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Le général Gamou rompt le silence : « Je suis un homme de terrain, je n’ai pas ma place à Bamako ! »
Publié le mercredi 12 decembre 2018  |  L’enquêteur
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© Autre presse par DR
El Hadj Ag Gamou, général touareg
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Le général El Hadj Ag Gamou décide de sortir de son long silence. « Le guerrier du désert », comme l’appellent affectueusement les officiers français de l’opération « BARKHANE » pour son dynamisme et sa détermination sur les théâtres des opérations, promet que la situation de ni paix ni guerre que connaît le Mali connaîtra son épilogue car tous les ennemis du Mali seront tous bientôt vaincus. Il l’a dit dans une interview qu’il a accordée à L’Enquêteur.

Enquêteur : Bonjour général. Cela fait longtemps qu’on ne vous a pas entendu ou vu. Qu’en est-il ?

Général Gamou : Je suis un homme de terrain. Je n’ai pas ma place à Bamako. Mon silence s’explique par le fait que je ne peux rien dire jusqu’à ce que notre pays, le Mali, recouvre son intégrité territoriale de Kayes à Kidal en passant par les nouvelles régions de Ménaka et de Taoudéni.

Qu’est-ce que vous faites concrètement sur le terrain?

Général Gamou : j’ai bien dit que j’étais sur le terrain. Je suis plus à l’aise sur le terrain qu’en ville. Il faut que je sois présent au nord, sur les théâtres des opérations car il existe encore quelques poches de récalcitrants contrairement à ce qu’on vous raconte dans rues de Bamako. Ma présence sur le terrain consiste à galvaniser les autres personnes qui se sont ralliées à nous pour la même cause qui est la restauration de l’autorité de l’Etat. Aujourd’hui, nous avons créé le Conseil Supérieur des Imaghads et Alliés dont je suis le président. Je suis également resté pour rassurer les populations mais aussi les quelques combattant toujours fidèles au Mali.

Enquêteur : Comment se passe les choses sur le terrain ?

Général Gamou : tout va bien ! Nous avons pris des dispositions pour sécuriser les élections et, comme vous le savez, elles se sont bien déroulées. Après ça, nous sommes encore là, prêts à sécuriser les échéances à venir. Au-delà de tout cela, nous sommes en train de distribuer des vivres et des médicaments aux populations. Tout cela en parfaite synergie avec les FAMAs.

Enquêteur : que pensez-vous de la situation actuelle du Mali ?

Général Gamou : le Mali se porte bien. C’est une question de temps et ça va finir un jour. Toutes les grandes nations ont traversé des périodes de crises et, aujourd’hui, elles ont tiré des expériences de ces tensions. De nos jours, ces pays vivent dans la tranquillité. Donnons-nous la main et nous allons prendre le dessus sur les ennemies du Mali.

Enquêteur : que pensez-vous de la présence des troupes françaises de « Barkhane » dans notre pays ?

Général Gamou : c’est une bonne chose. Je ne vois rien de mal dans la présence des troupes françaises dans notre pays. N’oublions pas que les Français ont combattu aux côtés de notre armée pendant les moments chauds et ils sont encore avec nous sur le terrain. Avec eux, nous avons entrepris beaucoup de choses, c’est-à-dire des missions qui ont été des exploits. Les Français ont perdu des soldats pour le Mali. Donc, soyons reconnaissant envers elle.

Enquêteur : Que pensez-vous du président IBK ?

Général Gamou : je suis militaire, je ne fais pas de la politique. Mais, je sais que c’est le président de la République du Mali.

Propos recueillis par Alou Badra DOUMBIA



Biographie : Gamou, un homme de terrain, au parcours impressionnant

El Hadj Ag Gamou est né dans une famille de bergers de la tribu des Imaghads en 1964 à Tidermène dans le cercle de Ménaka. En 1984, à l’âge de 16 ans, il rejoint l’armée libyenne au sein de la légion verte. Après une année d’entrainement en Libye puis six mois en Syrie auprès d’une force spéciale, il s’est engagé dans la guerre du Liban aux côtés des Palestiniens. Après plusieurs années de guerre, il regagne la Libye, pour prendre part au conflit tchado-libyen. Gamou regagne le Mali, son pays natal avec un seul slogan « je veux désormais être utile à mon pays ». Satisfait des accords de paix de 1996, Ag Gamou rejoint la même année les forces armées maliennes. Les autorités maliennes lui accordent aussitôt une bourse d’étude pour l’Ecole Militaire Inter Arme de Koulikoro (EMIA) où il a suivi une formation dans plusieurs domaines. Il sera ainsi affecté au camp de Ségou comme instructeur militaire. En 1999. Lors de la guerre civile sierra-léonaise, le vaillant combattant Gamou prend part, en tant que casque bleu, à la mission des nations unies dans ce pays. De retour au Mali, en 2000, il est décoré de la médaille de la valeur militaire. El Hadj Gamou est ensuite promu au grade de colonel jusqu’à 2005 ; année où il rejoint le camp militaire de Kidal. Une mutation stratégique à cause des nombreuses attaques qui sévissaient alors dans cette région du pays. Faut-il rappeler ses prouesses lors de la crise de 2006 contre les troupes de Ag Bahanga ?

En 2012, lors du déclenchement de la guerre dans le nord de notre pays, le colonel Gamou fut désigné à la commande d’un gros contingent de jeunes soldats déployés sur le terrain avec un dispositif moins adapté à la réalité de la zone, jugée très dangereuse par les experts de la guerre. En cette même période, lorsque le nord du Mali fut occupé par des groupes armés composés des terroristes, des islamistes et des narcotrafiquants, Gamou parvient à s’évaporer dans le désert pour sauver des centaines de soldats maliens qui composaient son groupe et d’autres bataillons de combattants perdus dans le désert d’où son surnom de « guerrier du désert ». Un exploit qui lui a valu quelques années plus tard, le grade de général de brigade. Le général Gamou, prendra peu après la débande des troupes maliennes lors de la bataille de Kidal en mai 2014, la tête de la branche armée d’un groupe armé d’auto-défense touareg de la tribu des imghads (GATIA) pour défendre sa communauté et l’intégrité du territoire malien. Il venait de perdre son bras droit et frère d’arme, le Colonel Fayçal.

De nos jours, le général de brigade El Hadj Gamou est à la tête du Conseil Supérieur des Imaghads et Alliés (CSIA).

Alou Badra DOUMBIA

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