Le visiteur à qui il revient de faire un tour furtif, soit-il, dans la zone de Sotuba ACI en commune I du district de Bamako, est rapidement frappé par un paysage à la fois désolant et d’une autre époque. Comme si le ridicule ne tue dans notre pays. Autant dire que le droit au logement ne répond plus aux normes de dignité. Des maisons sont construites jusque dans le lit des rails, passage autrefois de la fameuse machine du Dakar-Niger. A qui la faute ? Certes de certaines autorités communales apatrides qui se livrent au su et au vu de tout le monde à cette ignoble activité de vente illicite de terrain. Et les riverains tirent sur la sonnette d’alarme.
Comment est-il possible qu’au XXIème siècle et dans une nation démocratique que l’on accorde la possibilité à des humains de construire sur une voie ferroviaire, sans oublier de bloquer le passage? Les bouts de bois de Dieu sont décidément morts.
L’image est tout à fait injustifiable et insoutenable pour toute personne vivant avec le moindre soupçon de respect pour les droits de la personne.
Pour tout dire, il y a des Maliens qui agissent jour après jour pour nous faire admettre que nous sommes dans la loi de la jungle où se situe sens dessus dessous où la raison du plus fort est toujours la meilleure.
Le doigt accusateur des riverains
Pour comprendre l’inadmissible réalité qui se fait parler d’elle-même dans la zone de Sotuba ACI, nous avons rencontré des riverains qui n’hésitent pas de pointer un doigt accusateur sur des autorités municipales de la mairie de la commune I. «
Il ne s’agit que des conseillers de la mairie de la commune concernée qui se donnent à cette sale besogne en morcelant clandestinement les lots qui servent de barrage aux maisons qui font face aux rails », précisent-ils.
L’information a été donnée le jeudi dernier à Sotuba ACI par les porte-parole des riverains, Ibrahim Yattassaye et Adama Sidibé, pour alerter les autorités à agir au nom du respect de la loi.
Les immeubles poussent
Pourtant, il y a au moins deux mois à l’issue d’une visite du ministre Zoumana Mory Coulibaly sur l’emprise des rails située entre Quinzambougou et Korofina, il a fait remarquer que les rails avaient disparu sur une surface où poussent désormais de grands immeubles.
A ce titre, il a solennellement annoncé que toutes les constructions illicites sur l’emprise des rails entre Bamako et Koulikoro seront détruites afin que le train puisse reprendre à corner sur cette voie.
Mais, ce qui fait mal au porte parole des riverains et qu’il constate avec amertume, c’est que, « jusqu’à preuve de contraire aucune disposition n’ait été prise pour faire arrêter les chantiers. La preuve est qu’à Sotuba ACI tout près, les travaux continus au rond-point du 3ème pont à quelque 100 mètres à l’ouest. Ce sont en effet des cadres de ce pas qui en sont les véritables propriétaires », a-t-il fulminé.
Le porte parole qui était manifestement dans tous ses états a fait remarquer dans sa logique comment, «il est inconcevable de permettre à de simples citoyens de se mettre au dessus de la loi. Dans ce pays avec l’argent, la loi t’autorise à tout faire, c’est le monde à l’envers », a-t-il analysé.
Le maire de la commune I épinglé
Il a aussi affirmé en de termes clairs et évidents que le maire principal de la commune I Mamadou B Keita et ses collaborateurs sont à l’origine de ce projet de construction illicite et anarchique des lots qui se trouvent sur l’emprise des rails à Sotuba.
« De surcroit la loi demande de laisser 25m sur la servitude des rails de long des deux cotés, qui sont destinés à une place publique, ou des verdures », a-t-il renchéri.
Selon M. Yatassaye, après plaintes déposées auprès de qui de droit, une première délibération avait conduit à la cessation des travaux de construction sur le site. Mais à notre grande surprise, il nous a été donné de constater, juste quelques jours après, que les travaux ont commencé à pousser comme des champignons.
A la lecture du porte parole des riverains, certains portails de maisons contigües aux constructions illicites ne peuvent pas s’ouvrir. A l’en croire, « lorsque nous nous installions sur ce site, il nous a été clairement dit que l’espace consacré à l’emprise du rail, était inhabitables, car, tout avait été forcement établi par la loi », a-t-il dit.
Avant de terminer, ils sont appelé les autorités à assumer toutes leurs responsabilités pour que force reste à la loi en arrêtant immédiatement les travaux des constructions illicites.