Le Premier ministre malien est sur le point de boucler son premier anniversaire à la tête du Gouvernement. Nonobstant des difficultés économiques conjoncturelles, la dégradation de la situation sécuritaire dans le centre et la détérioration du front social, l’homme capitalise un bilan politique satisfaisant.
Car, il ne faudrait pas se leurrer, sa mission était tout d’abord la réélection du Président Ibrahim Boubacar KEITA. C’est donc en toute logique, avec la bénédiction du report des élections législatives et régionales, qu’il a été reconduit dans ses fonctions au lendemain de l’installation officielle du Chef de l’Etat.
Avertit et aguerri, l’homme a bien compris que son pronostic vital à la primature venait d’être enclenché. Si sa reconduction en septembre était une manifestation de reconnaissance, disons une simple courtoisie politique, son maintien à son poste se déterminera en fonction de sa capacité à rassurer le boss et garder à flot le bateau mali même si des membres de l’équipage devront pourrir sous le poids des cargaisons.
C’est tout naturellement, en tout état de cause, que SBM occupe le terrain, rassure les partenaires internationaux, affirme son autorité, positionne ses hommes, assure ses arrières et jette les bases d’un lendemain politique meilleur. Bref, l’homme impulse sa dynamique et forge une conviction réelle de faire bouger les choses.
La récente cérémonie de présentation sur les 100 jours_pas du Premier ministre comme cela se fait d’habitude mais_ du Président de la République illustre à plus d’un titre l’intelligence de l’homme. En mettant en avant le Président IBK, l’homme rassure ce dernier tout en prenant une avance sur ses détracteurs et adversaires politiques.
Sauf que, et le jeu en vaut la chandelle, ses ambitions avouées ou inavouées laissent de plus en plus perplexes de nombreux adversaires. En acceptant dans son parti des recalés du RPM, l’homme limite certes les dégâts, à savoir grossir les rangs de l’opposition déjà en effervescence, mais attise la colère des barons de la majorité présidentielle.
Une frustration additionnée au report des élections législatives et un retour d’ascenseur du Président de la République qui se fait de plus en plus lent, qui fâchent et ouvrent aujourd’hui les vannes d’une contestation mûrement et savamment orchestrée par ceux qui sont censés soutenir et protéger le Gouvernement : les partis de la majorité présidentielle, avec à leur tête le RPM.
A défaut de trouver un compromis avec ses partenaires de la majorité, Soumeylou Boubeye Maiga devra avoir plusieurs cordes à son arc en dehors de la seule confiance du Chef de l’Etat. A défaut de revoir à la baisse ses ambitions politiques, il devra tout au moins les dissimuler tout en les inscrivant dans une approche progressive et factuelle. Il y va de la réussite de sa mission. Il y va de la stabilité du pays.