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Pour entrave dans l’application de l’Accord de paix : Trois Maliens sanctionnés par l’ONU
Publié le lundi 24 decembre 2018  |  Le Malien
Démarrage
© aBamako.com par A.S
Démarrage des travaux de la 15ème réunion du Comité de suivi de l`accord d`Alger.
Bamako, le 30 janvier 2017. Des travaux de la 15ème réunion du Comité de Suivi de l`Accord d`Alger ont débuté à Bamako
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Pour la première fois, les Nations unies, via leur groupe d’experts indépendants sur le Mali, dénoncent dans un rapport accablant, noms à l’appui, l’implication de membres de groupes armés signataires de l’accord de paix d’Alger ou désignés comme “coopératifs” dans des attaques terroristes, mais aussi dans le trafic de migrants et de drogues. Il s’agit de Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune (Coalition du peuple pour l’Azawad), Ahmoudou Ag Asriw (Gatia) et Mahamadou Ag Rhissa (HCUA).

Plus d’un an après avoir créé le régime de sanctions sur le Mali, le Conseil de sécurité de l’ONU est passé à l’action le jeudi dernier. Les 15 membres se sont unanimement accordés sur trois noms qui se voient notifier une interdiction de voyager qui prend effet immédiatement. Il s’agit de trois personnalités de rangs intermédiaires : Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune (Coalition du peuple pour l’Azawad), Ahmoudou Ag Asriw (Gatia) et Mahamadou Ag Rhissa (HCUA). Ils sont accusés d’entraver la mise en œuvre de l’accord de paix dans le Nord malien. Paris, qui était à la manœuvre, espère que le message de frustration émis par l’ONU sera entendu.

Après avoir laissé planer la menace de sanctions contre tous les signataires de l’accord de paix, y compris les autorités maliennes, le Conseil de sécurité s’est finalement accordé sur une approche qualifiée par un diplomate de progressive et équilibrée pour ne pas mettre en péril l’accord de paix. Pour l’instant, trois individus dont les liens avec des groupes terroristes ou des activités de trafic ont pu être prouvés. Ils sont sanctionnés.

‘’Ces trafics alimentent les caisses de ces groupes’’
Le premier, Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune, appartient à la coalition pour le peuple de l’Azawad. Il est accusé d’entretenir des liens avec le groupe terroriste pour la défense des musulmans dans la région de Tombouctou. Le second, Ahmoudou Ag Asriw, fait partie de la direction du Gatia, un groupe pro-gouvernemental. Il est accusé d’être engagé dans le trafic de drogue pour financer des attaques contre les forces maliennes. Le troisième individu sanctionné, Mahamadou Ag Rhissa, est un homme d’affaires influent de la région de Kidal, membre du HCUA, issu de la rébellion. Il est impliqué dans le trafic de migrants et des activités de contrebande de pétrole avec l’Algérie. Sans accélération de la mise en œuvre de l’accord de paix, de nouveaux noms pourraient être proposés, estime un diplomate.

Les groupes armés sur la défensive
Le rapport produit par un groupe d’Experts du Conseil de sécurité de l’ONU sur le processus de paix dans le nord du Mali, et d’une manière générale sur la situation sur le terrain, crée l’émoi dans les rangs de certains groupes armés du nord du Mali. Un document de 71 pages.
Les accusations du groupe d’experts indépendants de l’ONU sur le Mali sont accablantes. Il est question d’attaques terroristes contre les forces de sécurité maliennes, de trafic de migrants, de trafic de drogue, ou encore de recrutement d’enfants soldats. La liste des noms cités dans ce rapport est longue.

Alors que le rapport n’est même pas encore officiellement publié, des responsables de groupes armés parlent sans vouloir être nommément cités. C’est le cas de ce responsable militaire du Gatia, groupe armé du nord, loyal à Bamako : ‘’Non, à ma connaissance, dit-il, des éléments du Gatia ne sécurisent pas des convois de drogue dans le nord du Mali’’. C’est pourtant ce qu’on peut lire dans le document onusien.

Présenté comme ‘’un membre éminent du HCUA (Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad)’’, Salah Ag Ahmed est aussi accusé directement d’être un intermédiaire entre des groupes terroristes du nord du Mali. Cet élu de la localité de Talataye (Nord), membre de la CMA (ex-rébellion), est injoignable pour le moment. Mais selon un de ses proches, ces accusations ne sont pas fondées. Il va plus loin en demandant ‘’une nouvelle enquête indépendante’’.

Iliad Ag Mohamed, le porte-parole de la CMA, pointe justement du doigt des erreurs dans le rapport des Nations unies qui contient selon lui ‘’des éléments qui ont provoqué chez nous une très grande surprise. Nous pensons que les enquêteurs ou, en tout cas, les éléments contenus dans ce rapport contiennent d’énormes erreurs, d’éléments infondés’’.

Il reprend justement l’exemple de Salah Ag Ahmed, décrit comme un élément qui crée l’interconnexion entre Ansar Dine et l’EIGS [le groupe Etat islamique dans le grand Sahara, deux organisations terroristes à l’origine d’attaques armées dans la zone]. ‘’Ce n’est pas vrai, c’est sans fondement, martèle-t-il. On a tous les éléments pour prouver qu’il n’en est rien de tout ce dont il a été accusé. Je crois que les rapports ne sont pas basés sur des enquêtes approfondies. Peut-être qu’il a permis à certaines personnes de régler leurs comptes au détriment des autres. En tout cas, c’est notre analyse’’.

L’un des seuls à s’exprimer pour le moment à visage découvert est Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune, secrétaire général de la CPA, Coalition du peuple de l’Azawad, accusée d’entraver l’application de l’accord de paix. Le rapport laisse également clairement entendre que des éléments de ce groupe auraient participé à des attaques terroristes. Mohamedoune est accusé d’avoir très activement retard, par ses alliances sur le terrain, la stabilisation de la région. ‘’Tout ça est faux’’, répond Ousmane Ag Mohamed, pour qui les enquêteurs de l’ONU ont trop tendu leur micro aux ennemis de son mouvement qui ne veut ‘’que la paix’’.

Y SANGARE
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