Faut-il que l’on en vienne seulement à passer aux abords d’un lieu de culte pour s’entendre rappeler certains préceptes d’assistance ou de compassion qui ne devraient à aucun moment être perdus de vue ? Il en est ainsi des enseignements appelant à un minimum d’égards entre parents, coreligionnaires, voisins ou êtres humains tout simplement. La référence invariablement reprise à ce propos en guise d’appel au secours est ce passage du Livre saint de l’islam : « Les croyants sont frères. Etablissez la concorde entre vos frères et craignez le Tout-Puissant, afin qu’on vous fasse miséricorde » (49-10).
Pour les oulémas, ce concept de fraternité humaine est l’un des éléments fondamentaux des valeurs islamiques. Dans ce rappel ils se réfèrent à l’unicité du Tout-Puissant, Créateur de toutes choses et Pourvoyeur Suprême, qui est en mesure de priver ses créatures ou de les gratifier à l’infini. C’est en cela que les oulémas, dans leurs propos soulignent constamment la nécessité de manifester un soutien, quel qu’il soit, à son prochain dans l’épreuve. «Lorsque vous constatez que votre frère coreligionnaire a été frappé d’un malheur, ne le maudissez pas, ne le laissez pas victime du démon. A défaut de pouvoir le tirer de la mauvaise passe qu’il traverse, invoquez pour lui la miséricorde divine».
Les exégètes rapportent à ce sujet une recommandation du Messager (PSL) qui enjoignait aux membres de sa communauté de se prodiguer ne serait-ce que de bons conseils entre eux, et d’être miséricordieux les uns envers les autres. L’image évoquée alors pour situer la solidarité communautaire est la symbiose existant dans un corps humain. Quand un organe est affecté, les autres s’en ressentent et l’ensemble du corps s’enfièvre jusqu’à ce qu’il retrouve son équilibre. En mentionnant l’assistance ou les bienfaits que les uns et les autres peuventêtre amenés à se porter ainsi, les oulémas soulignent que le musulman se doit de taire toute action de charité qu’il effectue dans sa vie quotidienne et éviter de la faire suivre par des actes nuisibles. Selon eux, cette charité doit être empreinte du sceau de la raison, car le musulman, s’efforçant de garder un juste milieu, ne doit se caractériser ni par le gaspillage, ni la parcimonie.
Il est rappelé à cet effet suivant le Livre saint que « L’homme, en vérité, est inconstant par nature. Abattu et sans nerf quand un malheur l’atteint, il est tout arrogance dans la prospérité ». La bonne voie à contrario, est définie pour ceux qui sont bien guidés. «Tels ne seront point cependant ceux qui s’adonnent régulièrement à l’office, font l’aumône, ceux qui, sur leurs richesses reconnaissent une part légitime au mendiant et au pauvre démuni» ». (70-19). Dans leurs récits pour illustrer les traits d’abnégation des premières communautés musulmanes qui ont posé les canons pour les générations futures, les exégètes rapportent maints épisodes des Compagnons et proches du Messager, marqués du souci de leur prochain. Celui qui devait être appelé à assurer la charge de second Calife de l’islam sera particulièrement renommé pour ses œuvres de bienveillance envers ses administrés. Il est dit à ce propos que «les musulmans sont miséricordieux entre eux» (49), cléments envers les autres peuples.