Dans le cadre du projet «HAOUA», l’Association malienne des droits de l’Homme (AMDH), en partenariat avec l’Alliance et sororité des défenseurs des droits des femmes pour la défense et la promotion des droits des femmes au Mali et en Algérie, le «Comité international pour le développement des peuples» (CISP), et la direction générale de l’Administration de la justice (DNAJ), organise depuis hier à l’Institut national de formation judiciaire (INFJ), un atelier de «renforcement des capacités des magistrats maliens sur la protection et la défense des droits des femmes au Mali».
La cérémonie d’ouverture de la session était présidée par le directeur général adjoint de la DNAJ, Ladji Sara, qui avait à ses cotés le président de l’AMDH, Me Moctar Mariko, la directrice pays du CISP, Mme Claudia Berlendis. Plusieurs magistrats étaient présents.
Dans son intervention, le président de l’AMDH a d’abord rappelé que cette structure a pour missions la promotion, la protection et la défense des droits de l’Homme et des peuples. «Depuis quelques années, l’AMDH a intégré l’approche genre dans ses projets de société. A travers ses activités, elle consacre plusieurs projets à la sensibilisation, à la participation et à la lutte contre les discriminations et les violences basées sur le genre», a-t-il souligné.
C’est dans cette optique, selon Me Mariko, que l’AMDH a noué un partenariat avec le CISP, pour la mise en œuvre au Mali du projet «HAOUA» qui est également exécuté en Algérie.
Me Moctar Mariko a aussi rappelé qu’entre 2012 et 2013, ont été perpétrés au Nord du Mali, de nombreux crimes sexuels, notamment des viols, mariages forcés et autres esclavages sexuels.
En effet, a-t-il poursuivi, des plaintes pour crimes de guerre et crimes contre l’Humanité ont été déposées par les deux organisations en 2014 et 2015 au nom de plus de 100 victimes de violence sexuelle.
C’est dans ce contexte, a expliqué Me Mariko, que le CISP, l’AMDH, le WILDAF et les co-demandeurs algériens ont mis en place ce projet «HAOUA».
Il a pour objectif global, a détaillé Me Mariko, de soutenir la protection des droits des femmes, des défenseurs des droits Humains et des organisations qui travaillent pour les droits des femmes en Algérie et au Mali. Et de préciser que l’AMDH et le projet «HAOUA» ont prévu trois formations de quatre jours dont une à Bamako, une à Mopti et une autre à Kayes.
Il a ensuite ajouté que chaque session touchera 15 magistrats selon des critères objectifs.
Ces formations, a expliqué le président de l’AMDH, visent particulièrement à renforcer les capacités des magistrats sur les concepts genre et les violences basées sur le genre ; à outiller les magistrats davantage sur les instruments juridiques internationaux, régionaux et nationaux de protection des droits des femmes, entre autres.
Pour sa part, la directrice pays du CISP, a rappelé que la politique nationale du genre du Mali est basée sur le respect des droits universels, tout en conjuguant les valeurs liées à une société tolérante, ouverte sur le monde et désireuse de faire évoluer favorablement les traditions et les mentalités vers plus de justice, d’équité et d’égalité.
Selon Mme Claudia Berlendis, le Mali veut faire en sorte que cette politique soit un outil pour accélérer la croissance économique en vue de répondre aux besoins fondamentaux des Maliens, en préservant les valeurs socioculturelles qui renforcent la consolidation de la démocratie et l’approfondissement de l’Etat de droit.
A l’adresse du président de l’AMDH, elle a dit ceci : «le CISP, en partenariat avec AMDH, vous a invité à cette formation pour jouer un rôle actif dans le respect des droits des femmes, des filles et des garçons. Pour bâtir sur les points positifs de la culture malienne et dans le même temps éliminer des pratiques et normes sociales et culturelles négatives et discriminatoires vis-à-vis de la fille et de la femme».
Dans son discours d’ouverture, le directeur national adjoint de la DNAJ a estimé que cette formation vient à point nommé, car la double crise sécuritaire et institutionnelle de 2012 a entravé l’administration de la justice, notamment dans certaines zones du pays ayant été occupées par des groupes armés. De l’avis de Ladji Sara, cette crise a imposé de défis nouveaux, lesquels nécessitent un renforcement continu des capacités des acteurs de la justice, notamment les magistrats.
Pour lui, la nécessaire protection particulière accordée par les instruments régionaux et internationaux aux personnes à «besoins spécifiques» dont les femmes, les enfants, les handicapés, les personnes âgées… mérite un renforcement des capacités des professionnels du droit.
«Les autorité judiciaires et politiques ont conscience de ces enjeux et défis nouveaux et s’attellent à déployer des moyens nécessaires pour y faire face», a-t-il conclu.