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Contestation de l’homosexualité, division politico-religieuse : La République en danger !
Publié le vendredi 28 decembre 2018  |  La Lettre du Peuple
Rencontre
© aBamako.com
Rencontre de la communauté musulmane du Mali
Bamako, le 13 juillet 2017 la communauté musulmane du Mali a fait une rencontre sur la situation du pays a la mosquée de Bamako
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« Le Mali peut tanguer, mais il ne chavirera jamais », a-t-on coutume de dire dans notre pays. Mais, cette fois-ci, si l’on ne prend garde, le pire pourrait nous arriver. En effet, c’est la première fois dans l’histoire du Mali que les hommes de Dieu sont divisés entre les clivages politiques. Le satanique document intitulé « Education sexuelle complète » est passé par là.

Le président du Haut conseil islamique (HCI), en l’occurrence MahamoudDicko, a eu le mérite de découvrir que les autorités maliennes élaborent un module à enseigner dans les classes de 5e année fondamentale, lequel module fait l’apologie de l’homosexualité, de la sexualité tout court. Depuis cette révélation, des leaders religieux, affiliés au Groupement spirituel des leaders religieux musulmans, se sont emparés du sujet par le biais de l’ONG indigne Groupe pivot santé et population. D’autres responsables du HCI sont ensuite entrés dans la danse après la décision du président de l’institution islamique d’organiser un meeting géant pour alerter ses coreligionnaires et leur donner des informations supplémentaires dont il disait disposer. Des membres du Haut conseil, après avoir mis le président de l’institution en minorité, se sont désolidarisés de l’organisation de ladite rencontre. Du coup, ils sont accusés d’être à la solde du pouvoir, d’être des pro-IBK. En effet, leur inertie sur ce dossier cache mal leur connivence avec le régime en place. En réponse à cette accusation, ils estiment qu’à partir du moment où le Gouvernement a décidé de surseoir à l’élaboration du module incriminé, il n’était plus nécessaire de continuer le combat. Dans leur entendement, le seul combat qui vaille est de veiller, comme du lait sur le feu, sur la suite à donner à ce dossier.

Ces prises de positions ont ainsi donné lieu à beaucoup de quiproquos: tantôt le meeting est annulé, tantôt il est maintenu. C’est dans ce tohu-bohu que des supporters du patron du HCI se sont rassemblés en masse dans l’enceinte du Palais de la culture de Bamako, où devrait se tenir le meeting, le dimanche 23 décembre courant. Au nombre des manifestants, on a pu noter la présence de deux personnalités de l’opposition politique: Mamadou Hawa Gassama et Me Mohamed Aly Bathily. De fait, l’imam Dicko s’est trouvé des alliés circonstanciels. Parce qu’en réalité, tout ce qui dérange le pouvoir arrange l’opposition. Ce qui fait que le président du Haut conseil islamique, dans son noble combat contre l’homosexualité, est soutenu, sans le vouloir peut-être, par des militants et responsables de l’opposition.

On savait que les leaders religieux musulmans étaient divisés par rapport aux différents courants religieux: Malikit, Sunnit et autres. Mais, de mémoire de Maliens, c’est la toute première fois dans l’histoire du pays que l’on voit nos hommes de Dieu se laisser emportés par des clivages politiques. En effet, quand des leaders religieux entrent en connivence avec la majorité ou l’opposition politique, cela est compromettant pour l’unité nationale et la cohésion sociale. Or, nul n’est besoin de rappeler que lorsque la nation est menacée, c’est la République toute entière qui se trouve en danger. C’est pourquoi, il est bon que les hommes de Dieu restent derrière la foi et qu’ils ne prêchent que la parole d’Allah et de son Prophète Mohamed (PSL). S’ils s’immiscent dans le champ politique, la République n’aura plus de garde-fous. Car, les dignitaires religieux doivent être des derniers recours pour décrisper toute situation de nature à entamer l’unité nationale et la cohésion sociale. Si les juges doivent devenir des parties, cela donne forcément lieu à un festival de brigands auquel on est à deux doigts d’assister. Si le Gouvernement enfreint les pratiques religieuses, les hommes de Dieu doivent se retrouver pour définir une position commune. Ceci est à leur honneur. Dans la situation à laquelle on assiste sur le dossier de l’homosexualité, les gens sont en droit de les qualifier de partisans de la majorité ou de l’opposition politique. Parce que tout simplement, quand deux camps ennemis se battent quand quelqu’un prend position, forcément il devient ennemi de l’autre. C’est ce qui est en train d’arriver à nos hommes de Dieu. Ce qui est dommage en raison de leur rang dans notre société.

Youssouf Diallo

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