Dans un communiqué de presse signé du gouvernement, daté du lundi 28 mai, l’équipe gouvernementale du Dr Cheick Modibo Diarra annonçait qu’une cinquantaine de personnes ont été interpellées pour » trouble à l’ordre public » dans le cadre de l’enquête sur la tentative d’assassinat du président Dioncounda Traoré. Depuis, plus d’une quarantaine de ces » suspects » ont été relâchés. Dans l’information judiciaire sur l’acte d’agression lui-même, seulement trois » menus fretins » seraient sous mandat de dépôt au jour d’aujourd’hui à la prison centrale de Bamako. A ce rythme, les commanditaires, les auteurs et autres complices n’ont-ils pas la chance de continuer à la couler douce ? Sans être inquiétés bénéficiant de quelques protections d’on ne sait où ?
Il nous est revenu le week-end dernier que le procureur de la République près le tribunal de première instance, Sombé Thera, qui mène l’enquête sur l’agression du président de la transition, Pr Dioncounda Traoré, serait menacé. Il serait en train de recevoir des messages anonymes, des intimidations diverses dans l’exercice de ses fonctions…
La semaine dernière, le jeudi 7 juin précisément, des inconnus avaient enlevé le régisseur de la prison centrale de Bamako, le Colonel Mamourou Doumbia, exigeant la libération des personnes écrouées dans cette affaire (Voir L’Indépendant N°3035 du vendredi 08 juin 2012). C’est sous la menace d’une arme à feu que ceux qui ont commis cet acte d’enlèvement, ont agi pour, selon nos informations, prendre ensuite avec leur otage, la direction de la ville garnison de Kati. Le malheureux colonel a été libéré plus tard et serait visiblement traumatisé par ses bien curieux ravisseurs sur lesquels il faut que les autorités judiciaires mettent rapidement la main. Car, ces preneurs d’otages d’un type nouveau devraient tomber sous le coup de la loi pénale : enlèvement, prise d’otage, rapt, outrage à agent public en fonction, etc.
De sources généralement crédibles, certains acteurs politiques et des qui ne sont pas favorables à ce que Dioncounda Traoré dirige la transition sont actuellement en fuite ou en clandestinité. Ces personnes auraient certainement des choses à se reprocher dans cet acte odieux commis sur la personne du président par intérim au palais de la présidence de la République. On cite le nom du Dr Oumar Mariko, qui, à en croire ses proches, serait en mission au Maroc ; alors que d’autres sources le donnent au Ghana. Serait-il en «repli tactique ou repli stratégique» lui aussi? Mais, il nous est revenu d’une source crédible qu’à la veille de son départ, M. Mariko se serait rendu à Kati où il aurait rencontré les ex-putschistes pour se confier à eux en ces termes : « la gendarmerie m’a apporté une convocation par rapport à cette affaire. J’ai refusé de la recevoir en évoquant mon immunité parlementaire … Je suis menacé « . A ces propos, un officier de la junte aurait répondu : « Nous ne pouvons rien faire pour toi. Débrouilles-toi». Un conseil clair comme l’eau de roche invitant expressément le bouillant député du parti SADI et membre influent de la COPAM à ne compter que sur lui-même Comment? Nul ne saurait le dire. Aux dernières nouvelles, Dr Mariko serait de retour. A la gendarmerie de jouer alors sa partition! Selon certains observateurs proches du dossier, tout est en train d’être mis en œuvre pour que cette enquête n’avance pas avec la célérité requise dans de telles situations. Et le ministre de la Justice, lors de ses explications la semaine dernière sur la télévision nationale, disait qu’il faut du temps pour mieux mener les investigations afin de n’inculper aucun innocent. Comme pour dire que le temps étant le meilleur allié de l’oubli, l’enquête perdra de sa vitalité dans un contexte malien où tout le monde reconnaît que la seule priorité qui vaille actuellement est la libération du Nord du pays occupé.
Et quand on sait qu’avec l’interpellation de certaines personnes dont Boubacar Boré de Yélé Wolo Ton, des partis et organisations comme la COPAM et le SADI ont dégainé dans de tonitruantes déclarations pour accuser le Gouvernement Cheick Modibo Diarra de » porter un coup d’arrêt à la résistance et à la mobilisation populaire grandissante contre les menées illégales et criminelles de la CEDEAO… « .
Si on ajouter à cela le fait que de lugubres voix s’élèvent pour affirmer que » des gens font de l’agression du Pr Dioncounda Traoré un fonds de commerce pour éliminer tous ceux qui peuvent dire non et continuer le festival des brigands « , on comprend que tout est entrepris pour que cette enquête ait du plomb dans l’aile. Qui à alors intérêt que toutes les ardeurs s’émoussent afin que le dossier soit rangé dans les placards ?
Difficile de répondre à cette question.
Ainsi, à ce rythme, les commanditaires, les auteurs et autres complices de l’agression du président de la République ont quasiment la chance de continuer à se la couler douce. Ils ne doivent pas craindre d’être inquiétés, bénéficiant à coup sûr de quelques protections d’on ne sait où.