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Entretien avec Djetenin Soumaoro, l’auteure du recueil de poèmes lueur d’espoir : “La poésie est pour moi un moyen de me délivrer car elle m’offre la paix et essuie mes larmes”
Publié le samedi 15 decembre 2018  |  Aujourd`hui
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De son vrai nom Djétenin Soumaoro, Djeti est née le 25 Mai 2000 à Bamako. Elle fit ses études secondaires au lycée du collège Horizon de 2016 à 2018, étudiante en journalisme à l’Ecole de Journalisme de Montpellier (France). Djeti est l’auteure du recueil de poèmes intitulé Lueur d’Espoir (Paris, L’Harmattan Paris 2018, 66p). L’entretien a eu lieu à distance, parce qu’elle est à Montpellier où elle poursuit ses études.

Aujourd’hui-Mali : Bonjour, pourquoi et comment Djeti est devenue une écrivaine?



Djetenin Soumano : Depuis toute petite, j’aimais écrire. Il n’a jamais été facile pour moi de parler de mes douleurs ou de mes joies en face d’une personne, alors tout se résumait dans des lettres que j’envoyais à ma grand-mère maternelle, Astan Damba Sissoko. J’ai toujours été proche des vielles personnes. Quand j’avais 14 ou 15 ans, j’ai perdu mon grand-père paternel Issa Soumano.

La perte de celui-ci avait beaucoup joué sur moi car il n’était pas qu’un papy, mais un père pour moi. Mon tout premier poème lui était dédié, mais malheureusement il n’a pas pu être publié. Chaque fois que j’étais triste, je trouvais refuge à travers ce que j’écrivais, je peux aussi dire que je ne suis pas ouverte et même envers mes parents car depuis je me suis dit que seule la poésie est ma meilleure amie.



Les années sont passées et je me voyais parmi les auteures du Mali et j’ai fait la connaissance d’Aminata Boré, elle est aussi auteure. Comme j’avais écrit plein de poèmes, elle m’a donc passé le contact de son éditeur, Omar Sylla, qui m’a ouvert sa porte, et lors du travail, j’ai connu aussi Adama Traoré qui a fait de moi sa fille, merci à eux.

Qui est Boudi et quelle est sa place dans ”Lueur d’espoir” et dans votre projet d’écriture ?

Boudi, lui c’est le petit frère de ma mamy maternelle, de son vrai nom Sissoko Alou. Il n’est pas seulement un papy, mais mon mari, ma source de vie, la racine de mes ambitions et qui chaque jour croyait en cette petite étoile qui a toujours vécu en moi. Boudi m’a toujours soutenu, il est celui qui me comprenait. C’est comme s’il lisait dans mes pensées. Il me disait toujours “Tu es une étoile, il faut juste que tu saches où et quand il faut briller“. Il était tellement indispensable à ma vie que souvent je me demande comment je fais pour vivre sans lui, mais je reste forte pour que d’où il est aujourd’hui, il soit fier de son étoile. Il occupe une grande place dans ma vie, une lueur d’espoir, la moitié des poèmes lui est dédiée, par ce qu’il est l’âme qui a donné vie en mes talents et à y croire quoi qu’il arrive.

Le martyre de la petite albinos Ramata est dénoncé dans votre ouvrage, effet de mode ou combat de conviction ?

La mort de la petite Ramata m’a rappelé à quel point le monde est injuste des fois, à quel point il existe toujours des êtres sans cœur, qui ne reculent devant rien. Je suis tombée amoureuse de la beauté de Ramata et je suis restée bloquée devant cette belle vie qui lui a été arrachée et les larmes d’une mère, qui pleure encore. Sa mort est dénoncée et c’est un effet de combat pour moi, car aucune âme ne mérite cela, encore moins les albinos car ils sont humains tout comme nous.



Vous dites avoir épousé la poésie. Pour vous qu’est-ce que la poésie ? Quel est votre futur poétique ?

Je pense que la poésie est un moyen pour moi de me délivrer, car elle m’offre la paix et essuie mes larmes. La poésie est mon deuxième Boudi, sans elle je me perds. Je compte toujours continuer à écrire et faire grandir ma plume. Je compte me lancer dans le roman car j’ai des manuscrits aussi.

La femme (Mousso Djolen), qui c’est ? Pourquoi un poème en son honneur ? Djeti serait-elle féministe ?

La Femme (Musow Djolen) rend un hommage à toutes les femmes qui savent ce qu’elles veulent et qui ne reculent jamais. Boudi me surnommait ”Musow Djolen” car je me battais pour aller au bout de mes rêves. Le meilleur ami de Boudi m’a beaucoup soutenue depuis la mort de celui-ci, et c’est d’ailleurs lui qui a donné plus de mots à ce poème. Mais lui aussi a quitté cette vie, Moctar Traoré. Aujourd’hui encore je continu à écrire en lui rendant un hommage tout en parlant d’une autre personne qui, malgré nos disputes sans arrêt, malgré nos distances, a toujours su me soutenir. Karim Traoré devient aussi une plume de Djeti. Oui Djeti est une féministe.

Votre message poétique oscille entre l’amour chanté et l’amour non rendu, pourquoi ? Cet écart serait-il votre source d’inspiration ?

Mes poèmes parlent aussi d’amour très souvent brisé. Oui, il fait aussi partie de mes inspirations.



Les femmes maliennes écrivent de plus en plus et de mieux en mieux. Pourquoi maintenant ? Quel avenir souhaitez-vous pour la littérature féminine malienne ?

On écrit maintenant car nous voulons entrer dans l’histoire de notre pays et être parmi les écrivains car le don d’écrire n’est pas donné qu’aux hommes et sur tout nous pouvons faire mieux car nous sommes des battantes. Je sais qu’il y a des filles ou des femmes pleines de talents et j’aimerais un jour les aider à lancer leurs plumes.

Quel sont vos projets en matière d’écriture ?

J’aimerais publier plusieurs livres et être parmi les fiertés de mon Pays.

Vous êtes actuellement en France pourquoi et pour combien de temps ?

Je suis actuellement en France (Montpellier) pour apprendre le journalisme que j’aime beaucoup et je ferai trois ans pour pouvoir obtenir ma Licence et je continuerai jusqu’en Master, Inchallah.

Réalisé par Youssouf Koné et Hamady Barry
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