PolitiqueIBK annonce la tenue d’une conférence d’entente à Mopti lors de sa visite à Koulogon : « Koulogon est une tragédie, et je pense que cela doit cesser… »
Le vendredi 4 janvier dernier, Ibrahim Boubacar Kéïta, le président de la République du Mali, s’est rendu à Koulogon, dans la région de Mopti au centre du pays, où une attaque contre la communauté peulh a fait 37 morts. Sur les lieux du massacre qui soulève beaucoup d’interrogations, le président a annoncé « un projet de rencontre inclusive » au centre du Mali pour, dit-il, trouver des solutions pérennes et définitives aux problèmes d'insécurité. « Koulogon est une tragédie, et je pense que cela doit cesser… Le cycle infernal doit s’arrêter, que cela s’arrête », a ainsi déclaré Ibrahim Boubacar Kéita. Plus de 5000 personnes ont déjà signé une pétition contre les tueries au centre du Mali.
Lors de cette visite surprise, le président de la République, qui était accompagné par des élus et le chef d’état major de l’armée, a rencontré les différentes autorités de la ville. « Le Chef de l'Etat a témoigné de sa compassion et présenté ses condoléances et celles du peuple tout entier aux populations de la localité. Le Président IBK très ému et attristé, a constaté sur place les séquelles de ces incidents sur les populations. Dans la même foulée, IBK après avoir rassuré et réconforté les populations de Koulogon les a invités à rester dans leur village », selon la présidence de la République.
En plus de tonnes de vivres et une enveloppe de 10 millions de F CFA qu’il a offert pour la reconstruction du village, le président de la République a aussi annoncé « un projet de rencontre inclusive avec toutes les personnalités charismatiques et légitimes de la Région de Mopti afin de trouver des solutions pérennes et définitive aux problèmes d'insécurité et aller vite au développement du Mali. »
Selon le président, aujourd’hui le Mali a besoin de paix, le centre du Mali plus qu’aucune autre région de ce pays a besoin de Paix. « Koulogon est une tragédie, et je pense que cela doit cesser….Le cycle infernal doit s’arrêter, que cela s’arrête, que le Mali se dédie de nouveau à sa seule mission de paix et de développement pour que l’ensemble de ses populations du nord au sud, d'est en ouest, du centre, et qu’ensemble nous bâtissions, une Nation prospère »
Une pétition lancée contre les tueries dépasse les 5000 signataires
« Arrêter le massacre de Peuls par des milices Dogons au Mali ». C’est le nom de la pétition, adressée au secrétaire général des Nations Unies, lancée sur internet après le massacre de Koulogon. Plus de 5000 personnes ont déjà signé la pétition. Les initiateurs de la pétition accusent « le Président malien, garant de la constitution et de l'égalité des citoyens, gardien de la justice et de la bonne cohabitation, d'être le premier responsable de cette violation manifeste des droits humains, parce qu'il ne fait rien pour éradiquer ce fléau qui n'a que trop duré. »
La communauté internationale est aussi appelée à jouer « son rôle avant-gardiste. » « Si on se souvient que les grandes guerres sont parties de processus d'épuration ethnique, il devient impératif d'agir pour éviter les erreurs du passé. Le meilleur moment pour éteindre un incendie, c'est le départ de feu, quelques instants plus tard, inutile de dépenser son énergie sur les ruines. », lit-on dans la pétition.
Nécessité d’enquêtes judiciaires impartiales
Des organisations de défense des droits de l’homme et des leaders politiques ont condamné ce énième massacre au centre du Mali. La Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) a invité le gouvernement à assumer pleinement ses responsabilités dans la protection des personnes et de leurs biens sur l’ensemble du territoire national à travers le désarmement sans délai des milices. La CNDH engage les autorités judiciaires compétentes à faire entreprendre des enquêtes impartiales, crédibles, transparentes et incisives en vue de poursuivre et juger toute personne impliquée dans ces crimes. « Un gouvernement responsable agit plutôt que de réagir, chaque fois et après coup, ce, sous la pression de l’opinion publique. Un gouvernement digne de ce nom anticipe et prévoit. Aujourd’hui, on peut crier avec tous les Patriotes : TROP C’EST TROP...Le silence coupable et l’inertie du pouvoir actuel sont inconcevables », selon Soumaïla Cissé, le président de l’URD.
Pour sa part, Tiébilé Dramé, le président du Parena a indiqué que le massacre de Koulongo est le dernier en date d'une longue série de crimes commis en toute impunité au centre du Mali. « Il illustre la faillite d’un gouvernement dont le premier ministre était encore dans la zone, il y a dix jours, multipliant effets d’annonces et gesticulations sans le moindre début de résultats. En juin à Nantaka/Kobaka (25 civils tués), Koumaga (32 morts) et en juillet, Soumena (18 civils tués), ce même gouvernement avait promis enquêtes et punitions. Depuis, rien», explique Dramé. Tiébilé Dramé invite les autorités maliennes à faire toute la lumière sur le massacre de Koulongo et à rechercher et punir tous les auteurs et complices des crimes abominables commis au centre du Mali. Tiébilé Dramé souhaite également une enquête sur l’origine des armes de guerre et leur circulation dans les régions de Ségou et Mopti.
En outre, il invite les autorités à démanteler les check-points illégaux installés au vu et au su des autorités locales et régionales. Le Président du Parena demande non seulement aux autorités de désarmer et de dissoudre les milices, mais aussi, de convoquer des assises régionales sur la restauration de la sécurité, de la stabilité et sur la bonne gouvernance au centre du Mali. Le président de la CODEM, Housseïni Amion Guindo a aussi interpellé « le gouvernement à assumer son rôle régalien de protection de l’ensemble des populations et de leurs biens sur toute l’étendue du territoire national. »
« Il est temps que l'on sorte des communiqués laconiques et des déclarations pompeuses pour trouver une solution définitive à ce conflit instrumentalisé par certains et transformé en génocide par ceux-là qui veulent mettre dos à dos les communautés. Qui arme lourdement les populations civiles? Qui sont ces "hommes armés"? Le gouvernement malien a une responsabilité historique face à ce qui se produit au Centre et au Nord de notre Mali meurtri. Il doit agir rapidement pour rassurer davantage les communautés et faire des exemples de Justice contre ceux qui se promènent impunément avec armes et sang sur les mains. », a indiqué, le président de ADP Maliba, Aliou Boubacar Diallo.