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Reformes administratives et constitutionnelles : La bravade de Soumeylou Boubèye à Gao
Publié le samedi 8 decembre 2018  |  Le Républicain
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© aBamako.com par A.S
Politique: 1er congrès de ASMA
Bamako, le 06 décembre 2014 au palais de la culture Amadou Hampate BA. L`Asma a tenu son premier congrès, sous la présidence de Soumeylou Boubeye Maiga.
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Parti pour consoler une population éplorée, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga en a ajouté à la consternation des habitants de Gao où il s’était rendu le 2 décembre 2018. Le chef du gouvernement malien s’est attiré la colère d’une grande partie de la population de cette ville qui a opté pour le rejet des reformes administratives et constitutionnelles. En déclarant que rien ne peut empêcher ces reformes, le Premier ministre a fait de sa visite un casus bellis pour l’ensemble des forces vives opposées au fait que l’on décide pour les Maliens sans les Maliens.

En entendant les réactions de la classe politique et des organisations de la société civile, les propos de Soumeylou n’ont pas échappé aux observateurs. L’orateur qui est un natif de Gao semble n’avoir pas pris la mesure de la grogne qui couve au nord au sujet des réformes annoncées. Est-il besoin de rappeler que les concertations régionales récemment initiées par le gouvernement pour faire valoir ses propositions ont été boycottées dans la cité des Askia?

Le chef du gouvernement est pourtant censé savoir que « la jeunesse résiliente de Gao » (pour reprendre les mots du président IBK) est foncièrement hostile à ces réformes. Par ailleurs, en affirmant aux habitants de Gao que chacun doit choisir son camp, le Premier ministre risque de se tirer une balle dans le pied en ouvrant les hostilités.

La sortie du Premier ministre illustre un déphasage criard entre l’Exécutif malien et le peuple au nom duquel il travaille. Dès qu’il s’agit de la Constitution malienne, la population met de côté ses divergences pour faire bloc derrière la loi fondamentale qui est le dernier rempart du pays contre la main invisible qui tente de décréter tout pour les Maliens et sans eux, au nom de l’accord d’Alger pour la paix et la réconciliation nationale.

Le Premier ministre qui veut combattre les forces opposées aux réformes administratives et constitutionnelles est loin d’avoir la sympathie des Maliens avec de telles déclarations. Les propos tenus à Gao par le chef du gouvernement sonnent comme une bravade à quelques jours d’une marche réunissant plusieurs coalitions de partis politiques et des organisations de la société civile à Bamako.

Pire, le gouvernement malien n’a pas intérêt à en ajouter à la frustration du peuple dont les nombreuses grèves constituent les symptômes. Les propos blessants ne seront pas de nature à obtenir l’adhésion des citoyens à des reformes pour lesquelles on demande leurs avis à travers un référendum transparent.

C’est à croire que le pouvoir rend aveugle! Au moment où les autorités françaises payent le prix d’une certaine arrogance face aux Gilets jaunes, on doit s’interroger au Mali. La question est de savoir si le pouvoir malien a réellement besoin de passer coûte que coûte ces reformes qui sont impopulaires au nord comme au sud.

Puissent les dieux de la démocratie inspirer Soumeylou afin qu’il tire les leçons des dernières déclarations d’Edouard Philippe, son homologue français. Face à la colère des Gilet jaunes, ce dernier a fléchi sa position sur la reforme de la taxe carbone en reconnaissant le 4 décembre, « qu’aucune taxe ne mérite de mettre en danger l’unité du peuple français ».

Soumaïla T.Diarra
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