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Mali- Burkina : Dozo ou Koglweogo, qui a donné le permis de tuer?
Publié le vendredi 11 janvier 2019  |  La Sirène
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Le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga s’est dit incapable de freiner la folie meurtrière des Dozo armés, milices d’autodéfense du centre du pays. Les excès de ces supplétifs des armées du Sahel ont valu au chef du gouvernent malien d’être interpellé par les députés. Au Burkina Faso voisin, leurs homologues Koglweogo inquiètent tout autant. Une seule question est sur toutes les lèvres: qui leur a donné le droit d’ôter la vie?

Interpellé à l’Assemblée nationale le 7 janvier 2019, le chef du gouvernement malien a surpris les députés qui lui demandaient de désarmer les milices d’autodéfense, quelle que soit leur coloration. «Je ne peux pas promettre ce qui n’est pas possible de faire », avait dit en substance Soumeylou Boubèye. L’émoi des parlementaires maliens était perceptible, la mémoire du massacre de 40 civils peuls du village de Koulongo, tuée 1er janvier dans le cercle de Bangass, étant encore vive.



Dans la même veine, les Peuls accusent les autorités Burkinabè d’avoir donné libre quartier aux Koglweogo, une milice de chasseurs traditionnels. Dans ce pays, la polémique enfle après le meurtre d’une cinquantaine de civils peuls, presqu’à la même date que le drame de Koulongo. A Ouagadougou, des organisations de la société civile ont appelé à manifester samedi prochain contre l’inaction des autorités du pays des hommes intègres face aux exactions de ces milices.

Au Mali, la position du chef du gouvernement tranche avec la requête du député Belco Bah, élu dans la région de Mopti, qui s’est montré inquiet par la réticence de l’Etat à retirer le récépissé de la milice Dogon Da Nan Anbasagou. Pour le parlementaire d’origine peule, «ce permis de tuer » doit être retiré à la milice qui est pointée du doigt par la communauté peule.



Les organisations de défense des Peuls dont Tabital Pulaaku, ont accusé la milice Dogon après le massacre de Koulongo. Faux, rétorquent les responsables de la milice dans un communiqué relayé sur les réseaux sociaux. Selon Da Nan Anbassagou, tous les combattants de ses rangs sont cantonnés dans des endroits réservés à cet effet. Mieux, elle a condamné l’attaque et s’est inscrite dans la logique du dialogue déjà entamé entre les communautés locales. Quoi qu’il en soit, ne pas désarmer les milices d’autodéfense équivaut à leur donner le droit de tuer, selon les organisations de défense des Peuls. Ces dernières expliquent que tuer des femmes et des vieillards en ciblant une communauté n’a rien d’antiterrorisme et porte les marques d’un nettoyage ethnique.

Les partis politiques et les organisations de la société civile emboitent le pas aux organisations de défense des Peuls. A sa décharge, le gouvernement a mis en avant le DDR spécial destiné aux combattants des groupes armés du centre du pays.

Au Burkina tout comme au Mali, la question des milices d’autodéfense devient embarrassante pour les autorités dont la politique de lutte contre le terrorisme rencontre une désapprobation du public. Elle est plus embarrassante pour Bamako surtout après la découverte d’autres cas: deux corps de civils abattus non loin de Bamako dans une zone minière.

Dougoufana Kéita
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