Dans son entêtement à vouloir coûte que coûte s’imposer sur la scène nationale, en dépit de l’accord qu’il a lui-même signé avec la Cedeao, et qui lui obligation de rentrer dans les casernes, après avoir concrétisé la normalité constitutionnelle, le capitaine Sanogo vient d’avoir de la communauté internationale une sommation qui lui fait obligation de dissoudre le CNRDRE. Le capitaine est donc face à lui-même…
Il a trop longtemps joué, mais aujourd’hui il est face à lui-même : après avoir signé un premier accord, dit accord-cadre avec la Cedeao, pour le retour à l’ordre constitutionnel, le capitaine Sanogo a continué de défier cette même Cedeao et l’opinion nationale en s’imposant comme maître du pays. Il a fallu lui faire signer un autre accord qui lui donne le statut d’ancien chef d’Etat avec les avantages y afférents. Toujours, le capitaine Sanogo a continué de tirer les ficelles du Jeu.
Pourtant, pendant tout ce temps, il avait en poche ses deux accords qu’il a lui-même signés en bonne et due forme. Le premier qu’il signé, intitulé accord-cadre, en réalité, ne lui demandait rien d’autre que de retourner dans les casernes. L’une de ses dispositions ; le chapitre des engagements des parties signataires, l’engageait même à la mise en œuvre du présent accord-cadre ; rien d’autre pour le capitaine Sanogo que de se consacrer à la vie militaire et de se retirer de la vie politique.
Malgré tout, il continua de tirer les ficelles du jeu. Pour calmer le jeu, un second accord était nécessaire pour lui faire revenir à la raison. C’est l’accord qui lui donne le statut de l’ancien chef d’Etat et les avantages y afférents. C’est avec cela qu’il a accepté que Dioncounda Traoré puisse continuer à diriger la transition d’une année. Or, dans l’accord cadre qu’il avait préalablement signé, pour la normalité constitutionnelle, il y était consacré l’impossibilité pour ce président par intérim de tenir sa mission au bout des 40 jours convenus par la Constitution. Certes, le capitaine Sanogo peut ne pas connaître le droit, mais ne pas appréhender les effets juridiques d’un acte que l’on signe de ses propres mains est un signe de mauvaise foi que la communauté internationale, médiatrice de la crise malienne, ne lui pardonnera pas.
Voilà alors qu’une sommation en bonne et due forme lui est parvenue, cette fois, avec l’appui de l’ONU. Avec cette décision prise, il y a quelques jours à Abidjan, il a été question pour le groupe de soutien et suivi de la crise malienne de saisir l’UA, afin que celle-ci, à son tour, puisse saisir le Conseil de sécurité des Nations-Unies à se pencher sur la crise malienne.
Nous ne sommes plus loin du bout de tunnel : tout le monde sait, y compris les pro-juntes, qu’une résolution des Nations-Unies est sans appel et qu’elle renferme des situations contraignantes pour un homme ou un groupe d’hommes. Pour le cas du Mali, il est clair que l’on s’achemine vers le déploiement des troupes africaines sous mandat onusien, pour libérer les régions nord du pays. Dans le même contexte, on pourrait voir du côté du Conseil de sécurité des Nations-Unies des sanctions nettes contre certaines personnes, jugées comme ayant joué un rôle néfaste dans la conduite de la transition démocratique dans le pays.
Et c’est là que Sanogo, le chef de l’ex-junte militaire, qui se promène avec ses deux accords noués en poche, est désormais face à lui-même.
A méditer…