Il n’y a pas eu de marche comme envisagée par les responsables du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD), de la Coalition des forces patriotiques (CoFoP) et de l’Adema Association ce samedi. Le regroupement a été empêché et même réprimé par certains endroits du Centre-ville. L’opposition, en plus de condamner l’acte, affirme avoir recensé près d’une dizaine de blessés et six interpellations dans ses rangs.
A l’image de la manifestation du vendredi 16 novembre, le Gouvernement a décidé de réprimer la marche dite pacifique de l’Opposition du samedi dernier. La manifestation, dont les principaux objectifs visent à protester contre la gouvernance du pays, l’insécurité, la cherté de la vie, devait partir de la Place de la Liberté à l’esplanade de la Bourse du travail. Ces deux sites avaient pourtant été interdits à toute manifestation par un Arrêté du gouverneur du District de Bamako à la veille de la marche.
Pour anticiper sur tout rassemblement, les autorités policières ont déployé un important dispositif. Tôt, dans la matinée du samedi, des centaines de Policiers, de Gendarmes et de Gardes munis de boucliers et des matraques et portant des masques anti-gaz sont allés occuper Place de la Liberté et l’Esplanade de la Bourse du travail.
La consigne était claire, nous ont signifié des éléments déployés pour le maintien d’ordre : aucun regroupement n’était toléré sur ces deux sites. Systématiquement, les usagers de la route et des curieux étaient priés de poursuivre leur chemin.
Près de la Mairie du District de Bamako, deux Gendarmes venant de disperser un groupe de spectateurs nous affirment qu’ils ont reçu la consigne de préserver l’ordre dans certains endroits dits « interdits à toute manifestation». Selon eux, respecter cette consigne, c’est faire appliquer la loi. D’un regard menaçant, ils nous préviennent également : « ne restez plus longtemps ici ».
De loin, certains manifestants, à l’image de Issa TRAORE, très en colère assistent à la scène. Beaucoup d’entre eux affirment ne pas être surpris de ce dispositif en rappelant la décision du gouverneur pris en « catimini ». Selon le jeune Issa, c’est le contraire qui l’aurait étonné.
«Cette méthode est devenue le moyen pour le régime d’empêcher une partie du peuple de manifester son droit à la liberté d’expression et de manifestation», explique le jeune portant un Jean bleu et un T-shirt noir. Visiblement paniqué, il ne cessait de regarder de droite à gauche après chaque bruit et mouvement. Fidèle des manifestations de l’opposition, la mobilisation d’autant d’agents de la sécurité et du maintien de l’ordre pour réprimer une manifestation pacifique témoigne, selon lui, de l’indifférence du Gouvernement face aux revendications d’une partie du peuple.
Après quelques minutes d’attente et d’observation, rien à faire. Le jeune Issa TRAORE venu de du Quartier Hippodrome, en commune II, décide alors de rentrer sans manifester comme c’était le cas du meeting du 16 novembre également réprimé. Montrant des signes de regret, il n’écarte pas l’idée de revenir.
Ainsi, c’est la deuxième fois de suite que les manifestations de l’Opposition soient empêchées.
En face de la Garde ferroviaire, la tension était très vive entre jeunes et Policiers. Il a fallu l’usage des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants en train de brûler des pneus sur la route. Contre de plus hostiles, la Police a engagé des courses-poursuites jusqu’au Grand marché de Bamako et dans certaines rues de Médina-Coura. Une situation déplorée par des commerçants qui ont été obligés de fermer leur boutique, afin de se mettre à l’abri des risques de pillage. Une scène similaire s’est déroulée derrière l’Assemblée nationale, près de l’École fondamentale la Liberté ‘’A’’.
Par contre, du côté de la Bourse du travail, la situation était calme. Sur ce site, il n’y a pas eu de heurts entre manifestants et forces de l’ordre.
Joint par nos soins, Kadidia FOFANA, l’une des militantes très engagées de l’Opposition, déclarait que la situation était prévisible. Elle dit s’attendre à la répression de la marche après la décision du gouverneur du District de Bamako, à la veille, de déterminer des zones interdites à toute manifestation. Selon elle, cet arrêté est un anti constitutionnel parce qu’il prive le citoyen de son droit fondamental de manifester.
« Je regrette que les libertés fondamentales pour lesquelles certains ont donné la vie soient en train d’être foulées au pied par un régime dictatorial qui ne dit pas son nom. Ils sont en train de vilipender nos principaux droits » a déclaré Kadidia FOFANA avant de promettre qu’ils vont braver les restrictions pour jouir de leur droit à la manifestation.
« Nous n’allons jamais céder face à cette dictature. Ils peuvent nous gazer, mais nous n’allons jamais baisser les bras », a-t-elle indiqué.
Après la tempête, des responsables du FSD, de la CoFoP et de l’Adema association se sont retrouvés au Quartier général de Soumaila CISSE pour une réunion d’urgence. L’objectif, apprend-on auprès des témoins, était d’évaluer la situation et déterminer les actions à mener. Selon le bilan de l’Opposition, 6 manifestants ont été interpellés et près d’une dizaine de personnes aurait été blessée. D’après notre source, la rencontre va se poursuivre aujourd’hui, lundi.