Dans son adresse au Président de la République du Mali, lors de la cérémonie de présentation de vœux, le Vice-président de la Maison de la Presse, Alexis Kalambiry, n’a pas porté de gants pour mettre à nu, les insuffisances criardes d’une communication partisane et quasi-patrimoniale de la Présidence. L’homme n’est non plus allé avec le dos de la cuillère pour dire à Ibrahim Boubacar Kéita, les carences fautives et inadmissibles de certains confrères qui animent la fameuse Cellule de la Communication Présidentielle, dont il faudrait nécessairement se livrer à des flagorneries tous azimuts pour mériter les bonnes grâces de la première institution. Quelle dose d’infantilisation pour notre gouvernance !
Jamais, la communication à Koulouba n’a été aussi mal structurée. Et l’occasion était bien bonne pour un des représentants d’une presse malienne digne et responsable, de le dire, de la manière la plus franche qui soit, à celui-là, aux oreilles de qui, lesdits propos devraient bien résonner : Ibrahim Boubacar Kéita. Jamais un journaliste malien n’a été autant méprisé par les valets du pouvoir, du fait de ses opinions discordantes.
Si la plume du journaliste est constitutionnellement vue comme la soupape d’un régime démocratique viable, elle ne devrait également point être désacralisée ou marginalement vidée de sa substance du fait de la forfaiture institutionnelle d’un gouvernant se disant juste et respectable. Mais tel est encore loin d’en être le cas. Le régime en place, avec la complicité combien amorale de certains confrères travaillant à sa solde, aura définitivement tout tenté pour enterrer la vie de la presse privée et ses acteurs.
«S’agissant de l’accès à l’information, nous déplorons un traitement amer infligé aux médias privés, notamment, lors des cérémonies organisées par la Présidence de la République et le Gouvernement. Les médias publics sont considérés comme seuls devant avoir la primeur et l’exclusivité de l’information. Nous déplorons également le harcèlement financier dont sont victimes les organes dits de l’Opposition. Autant à la Présidence que dans les Ministères, les médias et les journalistes sont traités selon leur ligne éditoriale », a regretté, Alexis Kalambiry dans son adresse à IBK.
« Nous déplorons également le fait que depuis 3 ans, nous sommes sans nouvelle de notre confrère, Birama Touré ; que des journalistes de ‘Maliactu’, sont empêchés de travailler, accusés d’avoir appelé un Ministre à démissionner ; que d’autres confrères comme le Directeur de la ‘Sirène’ reçoive des menaces de la fille d’un Ministre et, enfin, que la Justice tente d’obliger des journalistes à donner leurs sources », a poursuivi, le Vice-président de la Maison de la Presse.
Dans cette allocution où les responsables de la communication présidentielle se sont vu copieusement fustigés, l’on en vient finalement à s’interroger pour savoir si ceux-ci sont réellement conscients des principes éthiques et déontologiques qui sacralisent le métier. Pourtant, aucune des attitudes aussi bien méprisables que fossoyeuses, constatées au sein de la Cellule de Communication de la Présidence sous IBK, n’avait été constatée sous le régime précédent d’Amadou Toumani Touré où tous les organes de presse, pouvaient, à la fois, normalement bénéficier de constat de prestation ou d’abonnement et choisir librement sa ligne éditoriale.
Mais, aujourd’hui, cela n’est plus qu’un lointain souvenir au regard de la politique communicationnelle sélective injustement mise en œuvre par la Présidence de la République avec, comme principaux bourreaux, des confrères journalistes qui ne jurent plus que sur la tête du pouvoir. Au moins, une vingtaine d’organes de presse ont vu leur contrat d’abonnement résilié par la Cellule de Communication de Koulouba à l’approche du scrutin présidentiel dernier, car, leur ligne éditoriale était jugée « défavorable » à la gouvernance d’IBK. Jamais, une telle manigance n’avait été constatée sous un régime dit démocratique quand on sait que les fonds alloués à la presse ne viennent guère des poches du Président de la République, mais plutôt, des caisses de l’Etat. Et ce sont d’autres journalistes qui, pour préserver leurs pitoyables émoluments, se rendent activement complices d’un bien sale besogne.