Le samedi dernier, l’opposition malienne a été encore empêchée de manifester pacifiquement. En plein centre de Bamako, c’était des scènes de guérilla entre des manifestants zélés et des policiers déterminés à appliquer à la lettre la décision d’interdiction du gouverneur.
Le sang a encore une fois de plus coulé comme lors de la manifestation du 16 novembre et du 2 juin dernier : « il y a eu des blessés dont un dans une situation grave », selon les manifestants. « Même en période d’état d’urgence, toute restriction à la liberté de manifester pacifiquement doit satisfaire les conditions de nécessité et de proportionnalité », s’indignait, la veille de la manifestation, la Commission Nationale des Droits de l’Homme(CNDH).
Cette nouvelle violente répression d’une marche pourtant constitutionnellement autorisable est l’expression d’un mépris des autorités à l’égard du peuple et de son pouvoir : la démocratie. Le Mali poursuit ainsi son irrésistible descente aux Enfers. Le pays connait un sérieux recul de la démocratie avec des actes liberticides posés par l’administration IBK. Même aux heures sombres de la dictature du général Moussa Traoré qui a trouvé un statut de « grand Républicain » avec le pouvoir actuel, la Bourse du Travail, le symbole de toutes les luttes démocratiques au Mali, n’a pas été interdite d’accès aux manifestants.
Les vidéos et les photos montrant les manifestants ensanglantés ont connu une diffusion virale sur les réseaux sociaux et suscité une indignation générale dans le pays. Que des grandes personnalités du pays telles que le doyen Ali Nouhoum Diallo, ancien président de l’Assemblée Nationale, Mme Sy Kadiatou Sow, ancien gouverneur de Bamako, l’honorable Amadou Araba Doumbia, député à l’Assemblée nationale … soient gazés et matés, comme ce fut le cas le 16 novembre dernier, doit fortement interpeller la communauté internationale qui s’est aujourd’hui murée dans un mutisme incompréhensible. La brutalité de la répression des manifestions rappelle que le Mali est aujourd’hui soumis à un statut spécial non conforme à la Constitution qui consacre pourtant formellement le droit de manifester.