Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Mali - Adame Ba Konaré : « Tout l’art du griot risque d’être oublié »
Publié le samedi 26 janvier 2019  |  Le Point
25e
© aBamako.com par A.S
25e anniversaire de l’ADEMA-PASJ
Bamako, le 25 mai 2016 l’ADEMA-PASJ a fêté 25e anniversaire au CICB
Comment


Dans « Le griot m’a raconté... », paru aux éditions Présence africaine, l’historienne et ancienne première dame plonge dans l’histoire méconnue de Ferdinand Duranton, explorateur français qui a ouvert la voie à la colonisation. Elle s’est confiée au Point Afrique.
Propos recueillis par Julien Le Gros

Ferdinand Duranton est un explorateur français du début du XIXe siècle, qui épousa la fille du roi du Khasso, Sadioba Diallo, dans la région du Haut Sénégal, soit l’actuel ouest malien. Explorateur, aventurier, ce dernier tombé dans l’oubli, en France, est resté dans la mémoire de l’historienne et femme de lettres Adame Ba Konaré depuis qu’elle découvrit le lien de famille qui lie le roi du Khasso à sa propre famille. Puisqu’il se trouve que la mère du président Alpha Oumar Konaré, son époux, descend directement de ce roi. Pour raconter ce pan entier de l’histoire coloniale, l’ancienne première dame a fait appel à la figure du griot. Pour Le Point Afrique, elle revient sur la genèse de ce projet, sur les sujets qui lui tiennent à cœur comme la place des femmes dans la société, l’apprentissage de l’histoire, le bilan des années de pouvoir et nous éclaire sur sa démarche d’historienne.

Le Point Afrique : De quoi parle Le Griot m’a raconté... ?

Adame Ba Konaré : Tout commence en 1824 quand la fille du roi du Khasso, Aoua Demba, installée à Médine, dans la région de Kayes, épouse un Français, Ferdinand Duranton. C’était l’un des premiers mariages franco-malien. Ça m’intéressait aussi sur le plan familial. Ma belle-mère Awa Demba Diallo, qui a vécu avec nous pendant vingt ans après le décès de son mari, descendait directement de ce roi. Dans les années 80, en tant que fille aînée, elle a été, à son tour, intronisée princesse du Khasso. Et puis, j’étais intriguée de savoir qui était ce Ferdinand Duranton. J’ai effectué des recherches dans les archives de Dakar. Il a laissé une importante correspondance qu’il envoyait à ses supérieurs hiérarchiques à Saint-Louis-du-Sénégal et à Paris. Duranton est né à Saint-Domingue. Son père y servait comme intendant. Il s’occupait du ravitaillement des troupes. Sa mère, une créole, a épousé en premières noces un riche planteur de Jérémie*. Son aventure joue sur trois tableaux : l’Europe, l’Afrique et le Nouveau Monde. Ferdinand Duranton a lui-même été officier dans le 11e régiment d’infanterie, l’artisan des conquêtes napoléoniennes.

Qu’avez-vous découvert sur ce personnage ?

J’ai glané pas mal d’informations sur lui. J’ai fantasmé autour de l’amour de Ferdinand et de sa belle princesse... avant que je ne découvre qu’il a eu d’autres enfants, deux filles avec une esclave de sa femme, un garçon avec une autre esclave. Il m’est alors apparu complètement antipathique ! Parmi ses enfants de son union avec la princesse, l’un est devenu le premier officier saint-cyrien. Il s’est suicidé, on ne sait pas trop pourquoi. Leur fille était, comme sa mère, d’une très grande beauté. On la surnommait « la perle blanche du Soudan ». Elle est aussi morte dans des circonstances tragiques. La destinée des descendants de Duranton est désastreuse ! J’ai aussi fait le voyage en Haïti** À l’époque, à la fin des années 90, mon mari était aux affaires. On a rencontré le président René Préval et son épouse. J’ai reconstitué le puzzle sur mon héros : qu’étaient devenus sa famille, son père, sa mère ? Après la révolution haïtienne, la chasse aux Blancs de la colonie a été ouverte. Ça a été la débandade pour eux. Son père est allé au consulat français de Philadelphie aux États-Unis, le lieu de refuge des colons d’Haïti. Ils passaient également par Cuba. Ensuite, les Anglais l’ont capturé et emprisonné pour des raisons infondées d’espionnage. Libéré, il a regagné Bordeaux, puis Paris où il est décédé en 1807.

Pourquoi est-ce raconté dans la bouche d’un griot ?

Parce c’est une tradition très importante chez nous ! Ma démarche intellectuelle est de revaloriser tout ce savoir-faire qui se perd. Tout l’art du griot risque d’être oublié. Cette tradition orale, par la récitation, le bouche-à-oreille, est une source importante d’histoire dont on s’est éloignés. Le griot n’est pas un robot. C’est vraiment un artiste qui façonne son discours. Il le consolide à travers les sommations du présent et les a priori idéologiques de son temps. J’ai voulu mettre en avant cet art de la narration.

Vous parlez déjà de l’expansionnisme français en Afrique.
... suite de l'article sur Le Point

Commentaires

Dans le sous-dossier
25e anniversaire de l’ADEMA-PASJ
Sondage
Nous suivre
Nos réseaux sociaux

Comment