Une édition spéciale de la « Migrances » s’est déroulée le 20 janvier 2019, à la Bellevilloise (Paris, France). Sous le thème : « L’Europe 2019 ? Pas sans l’Afrique ! Sortir ensemble de l’impasse ». C’était sous la présidence de Aminata Dramane Traoré, initiatrice en présence de Nathalie M’Dela-Mounier et plusieurs éminents intellectuels.
Créé par le Forum pour un autre Mali (FORAM) et le Centre Amadou Hampaté Ba (CAHBA) « Migrances », est l’espace de débat citoyen qui a mobilisé ces treize dernières années des centaines d’artistes et d’intellectuels autour de cette problématique qui est l’immigration. La journée du 20 janvier 2019, à la Bellevilloise, a été celle du partage des constats et des propositions de solutions.
Les principaux sous thèmes à travers cette journée étaient entre autres « Douze années de débat citoyen » animé par Aminata D. Traoré et Nathalie M’Dela-Mounier.
« Hommage aux migrants » par Ray Lema, Rokhaya Diallo et Mariam Koné, un chant en hommageà ces héros et héroïnes anonymes d’une histoire de développement qui tourne au chaos. Qui parle de l’ « Immigration » pour les pays d’arrivées, « émigration » pour les pays de départ, l’appellation de la mobilité qui est le propre de l’homme, est en langue bamanan « taama » ou la marche.
Les images des embarcations de fortune à bord desquelles les migrant-e-s s’entassent, hommes femmes et enfants, ne disent rien des causes profondes de leur fuite.
Quels rêves les portent pendant qu’ils marchent sur les dunes, sur les vagues ? Ils marchent vers d’autres humains, leurs semblables. Ils marchent vers un monde qu’ils espèrent meilleur.Dans leur marche, ils tombent, se relèvent, marchent encore.
Autre thème débattu « La chasse à l’homme africaindéveloppé par M. TaoufikBen Abdallah et Aminata D. Traoré.
Parce que toutes les provenances ne se valent pas en termes de sécurité ou de dangerosité supposées, mais aussi de valeurs, de culture et de pigmentation de la peau, l’Afrique noire paie un lourd tribut au durcissement des politiques migratoires européennes. La majorité des débouté-e-s du droit d’asile sont Subsaharien-ne-s ? Débattons-en !
La France ne devrait-elle pas actualiser les critères du droit à l’asile ? Pourquoi les ressortissants des pays du G5 Sahel et des régions du Nigéria et du Cameroun où sévit le djihadisme n’y ont-ils pas droit ? Débattons-en !
Quant au thème « L’Europe des paradoxes et des impasses » Issa N’Diaye, Juan Branco et Martial Ze Belinga ont développé cette partie consacrée au durcissement de la politique migratoire par l’union Européenne.
Cette Europe-là est aussi celle incohérences et des impasses : Pour limiterà tout prix les arrivées des Africain(e)s sur son sol, elle déploie des moyens impressionnants en mer et érige à l’intérieur de ses frontières des remparts, des centres de rétention administrative au sein desquels elle bafoue, à la fois, le Droit international de l’Asile et la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948. Dans le même contexte, pour les profits des multinationales. Débattons-en !
« Écrire l’errance et l’exil : les femmes et les enfants d’abord» les experts comme Mme Nathalie M’Dela-Mounier, ClaristeSohMoubé, Awa Meité Van Til et Richard Moyon ont partagé leurs expériences avec les participants.
Les femmes africaines sont les grandes perdantes de l’ouverture forcée des économies africaines au commerce déloyal et de la démocratie libérale et affairiste. Elles n’en sont pas moins présentées comme un facteur de déstabilisation du continent avec « 7 à 8 enfants par femme ».
Dans le même contexte la baisse de la natalité dans l’Hexagone comme dans d’autres pays européens est considérée comme une limite à la croissance et à la puissance.
Les Africaines sont au cœur du fantasme du grand remplacement. Mais nous ne le savons pas, nous-mêmes. Nous n’en débattons pas presque jamais, parce que dépolitisées et infantilisées. De notre ventre fécond naîtrait « la horde » des nouveaux barbares : migrants, islamistes et autres « menaces ». Débattons-en !
Non ! Nous ne sommes pas, nos nombreux enfants et nous, un facteur de déstabilisation ni une menace pour l’Europe mais la solution au mal développement de nos pays et la crise existentielle. Tant mieux si la France, l’Europe et le reste du monde l’entendent de cette oreille et mettent un terme à la violence systémique.
De plus en plus nombreuses, elles partent, avec ou sans enfant, quittent le continent et osent le terrifiant voyage. Trop souvent, ce sont aussi des enfants seuls qui affrontent cette épreuve sans fin. Qui les entend ? Qui les écoute ? Écrire, donner de la voix, prêter sa plume, c’est aussi se réapproprier sa vie et mettre en lumière celles et ceux que l’on n’entend pas.
« Transitions économique, démocratique et écologique: Comment renouer avec l’espérance et forcer l’avenir» ce sujet avait pour présentateurs M. Louis Kenmayo, Bruno Rebelle, Abdoulaye Sangaré
Les femmes et le jeunes d’Afrique doivent oser davantage inventer l’avenir à la lumière des dérives du système qui fait d’eux une menace pour la sécurité globale.
« Culture : la créativité au service d’un développement respectueux des droits économiques, sociaux, politiques et environnementaux» sur ce dernier sous thème Mandé Alpha Diarra, Rokhaya Diallo ont donné leur point de vue.
Quelle économie ? Quel marché pour garantir aux Africain-e-s du travail, le revenu décent, une vie de qualité (alimentation, santé, éducation, habitat, énergie, transport), la paix et la sécurité ? Quelle créativité ? Quelle solidarité au niveau des villages, des quartiers, des villes et entre générations, entre peuples frères en humanité ? Des exemples concrets.
A l’issue de cette belle journée riche en couleur et en enseignement un appel a été officiellement lancé par les artistes Cheick Tidiane Seck, Princess Erika et DoussouBagayoko, pour « Sortir ensemble de l’impasse ».