"La situation en matière de sécurité est restée très préoccupante au cours de la période considérée et a été marquée par plusieurs attaques complexes perpétrées par des groupes extrémistes violents dans les régions du centre et du nord." C’est par ces mots que le rapport de l’ONU de la fin décembre 2018 résume la situation au Mali.
Au Mali, les rapports se succèdent, mais la situation sécuritaire ne change guère malgré la présence d’importantes forces militaires internationales, que ce soit les Français de Barkhane, la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali) ou l’embryon d’armée africaine du G5-Sahel.
"Au total, 48 attaques à l’engin explosif improvisé ont été enregistrées au cours de la période considérée (depuis septembre 2018). Le nombre d’attaques de ce type n’a cessé d’augmenter depuis janvier 2018, pour atteindre 192, alors qu’il n’y en avait eu que 124 pendant la même période en 2017", écrit l’ONU dans son rapport sur la situation au Mali.
Le texte décrit les attaques subies par les forces maliennes, tout comme celles contre la Minusma et note que c’est "révélateur des moyens importants dont dispose le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans" qui a revendiqué les attaques.
Mort de 28 soldats maliens
Outre ces attaques à l’explosif, les groupes armés auraient mené plusieurs dizaines d’attaques dont "35 contre les Forces de défense et de sécurité maliennes, 7 contre la Minusma, 2 contre des sous-traitants de la Mission, 16 contre les groupes armés signataires et une contre les soldats de l’opération Barkhane. Les plus touchées ont été les régions de Mopti (24 attaques), de Tombouctou (13 attaques), de Gao (12 attaques), de Kidal (7 attaques), de Ménaka (4 attaques), de Ségou (3 attaques) et de Kayes (une attaque)". Ces différents raids ont provoqué la mort de 28 soldats maliens, sur la période concernée.
Le texte de l’ONU fait aussi état d’"affrontements intercommunautaires impliquant des groupes armés d’autodéfense et des groupes extrémistes violents armés" au sein de la population. 108 personnes ont été tuées dans ces événements.
"L’absence de l’autorité de l’Etat"
L’organisation internationale fait le constat d’une "présence limitée de l’autorité de l’Etat" ou même de "l’absence de l’autorité de l’Etat".
"Au cours de la période considérée, la situation est restée très préoccupante sur le plan des droits de l’Homme, en particulier dans le centre du pays et le long des frontières des régions de Tombouctou, Gao et Ménaka avec les autres pays, où de graves violations des droits de l’Homme et atteintes à ces droits ont de nouveau été signalées", note le rapport qui fait aussi état de "30 cas d’exécutions extrajudiciaires ou arbitraires, cinq cas de torture et de mauvais traitements et neuf cas de détention illégale".
Pourtant, les forces déployées ne sont pas négligeables, constate l’ONU. "Au 13 décembre (2018), 12 144 militaires, dont 40 observateurs, 451 officiers d’état-major et 11 653 membres des contingents étaient déployés."
A propos des forces constituées par le G5-Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) destinées à soutenir l’Etat malien, le Secrétaire général de l’ONU appelle à "redoubler d’efforts pour déployer les contingents prévus dans leur totalité" regrettant que "le déploiement des contingents a continué d’être ralenti par l’absence de bases d’opérations sûres et fortifiées et le manque de capacités et de matériel"...
Le constat dressé par l’ONU montre que la situation sécuritaire au Mali reste très précaire, plus de cinq ans après l’intervention militaire française de 2013. Les principales opérations militaires sont d’ailleurs le fait de la force Barkhane et ses quelque 4 500 hommes. Début janvier 2019, l’armée française s’est d’ailleurs félicitée d’une opération ayant permis de mettre "une vingtaine de membres des groupes terroristes, hors de combat". Dans ce contexte, l’armée française ne semble pas sur le point de quitter le Mali.