Tiraillé entre les Etats-Unis et la France, le théâtre sahélien promet ainsi de nombreux rebondissements qui préfigurent d’un ordre stratégique nouveau.
Avant-hier, la Chambre des représentants américaine a voté une loi codifiant le Partenariat trans saharien contre le terrorisme (Tsctp), visant une plus grande coordination entre les Etats-Unis et les pays d’Afrique du Nord dans la lutte antiterroriste. Cette loi parrainée par le président républicain de la commission de la sécurité intérieure de la Chambre des représentants, McCaul, vise à coordonner tous les programmes et activités de partenariat menés par les Etats-Unis dans la région, en particulier ceux portant sur l’assistance et le renforcement des capacités militaires, la surveillance des frontières et la lutte contre le financement du terrorisme.
La situation rappelle la fin de la Seconde Guerre du Golfe en 2003, quand les Américains ont mené une agressive campagne médiatique annonçant le repli des éléments d’Al Qaïda dans les vastes territoires désertiques du Sahel. L’histoire étant un éternel recommencement, cest dans ces territoires que sont annoncés les milliers de djihadistes de Daesh vaincus en Syrie et en Irak. Evidemment, la France sera sérieusement bousculée par cette initiative. Tiraillé entre les Etats-Unis et la France, le théâtre sahélien promet ainsi de nombreux rebondissements qui préfigurent d’un ordre stratégique nouveau.
Pour dire les choses crûment: il s’agit d’une guerre de positionnement des puissances occidentales, qui s’annonce dans cette région. En attendant, les initiatives de lutte contre le terrorisme s’entrechoquent avec comme toile de fond, évincer la puissance rivale et redéfinir la carte des influences et des ambitions dans la région.
Les Américains ont déjà signifié leur opposition à la force G5 Sahel téléguidée par la France. «Si nous ne sommes pas opposés à cette initiative, c’est parce que nous considérons que ce n’est pas le temps de prendre ce chemin», a déclaré, en novembre 2017, le porte-parole de langue française du département d’Etat, Brian Neubert qui a reconnu que la demande de la France d’octroyer un mandat du Conseil de sécurité à la force G5 Sahel «est un sujet un peu compliqué».
Opposant son veto, l’Oncle propose une autre initiative pour, disent-ils, renforcer leur principal programme au Sahel, «le Partenariat transsaharien contre le terrorisme, dans la perspective de promouvoir la coopération sécuritaire avec les pays de la région», a indiqué, Brian Neubert. Outre les quatre pays sahéliens membres du PSI, le Tsctp inclut l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, le Burkina Faso, le Nigeria et le Sénégal. Voilà donc qui doit donner un nouveau rôle à l’Algérie exclue du G5S.
Pour assurer cette coordination, le secrétaire d’Etat est tenu en vertu de cette loi de consulter, au besoin, le chef du renseignement américain, le secrétaire au Trésor, le ministre de la Justice ainsi que les responsables d’autres départements concernés par ce programme de partenariat. Le texte invite l’administration américaine à présenter dans les six mois qui suivent l’adoption de cette loi, «une stratégie inter-agences compréhensive», qui explique les objectifs des Etats-Unis en matière de lutte contre le terrorisme au Maghreb et en Afrique de l’Ouest.
Le Congrès qui veut s’approprier davantage cette initiative, enjoint le secrétaire d’Etat de lui soumettre une notification pour chaque montant mobilisé dans le cadre de cette assistance. La notification doit être soumise 15 jours avant le versement des financements. En septembre dernier, le congresseman McCaula a avancé sur The National Interest, que le chiffre de 10.000 éléments de Daesh et d’Al Qaïda sont déjà retournés en Afrique.