Le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, après sa visite à Gao au début du mois, s’est rendu à Tombouctou le vendredi 15 décembre dernier. Même objectif: évaluer de plus près la situation sécuritaire sur le terrain, multiplier les initiatives visant à renforcer le dialogue entre les communautés, la cohésion sociale et la réconciliation nationale. Il a annoncé le déploiement prochain de 350 éléments supplémentaires de la police, de la gendarmerie, de la garde nationale et de la protection civile dans la région pour renforcer leurs capacités opérationnelles.
Soumeylou Boubèye Maïga, accompagné des ministres de la Défense et des Anciens Combattants, de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, du Développement Industriel et de la Promotion des Investissements et de l’Artisanat et du Tourisme est arrivé dans la capitale de la 6ème région le vendredi 15 décembre dernier.
Il était venu à Tombouctou pour apporter le soutien de l’Etat aux forces armées et recenser les besoins et préoccupations des populations.
«Le président de la République nous a instruit de faire tout ce qui est nécessaire pour être constamment à l’écoute des populations, donc de nous rendre à leurs côtés où qu’elles se trouvent pour les voir, pour les écouter et enrichir, à travers ces contacts, notre perception des solutions et des priorités. Notre séjour ici s’inscrit dans cette optique », a indiqué Soumeylou Boubeye Maïga.
Aussitôt arrivé, lui et sa délégation se sont rendus au Camp Fort Cheick Sidi Bekaye où il a rendu hommage aux militaires tombés sur le champ d’honneur avant de passer en revue les troupes. Et de procéder à l’inauguration d’une nouvelle salle d’hospitalisation suite à l’extension de l’infirmerie dudit camp, d’une capacité de 18 lits.
« A travers cet ouvrage, la hiérarchie des normes militaires, hommes de rang, sous-officiers et officiers, est respectée en raison d’une salle pour chaque catégorie », s’est réjoui le Colonel Abass Dembélé, Commandant de la 5ème région militaire.
Pour le Premier ministre, cet acte prouve à suffisance l’importance et la pertinence de la loi d’orientation et de programmation militaire qui ne porte pas seulement sur l’acquisition de matériels militaires au sens strict, mais qui vise aussi à améliorer l’ensemble de l’environnement dans lequel vivent les forces armées.
«Les aspects non militaires de leurs conditions sont aussi importants que les équipement qu’on leur donne. Il nous faut reconstituer non seulement les capacités opérationnelles, mais reconstruire aussi les ressources morales de la troupe », a précisé le Premier ministre.
Insécurité grandissante à Tombouctou
Assassinats, enlèvements de véhicules, braquages, pose de mines, infrastructures, chômage sont entre autres des préoccupations soulevées par les populations lors de leur rencontre avec le Premier ministre.
«Les populations souhaiteraient que des actions concrètes soient prises dans le cadre de l’éradication de l’insécurité au Nord et au Centre du Mali et pour la réalisation d’infrastructures routières comme la route Tombouctou-Douentza, Tombouctou-Kabara-Korioumé », a souligné Aboubacrine Cissé, maire de la commune urbaine de Tombouctou.
Dans son intervention, le gouverneur de la région, Koïna Ag Ahmadou, a déclaré que l’enclavement constitue un frein au développement de Tombouctou et un facteur majeur d’insécurité.
«Les populations nourrissent un grand espoir de voir la reprise de la construction de la route de Nafunké-Goma-Coura, la route de l’espoir, la réalisation d’un pont sur le fleuve Niger », a-t-il plaidé. Avant d’ajouter que le retour des services financiers est aussi indispensable pour la relance des activités économiques dans la région.
Baba Ould Sidi Mohamed, représentant de la société civile de Taoudenit pour sa part, a demandé au chef du gouvernement, la création et l’opérationnalisation de la région militaire de Taoudenit, l’organisation d’un recensement administratif pour l’enrôlement de toutes les populations encore non recensées etc.
A sa suite, les représentants de la jeunesse et des femmes ont plaidé pour la création d’une université à Tombouctou, la réalisation d’infrastructures sportives et culturelles, un appui matériel et financier de l’Etat afin de développer des activités génératrices de revenus.
Après avoir écouté les doléances des populations, le Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga a déclaré que les sources de l’insécurité tiennent essentiellement à la connexion qu’il y a entre ceux qui vivent du trafic et ceux qui sont chargés de maintenir un environnement de pagaille et de violence pour que le trafic soit possible, c’est-à-dire les groupes terroristes et les réseaux mafieux. C’est pourquoi, il a appelé les populations à continuer à aider les forces de défense et de sécurité dans leur mission régalienne.
«Tant que nous n’allons pas combattre ensemble cette réalité-là, les efforts que le gouvernement fait, peuvent mettre du temps avant d’avoir les résultats. Ici comme ailleurs, c’est le moment pour chacun de choisir son camp. Je suis persuadé que dans nos régions, quand une situation intervient, beaucoup de gens savent qui a fait quoi et où est ce qu’ils sont», a-t-il laissé entendre. Avant d’annoncer la création de la région militaire de Taoudenit en 2019 et celle d’un corps de gardes-frontières qui participe de la volonté du gouvernement de ramener la paix et la sécurité sur l’ensemble du territoire.
Des infrastructures pour Tombouctou
Par ailleurs, le Premier ministre a promis aux populations, la réalisation des infrastructures évoquées comme urgence dans la 6ème région. Pour preuve, il a informé de la fin des études de la route Douentza-Tombouctou dont le financement est évalué à 86 milliards FCFA, le financement de la route Bourem-Kidal qui a été obtenu de la BAD et le démarrage des travaux de la route Tombouctou-Kabara-Koriomé en 2019 avec le concours de la Minusma.
En outre, le chef du gouvernement a rappelé que la mise en œuvre de l’accord de paix a enregistré des avancées significatives, notamment le démarrage du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) à Tombouctou et dans les autres régions.
Comme à Gao, il a saisi l’occasion pour taire les rumeurs qui ont suscité des polémiques concernant la réorganisation administrative du territoire.
De retour de Tombouctou, Soumeylou Boubèye Maiga a annoncé que le gouvernement va accroître les effectifs de la police, de la gendarmerie, de la garde nationale et de la protection civile. Au total, 350 éléments supplémentaires seront déployés bientôt dans la région afin d’augmenter les capacités opérationnelles de ces différents corps.