Arbitrairement gardé à la prison centrale de Bamako, depuis des années, Mamadou Baba Diawara, remis en liberté par la haute juridiction du pays par un arrêt qui a été bloqué par le président ATT déchu, mérite aujourd’hui d’être remis dans ses droits. Pour la dignité bafouée de cet innocent, on a appris que les nouvelles autorités du pays sont décidées à faire justice.
Tout est arrivé en juin 2007 où cet ex-patron de la BHM, fraîchement débarqué de la France, sera convoqué au pôle économique comme témoin dans la procédure contre la BHM et WAIC. Cette société immobilière, non contente des agissements de la banque dans leurs relations contractuelles, avait assigné celle-ci. La BHM avait été condamnée à lui payer 500.000 francs CFA d’astreinte.
Mamadou Baba Diawara, témoin dans le dossier, s’est vite retrouvé mêlé dans la procédure. La BHM, certainement sous le couvert politique, se retourne contre ce dernier. Elle l’accuse d’avoir fait des transferts illégaux, via des comptes parisiens de la BHM, sise à Paris.
A l’époque, Mamadou Baba Diawara clame son innocence. Le juge d’instruction fait ses investigations et réalise qu’aucun transfert de fonds n’a été réalisé en direction de la BHM Paris. La BHM et ses commanditaires sont aux abois. Diawara, qui songe à son honneur, menace d’attaquer la banque à la justice pour accusations mensongères.
Pris dans la tourmente de la machine de répression, Diawara n’aura pas ce temps. Au lieu de libérer l’innocent, la justice a procédé à la disqualification des faits en maintenant en prison cet homme qui devrait répondre de l’affaire de la mangueraie de Sébénicoro. Dans ce dossier, tous les spécialistes ont répondu qu’il s’agissait d’une affaire commerciale et qu’aucune infraction n’a été commise.
Malgré tout, aux assises de Ségou, en juillet 2008, une décision aux ordres a condamné cet homme à la perpétuité. Un an après, le 29 mai 2009, c’est la Cour suprême, la haute juridiction du pays, qui a décidé la relaxe pure et simple du prévenu en concluant sur l’absence d’infraction dans cette matière commerciale.
C’est de là que l’ancien président, renversé depuis par un coup d’Etat, a fait une intrusion dangereuse dans la sphère judiciaire en bloquant l’exécution de cette décision au motif que les juges de la Cour suprême ne lui ont pas annoncé d’avance de leur décision.
Pour cela, il fait limoger des magistrats (Moussa Keita, Cheickna Dètéba Kamissoko) pour les remplacer surtout par ceux-là mêmes qui avaient arrangé le verdict de Ségou. Ironie du sort : Moussa Keita vient d’être réhabilité et nommé le mercredi comme conseiller à la Cour suprême.
Depuis ce jour-là, l’ex-patron de la BHM, dont le passage à la tête de cette banque avait fait de cette institution financière l’une des plus crédibles du pays, vit en détention arbitraire, condamné par de très respectables institutions internationales, comme Amnesty International et Human Right.
D’ailleurs, dans ce dossier, un rapport d’expertise du projet immobilier, commandité par les pouvoirs eux-mêmes, sous la pression des bailleurs de fonds, a conclu récemment sur l’absence d’infraction. Malgré tout , l’innocent continue de croupir en prison.
Maintenant que le geôlier de président ne trône plus au palais de Koulouba, emporté par un coup d’Etat militaire, les nouvelles autorités du pays, éprises de justice, peuvent songer à redonner à Mamadou Baba Diawara son honneur et à sa dignité. L’intéressé, nous a-t-on rapporté, a officiellement saisi les pouvoirs publics, pour dénoncer l’injustice dont il est victime, depuis près de cinq ans.