L’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) a observé la semaine dernière une grève de 72 heures sur toute l’étendue du territoire. Cet arrêt de travail déclenché le 9 janvier dernier a paralysé le fonctionnement normal de l’administration publique. Il est intervenu après l’échec des négociations entre le gouvernement et la plus grande centrale syndicale du pays qui reproche à l’exécutif d’ «avoir négligé» le traitement de son cahier de doléances déposé sur sa table le 2 mai dernier.
Les syndicalistes avaient organisé une conférence de presse le 26 décembre dernier pour annoncer qu’ils observeront une grève d’avertissement de 72 heures, si toutefois leurs doléances n’étaient pas satisfaites. Le cahier de doléances de l’UNTM comporte 12 points de revendications. Il s’agit, entre autres, de l’extinction du protocole d’accord de 2014, la cherté de la vie, l’octroi d’une nouvelle grille indiciaire dans la Fonction publique, l’établissement de l’égalité des âges de départ à la retraite dans la Fonction publique et le secteur privé, ce à partir de janvier 2018.
Après l’échec des négociations, l’UNTM a mis à exécution sa grève mettant au ralenti la quasi-totalité des services publics affiliés à la centrale syndicale historique. Il y avait aussi plusieurs structures du secteur privé, notamment des banques. Une grève bien suivie dès le premier jour. Il était environ 9 heures quand notre équipe de reportage a franchi le grand portail de la Cité administrative, là où se trouve la quasi-totalité des départements ministériels, autrement dit le quartier général de l’administration publique. Constat : absence d’affluence des jours ordinaires. On entendait moins le vrombissement des véhicules. Très peu de monde dans les cabinets ministériels.
Par contre, au Secrétariat général du gouvernement, l’ambiance était tout autre. La salle de réunion de ce service stratégique était remplie d’agents qui s’apprêtaient à tenir une réunion. Le chef de cabinet de la structure, Salifou Diabaté, a soutenu que c’était une réunion ordinaire. Par ailleurs, il a assuré que les agents continueraient à venir pendant les trois jours de grève. S’agissant des doléances de l’UNTM, notre interlocuteur estimera qu’il appartient à d’autres personnes d’en juger la pertinence. Selon lui, il avait le devoir en tant que chef de cabinet d’assurer et de veiller à la continuité du service au niveau de sa structure. Enfin, il exhorte tous les acteurs à l’apaisement pour que notre pays puisse sortir de la crise qui sévit depuis 2012 car la grève n’arrange personne encore moins les tensions sociales.
Par ailleurs, le service minimum n’était assuré qu’au niveau des parties techniques des télécommunications, les services aéronautiques, les services d’alimentations, de l’énergie, de l’eau et de la santé.
Selon nos informations, l’UNTM tiendra une réunion extraordinaire aujourd’hui pour évaluer ce mouvement de grève. Sur les réseaux sociaux, le secrétaire général de la plus grande centrale syndicale du Mali, Yacouba Katilé, aurait dit que la grève avait été suivie à «100%» sur l’ensemble du territoire national. Mardi, après l’échec des négociations, la ministre en charge du Travail et de la Fonction publique avait annoncé que le gouvernement restait «ouvert au dialogue». Probablement, les différentes parties pourraient vite revenir à la table des négociations.
Abdoul K
COULIBALY