarroi.
« Il faut que l’État nous envoie des militaires sinon nous sommes dans une situation très grave. Ils ont menacé de détruire tous les villages Peulhs et environnants. Quand les militaires se rendront à Djalasso, ils pourront se renseigner et ainsi sauver ce qui peut l’être sinon tous les Peulhs seront exterminés », s’alarme un témoin.
Les villages concernés sont entre autres : Koumé-Kaladjoguo, Djinadjo, Laissogo, Sounoudou, Basseli, Djamagoré, Balladjina, Djégago, Wolégoré, Kalodjogo, …Tous sont du Centre et sont menacés.
N.B: Nous vous signalons qu’il se peut que les noms des villages soient mal orthographiés, vu la mauvaise couverture du réseau téléphonique.