Le ministre de la Santé et de l’hygiène publique, le Pr Samba Ousmane SOW, a procédé, ce mercredi 12 décembre 2018, au lancement du camp de chirurgie pour la prise en charge gratuite des cas d’hydrocèle à Kita qui se déroulera du 15 au 22 décembre 2018. C’était en présence du Préfet de Kita, Mamadou DIAKITE ; de l’Edile de la Ville, Yacouba KEITA ; des PTF ; ainsi le que le représentant de la Fondation Bill Gates.
On y notait la présence du Coordinateur des chefs de quartier de Kita, El hadj Moussa KEITA ; le représentant des griots ; et plusieurs responsables et agents de santé de Kita ; des élèves des écoles de santé en majorité.
Selon le ministre, cette cérémonie concrétise les efforts du Gouvernement et de ses partenaires à réduire les souffrances des malades victimes des complications de la filariose lymphatique notamment le lymphœdème et l’hydrogène.
Au Mali, a reconnu le ministre, la totalité des districts sanitaires est touchée simultanément par diverses maladies tropicales négligées (MTN) notamment le trachome, la filariose lymphatique, les schistosomiases, les géo-helminthiases, l’onchocercose.
Plus connu sous le nom d’éléphantiasis, la filariose lymphatique est l’une des maladies tropicales à la fois les plus invalidantes, les plus répandues et les négligées, dont la transmission se fait d’une personne malade à une personne saine par piqûre de moustiques.
Selon l’OMS, environ 1,4 milliard de personnes sont exposées au risque d’infestation de la filariose lymphatique à travers le monde.
Dans ce lot, 120 millions sont infectés dans 73 pays où 40 millions d’individus souffrent de complications chroniques telles que le lymphœdème et l’hydrogène.
L’enquête de prévalence réalisée en 2004 a montré que la filariose lymphatique sévit à l’état endémique dans toutes les régions du Mali avec un taux de prévalence global de 7,07%, à l’exception de celle de Sikasso qui a le taux de prévalence le plus élevé (18,6%).
Face à cette situation, le ministère de la Santé, avec l’appui des PTF, a élaboré un plan intégré de lutte contre les MTN les plus fréquentes et qui peuvent être traitées simultanément par chimiothérapie préventive. Toutes les régions du pays ont été couvertes par le plan qui a une durée de 5 ans (2017-2021).
Les données de recensement disponibles sur la prévalence nationale des cas de morbidité (hydrocèle), sont insuffisantes, en moyenne 2 367 cas recensés en 2010.
L’ambition de son département, révèle le ministre, est d’éliminer la filariose lymphatique d’ici 2020 comme recommandé par l’OMS.
Après plusieurs années de lutte contre la filariose lymphatique, des résultats satisfaisants ont été obtenus. Le traitement de masse a été arrêté dans 49 districts sur les 75 qui étaient endémiques en 2017.
Cependant, l’évaluation des 26 districts restants a montré une prévalence inférieure au seuil d’endémicité de 1% préconisé par l’OMS, comme critère d’évaluation pour l’arrêt du traitement.
Les complications dues à la filariose lymphatique sont perçues dans notre société comme des malédictions ou un mauvais sort jeté par un ennemi humain (une coépouse, un concurrent par exemple).
Aussi, selon des considérations traditionnelles, certaines professions favorisent l’hydrocèle: le batteur de tam-tam, le fabricant de mortier. Elle est aussi considérée comme l’évolution normale de l’appareil génital masculin d’un bon cultivateur.
« Nos services de santé, dotés de compétences et d’équipements adéquats, ont prouvé que la prise en charge de ces complications peut se faire en donnant de bons résultats », a rassuré le ministre.
Sur environ 2 367 cas recensés en 2010, 855 ont été opérés avec succès de 2014 à 2017 dans les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti et Tombouctou sur financement de ENDEFUND à travers Helen KELLER international. Le nombre de cas théoriques d’hydrocèle restant à opérer est de 1145.
En effet, le ministère de la Santé, avec l’appui de l’OOAS et de l’Unité du projet Palu et MTN, a organisé deux camps de chirurgie des hydrocèles dans les districts sanitaires de Bougouni et de Kolondièba où 153 cas opérés ont été guéris en 2017.
En 2018, le lancement de deux camps de chirurgie des hydrocèles à Kita et à Koutiala, a permis d’opérer 255 cas dont le coût total de prise en charge s’élève à 144 325 503 FCFA sur financement OOAS et Projet P-MTN.
Au Mali, malgré la mise en œuvre des différentes stratégies, le défi majeur demeure la détection et la prise en charge des cas de complications de la filariose lymphatique.
Le lancement de la campagne permettra de mieux sensibiliser et encourager le soutien social de la part des membres de la famille du malade, de la communauté à continuer l’identification et la référence vers les centres de santé, a conclu le ministre.
La cérémonie a été marquée par des sketches de sensibilisation sur la maladie et la visite du CSREF de Kita.