L’affaire qui oppose le fondateur et directeur de publication du journal « Le Pays », Boubacar Yalkoué à la Cour constitutionnelle a été jugé hier. Après des heures de débats houleux entre les avocats de la partie civile (Cour constitutionnelle) et ceux de la défense (Boubacar Yalkoué), le président du tribunal a mis l’affaire en délibéré le 27 décembre.
Impressionnant dispositif sécuritaire ! On dirait un procès différent des autres ! Policiers, gendarmes et éléments de la Garde nationale occupaient tous les accès au tribunal, comme si on jugeait un terroriste.
Aussitôt la séance commencée, les avocats du journaliste Boubacar Yalkoué soulèvent une exception. Selon ce qu’ils avancent, la plainte est imprécise. Leur client ne connait pas si c’est la Cour constitutionnelle, personnalité morale qui a porté plainte contre lui ou si ce sont les membres de cette Cour. Me Mahamane Ben Mamata Touré, Me Demba Traoré, Me Siriki Zana Koné, Me Mamadou Camara, Me Malick Ibrahim Maiga, estiment que la plainte de la Cour constitutionnelle n’est pas recevable, en qu’elle contient beaucoup de vices de formes. « La citation est introduite au nom de la Cour constitutionnelle, mais la consignation a été payée par la personne de Mme Manassa Danioko. Donc ça ne va pas », a déclaré Me Touré.
Sans tapage, Me Touré prouve sa maîtrise de la procédure. Il affirme que la plainte a été introduite par la personne morale de la Cour constitutionnelle et c’est elle qui doit payer la consignation et non Manassa Danioko. D’autres vices de forme ont été soulevés et défendus par les avocats de la défense.
Les débats ont été tellement houleux qu’un des avocats de la partie civile est allé s’attaquer à la presse. Il a déclaré que la presse est devenue une menace pour la société, avant que Me Demba Traoré ne réagisse. Pour Me Traoré, ce ne se sont pas les journalistes qui sont les menaces pour la société, contrairement ce que pense notre avocat de la partie civile, ce sont ceux qui violent les lois maliennes, ceux qui enlèvent les juges…qui sont une menace pour la société.
Malgré ces manquements soulevés, le débat de fond a bel et bien eu lieu. Le directeur et fondateur du journal « Le Pays » a été interrogé par le président de séance, le procureur et les avocats. Boubacar Yalkoué a été très clair dans sa réponse. Il affirme avoir confiance à sa source. Il estime qu’elle est fiable, mais qu’il la protège. Il a aussi précisé qu’il ne sait pas si c’est la Cour constitutionnelle, personnalité morale qui a porté plainte contre lui ou les membres de cette Cour. Si c’est le premier cas, son article ne concerne aucunement la Cour constitutionnelle. Si c’est le second cas, il affirme se limiter à ce qu’ont dit ses avocats.
Après le débat, chacun des camps a fait la plaidoirie. La partie civile a plaidé pour la condamnation de Boubacar Yalkoué. Quant aux avocats de la défense, ils ont plaidé pour que le président déclare nulle la plainte, parce qu’elle contient des vices de formes.
Le président de séance a renvoyé le procès en délibéré, le 27 décembre.
Il est important de souligner que Cheick Cherif Koné qui a fait passer le communiqué sur l’Ortm pour déclarer le soutien du SAM à la Cour constitutionnelle (même si le bureau dudit syndicat affirme ne pas reconnaitre ledit communiqué), était dans la salle d’audience en plus de certains membres de la Cour constitutionnelle.
Boureima Guindo
Procès cour constitutionnelle /Boubacar Yalkoué :
La presse vide la salle d’audience pour dire non à la divulgation de sa source
Jeudi 13 décembre 2018, s’est tenu au Tribunal de la Grande Instance de la commune V de Bamako le procès de Boubacar Yalkoué dans l’affaire des 900 millions FCFA l’opposant à la Cour constitutionnelle. Les juges exigeant au détenu de dévoiler ses sources, ses confrères, notamment le président de l’Association des Éditeurs de Presse Privée (ASSEP) ont dû vider la salle.
Trouvant la politisation du procès contre leur confrère Boubacar Yalkoué, l’ensemble de la presse malienne venu pour lui apporter leur soutien a désiré plutôt vider la salle. Cette décision fait suite à la demande des juges au journaliste poursuivi, de dévoiler la source de ses informations. Chose que celui-ci a déclinée en faisant comprendre que malgré qu’il fasse confiance à ses sources, il n’acceptera jamais de les dévoiler.
Voyant les nombreuses pressions sur leur confrère dans le seul but d’obtenir de lui sa source, la presse malienne a vu dans ce procès une main invisible et a donc décidé de vider la salle, derrière le président de l’ASSEP. Ce comportement visait juste à dénoncer ce comportement des magistrats envers un journaliste qu’ils poussent à divulguer la provenance de ses informations. Chose injuste aux yeux de la presse malienne qui a préféré abandonner la salle. A juste titre d’ailleurs !