Dans son essence, le message divin transmis par la dernière religion révélée s’adresse à l’être humain quel qu’il soit, au-delà de toutes considérations naturelles ou artificielles instituées par l’homme pour régenter ses rapports avec son prochain. Cette caractéristique universelle se retrouve en maints passages du Livre sacré : « Et ce Coran m’a été révélé pour que je vous avertisse, par sa voie, vous et tous ceux qu’il atteindra.” Est-ce vous vraiment qui attestez qu’il y ait avec Allah d’autres divinités ? ». (6:19). De son porteur, le message a en effet atteint des cercles de plus en plus larges, dépassant les communautés qui l’ont vu s’épanouir et franchir les océans. Il sera entré en contact avec une multitude de cultures et de traditions. Sa substance n’en sera pas altérée pour autant.
Tirant son appellation du principe de la soumission à la volonté du Créateur suprême et de l’obéissance à sa loi, son enseignement n’est en rien privatif de liberté, encore moins synonyme de prostration dans un fatalisme paralysant. Un poète écrira à ce sujet que «le message de l’Islam, c’est d’éveiller en l’homme une conscience plus haute de ses multiples relations avec Dieu, avec l’homme et avec l’Univers». Transcendante et intemporelle dans sa nature, cette religion sera soumise à la scrutation des courants philosophiques et scientifiques qui la croiseront à travers les âges. Des chercheurs occidentaux situant la contribution musulmane au progrès de l’humanité dans divers domaines remonteront jusqu’aux premiers siècles de l’Hégire, les qualifiant d’époque des lumières.
L’évolution du monde musulman ne sera pas uniforme cependant et sera sujette à des variations, connaissant quelques fois des périodes de rigidité. Le philosophe notera alors que «la dialectique tradition-changement s’estompera dans des activités d’exégèse strictes, des travaux de grammairiens», occultant bien d’autres aspects de la vie. Des préoccupations relatives aux questions d’adaptation aux temps modernes ont alors affleuré en certains endroits, et se sont posées avec acuité en d’autres lieux. Un théologien de renom dira à ce propos que la religion musulmane englobe les différents domaines et les diverses étapes de la vie de l’homme, et que de par son enseignement «elle ne peut être séparée des principes humains et moraux de la pensée ou de l’action positive dans le monde».
Situant ainsi la foi au cœur de la vie, il soulignera que «c’est elle qui nous épargne la voie du conservatisme, qui nous invite à nous tourner vers les problèmes concrets et matériels de la vie quotidienne». Pour le théologien, la vie de l’homme est un tout qui se maintient et qui lie à tout instant les domaines temporel et spirituel. Dans cette confrontation permanente, c’est au concept de foi qu’il est fait appel lorsque prédominent des courants contraires renvoyant préceptes et pratiques aux confins de la conscience individuelle. « Les vrais croyants sont ceux dont les cœurs frémissent de crainte à la pensée de Dieu, ceux dont la foi redouble à l’audition du Texte sacré, ceux qui se confient en tout à leur Seigneur ». (8:2).