Suite à l’agression d’un soldat par un inconnu avec un couteau, le dimanche 13 janvier dernier, aux environs du crépuscule, dans les enceintes de la gare routière de la compagnie de transport SONEF, les Forces armées maliennes (FAM) se seraient livrées à une opération de réactions disproportionnées contre les populations civiles, innocentes et suspectes potentielles toutes confondues. Les informations qui nous sont parvenues au moment où nous mettions cet article sous presse indiquent que l’individu voulait arracher de force l’arme du soldat en public.
Selon des sources locales, les soldats ont fait une descente musclée dans la ville de Douentza, en faisant du porte-à-porte pour soumettre les hommes à une bastonnade sans précédent avec leurs ceinturons. Cela, en épargnant, tout de même, les femmes de cette correction punitive populaire. Avec l’implication de la hiérarchie, le calme est de revenu, le mardi, aux environs des 13 heures. Au cours de leur opération de vendetta contre les populations civiles désarmées, les militaires justifient cette bavure par le fait qu’un d’entre eux a été agressé en plein centre-ville et que les populations n’ont pas daigné réagir. Selon des sources concordantes, cette opération de bastonnade devait se poursuivre pendant trois (3) jours. Le bilan de cette animosité est de plusieurs blessés admis au CSRéf (Centre de santé communautaire) de Douentza. La réaction de la hiérarchie militaire est vivement attendue pour punir les auteurs de cette indiscipline. En ces périodes d’interrogations et de doute, militaires et civils doivent s’unir pour lutter contre le phénomène d’insécurité, sinon chacun peut être victime d’agressions. En tout cas, les populations civiles jouent un rôle important dans la mission de sécurisation des zones. Ainsi, aux dernières nouvelles, le soldat blessé a bénéficié des premiers soins au CSREF, grâce à l’intervention d’un civil qui l’a évacué urgemment à l’Hôpital avant son transfert à l’hôpital Somino Dolo de Sévaré (Mopti centre).
La situation sécuritaire dans le Centre du pays devient de plus en plus inquiétante. Si ce ne sont pas des attaques terroristes sécurité, ce sont des explosions de mines antipersonnel, des destructions d’infrastructures ou encore des tensions intercommunautaires et maintenant des soldats qui bombent leur torse contre les pauvres et innocentes civiles déjà meurtries. Plusieurs localités du Cercle de Douentza sont aujourd’hui des foyers d’insécurité. Mais nos soldats n’y s’aventurent jamais, car l’ennemi de la nation qui s’y trouve est, contrairement aux innocentes populations civiles, armé. Actuellement, il n’y a pratiquement pas d’administration, pas de justice, pas d’écoles dans ces zones. Ce sont les djihadistes qui y font la loi. Malgré tout, la population résiste en espérant à un lendemain meilleur. Dans cette partie de notre pays, il est fréquent que des groupes « djihadistes » rendent la justice pour diverses raisons : fumer de la cigarette, écouter ou jouer de la musique, commettre la fornication ou pour s’opposer au fonctionnement des écoles modernes. Et, au su de toutes nos autorités politiques et militaires, ces groupes djihadistes ne font que renforcer leurs capacités de nuisance en élargissant librement leurs zones d’opérations criminelles, avec une augmentation du nombre de victimes. Cette situation devient de plus en plus généralisée ; car, avant, elle se limitait aux centres urbains. Mais, maintenant, elle fait rage dans toutes les zones rurales.