Mme le ministre de l’Elevage et de la Pêche a visité le ranch de multiplication de la race autochtone N’Dama et les étals à volaille et poissons. Elle a échangé aussi avec les acteurs des filières concernées
SOL'R Energy Mali
Mme le ministre de l’Élevage et de la Pêche, Dr Kané Rokia Maguiraga, accompagnée des membres de son cabinet, était en visite du 25 au 27 janvier 2019 dans la région de Bougouni. L’objet de la visite était d’échanger avec les agents de terrain et le suivi des activités de son département.
Pendant 3 jours, la délégation s’est rendue au centre de conservation, de multiplication et de diffusion du bétail ruminant endémique (CCMD-BRE) à Madina-Diassa (cercle de Yanfolila), aux marchés à volaille et à poissons et à la mini-laiterie de Bougouni. Toutes ces infrastructures ont été réalisées par le Projet régional de gestion durable du bétail ruminant endémique en Afrique de l’ouest (PROGEBE-Mali), le Projet de développement avicole au Mali (PDAM) et le Projet d’appui au développement de la filière aquacole (PRODEFA).
La cheffe du département en charge de l’Elevage et de la Pêche a entamé sa visite par le CCMD-BRE de Madina-Diassa, situé à 75 Km de Yanfolila. Il est composé d’un ranch d’une superficie de 7904 hectares. A ce jour, le centre dispose d’un troupeau de multiplication de 250 têtes.
En plus de la conservation, la multiplication et la diffusion du bétail ruminant endémique, le CCMD-BRE a, entre autres, pour missions l’amélioration de la production et de la productivité du bétail ruminant endémique en général et de la race N’Dama en particulier, a expliqué le directeur du centre Tiéfolo Coulibaly.
A ce titre, il est chargé de réaliser l’inventaire et la caractérisation du bétail ruminant endémique (BRE), de mettre en œuvre les schémas de sélection validés en vue d’une meilleure amélioration génétique du bétail ruminant endémique. Il est chargé également de diffuser les résultats des améliorations génétiques en ce qui concerne le BRE, de mener des activités de promotion du bétail ruminant endémique et de contribuer au renforcement des capacités des associations et coopératives en charge du développement des ruminants endémiques.
Arrêt des activités – Le directeur a ainsi révélé que son centre a pour objectif de fournir aux agro-éleveurs des bœufs de labour et des reproducteurs de race N’Dama de meilleure qualité. Il a en outre ajouté que le centre «procède à la conservation de la N’Dama en race pure, à la multiplication et à la sélection des meilleurs animaux (mâles et femelles) suivant le critère de croissance et d’uniformité de la robe».
«La caractérisation moléculaire est le moyen de sélection le plus fiable, mais elle est très onéreuse», a-t-il ajouté. Il a aussi noté que le centre a pour objet d’éviter la disparition de nos ressources génétiques animales locales, surtout en ces moments, où les changements climatiques menacent dangereusement le monde.
S’adressant aux agents, Mme le ministre de l’Élevage et de la Pêche a indiqué que la visite a pour objet de s’enquérir des difficultés du terrain et de rappeler que le gouvernement tient énormément au centre, avant de les exhorter à plus de travail, d’assiduité pour atteindre les résultats attendus.
À Bougouni, le chef du département a visité les marchés à volaille et aux poissons. Dans le marché à volaille, la vendeuse de poulet, Awa Traoré surnommée « Chiè Awa», toute contente, a remercié la responsable de l’Élevage et de la Pêche pour être venue constater personnellement la fonctionnalité du site. Elle a expliqué combien le marché à volaille leur a facilité la vente.
«Nous avons vraiment apprécié cet endroit, car il nous met à l’abri des ventes de volaille sous le chaud soleil et on est mieux organisé», a témoigné «Chiè Awa». Comme préoccupation, elle a souligné au ministre la concurrence déloyale que mènent les vendeurs ambulants de volaille. Ces derniers interceptent les clients qui veulent se rendre au marché pour leurs achats.
Bâtie sur une superficie de 512 m2, le marché à poissons de Bougouni est le fruit de la coopération entre le royaume de Belgique et le gouvernement. Il vise à contribuer à l’amélioration de la sécurité alimentaire et au développement économique dans la région, par la promotion de l’aquaculture. Mme le ministre a rappelé que le marché à poisson a été construit et mis à la disposition des mareyeuses il y a une année.
Elle a constaté une faible animation du marché. Si les étals étaient certes propres et bien entretenus, il n’en demeure pas moins que le chef du département a constaté une absence d’animation. «Il paraît que c’est le soir que le poisson arrive sur le marché et la vente s’effectue le petit soir», a souligné la visiteuse.
Le même constat d’absence d’activités a prévalu au niveau de la mini-laiterie qui a été visitée dimanche. Mme le ministre qui a rappelé qu’elle n’est pas à sa première visite de l’entreprise, a déploré l’arrêt des activités faute de lait. Il n’était pas du tout difficile pour un visiteur de se rendre compte de l’arrêt des activités, les équipements laissés à l’abandon, le renseignaient amplement sur cet état de fait.
Le personnel a insisté sur la difficulté de fourniture d’électricité qui ne lui permet pas de pasteuriser le lait. Mme Kané Rokia Maguiraga a promis l’accompagnement de son département pour résoudre cette difficulté.
Mohamed Z. DIAWARA
La race N’Dama : UNE ESPÈCE À PRÉSERVER
Selon Tiéfolo Coulibaly, le directeur du Centre de conservation, de multiplication et de diffusion du bétail ruminant endémique de Madina-Diassa, la race N’Dama est une ressource génétique locale du Mali, qui est élevée essentiellement dans trois régions (Kayes, Koulikoro et Sikasso).
C’est une race, dont la grande caractérisation est sa trypano-tolérance c’est-à-dire sa résistance à la trypanosomiase, la maladie du sommeil. Cette race résiste aussi à plusieurs autres maladies, surtout les pathologies parasitaires. Il faut rappeler que la résistance de l’animal à la trypanosomiase qui est une infection parasitaire transmise à l’homme par la piqûre de la mouche tsé-tsé ou la maladie du sommeil lui confère une grande qualité que beaucoup d’espèces animales n’ont pas.
C’est pourquoi la race N’Dama est appelée espèce endémique au même titre que certaines espèces ovines ou caprines qui disposent des mêmes caractéristiques.
L’animal est de petite taille et trapu et a une robe de couleur fauve souvent froment. C’est une race plutôt à viande et non laitière. «L’expérience a montré que croiser la race N’Dama avec les races étrangères donne beaucoup plus d’avantages parce qu’elle transmet sa résistance aux veaux. Et les sujets issus de ce croisement sont très résistants», a souligné Tiéfolo Coulibaly.
On rappelle qu’au milieu des années 1970, quand on installait le centre à Madina-Diassa, seules ces races qu’on appelle bétail ruminant endémique pouvaient vivre dans cette zone, compte tenu des conditions climatiques et pluviométriques sévères. «La N’Dama est une race autochtone malienne qui a vraiment son importance dans le patrimoine animalier du Mali», a commenté le directeur.
Elle se contente de peu aussi bien sur le plan alimentaire que vétérinaire. Elle est rustique, ce qui lui confère des atouts appréciables pour l’agriculteur et le vétérinaire qui n’intervient pas beaucoup sur l’animal parce qu’il a su s’adapter parfaitement à son habitat pourtant hostile pour d’autres espèces animales ou pour l’humain».