Après les tentatives, pour le moment infructueuses, des chefs coutumiers et des leaders religieux de Bamako en vue d’ouvrir « un dialogue pour la décrispation » entre le pouvoir et l’opposition, précédée par la mission exploratoire de la CEDEAO, c’est apparemment l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) qui s’intéresse désormais à la crise politique malienne.
Le chef de la mission de l’OIF a rencontré les responsables de la majorité présidentielle, avec lesquels il a longuement échangé. Dileita Mohamed Dileita a, selon certaines confidences, noté qu’il y a actuellement « un déficit de dialogue politique » au Mali. Le diplomate éthiopien aurait reconnu aussi que l’audit du fichier électoral, qui avait mené sous l’égide de l’OIF n’était pas une garantie suffisante de non contestation post-électorale. Ce qui ne l’a pas empêché de rencontrer le chef de l’opposition malienne.
Dans un post sur sa page Facebook, en début de semaine dernière, le chef de file de l’opposition malienne, non moins président du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) Soumaïla Cissé écrivait ceci : « Chères Amies, Chers Amis, Chers Camarades et Sympathisants, une délégation de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) conduite par M. Dileita Mohamed Dileita, nous a fait honneur d’une visite au siège du FSD, ce mardi 11 décembre 2018. Ensemble nous avons essentiellement échangé sur la situation post-électorale que connaît actuellement le Mali ».
De bonnes sources, le leader de l’opposition malienne a présenté à l’émissaire de la Francophonie, les éléments explicatifs majeurs de la crise politique que traverse le pays depuis l’élection présidentielle de juillet-août 2018. Il se serait dit ouvert au dialogue tout en réitérant que la main tendue du chef de l’Etat est restée « invisible ». Et certains membres du cabinet du chef de file de l’opposition de se demander comment le pouvoir peut-il prôner le dialogue sans aucune mesure concrète de discussions. « Comment peut-on vouloir dialoguer en mettant en place une politique de répression de toute manifestation de l’opposition ? » s’est interroger récemment Ibrahima N’Diaye, le chef de Cabinet de l’opposant ? Avant de réfuter l’exigence de tout préalable de la part de l’opposition. Pour lui, le pouvoir ne fait preuve d’aucune sincérité dans la volonté de dialoguer.
Pour l’émissaire de l’OIF, l’ancien Premier ministre éthiopien, il est temps que « les acteurs politiques maliens se donnent la main pour discuter » en toute franchise sur les sujets majeurs de la vie de la nation. Des proches de Dileita Mohamed Dileita confient que l’OIF pourrait bientôt envoyer une mission de facilitation au Mali. Celle-ci pourrait aider à nouer les fils du dialogue entre le président de la République et son challenger malheureux de l’élection présidentielle 2018.
Contactés par nos soins, des leaders de la majorité comme de l’opposition n’ont pas démenti des démarches de l’’OIF visant à aider le Mali dans le cadre d’un dialogue prôné par tous les acteurs.
Rappelons que l’organisation, dirigée depuis peu par la Rwandaise Louise Muschikiwabo, avait suivi de très près le processus électoral dans notre pays. Elle avait supervisé l’audit du fichier électoral et déployé une mission d’Information et de Contact (MIC) au Mali pour suivre avec minutie les opérations de campagne et de de vote. L’équipe était conduite par l’Envoyé spécial de la Secrétaire générale d’alors, Michaëlle Jean, Dileita Mohamed Diléita.