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La carte bancaire plus efficace que le bulletin de vote ?
Publié le mercredi 30 janvier 2019  |  Le Démocrate\
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« Le système, les politiques sont pourris »; « ce n’est pas le peuple qui conduit l’humanité au désastre, ce sont les multinationales, les industriels, les financiers…». Tels sont des refrains qu’on entend très souvent un peu partout.

Pourtant, nous ne croyons pas qu’il y ait d’un côté les gentils et de l’autre les méchants… Très peu de personnes cherchent volontairement à faire le mal. Nous sommes tous responsables de ce «système» que nous dénonçons avec un sentiment d’impuissance, voire de rage. Nous ne nous rendons même plus compte que nos actes l’encouragent et le nourrissent, quels que soient notre rang social, notre niveau de vie et notre pouvoir. Certes les riches disposent de bien plus de pouvoir, mais ils sont aussi bien moins nombreux. Un acte insignifiant répété cinquante millions de fois a beaucoup d’impacts. Quelques exemples:

– Nous cherchons à acheter le maximum de produits et de services encouragés par la publicité aux plus bas prix. Or, ce sont souvent les produits les moins chers qui exploitent les plus défavorisés et qui s’embarrassent le moins des considérations écologiques. La pression que nous mettons sans même nous en rendre compte pour faire baisser les prix, pour consommer davantage, encourage ce phénomène. Mais, direz-vous : « quand on est pauvre, on n’a pas le choix ». C’est vrai, mais il y a aussi de tristes réalités: pourquoi la consommation moyenne de tabac, d’alcool, et même de Coca-Cola augmente-t-elle au fur et à mesure que les revenus baissent, alors que tous coûtent cher et ne font pas partie des produits de première nécessité ? Nous entendons aussi dire: «Taxons les bateaux, les camions pollueurs plutôt que nos voitures» : oui, mais c’est oublier que ces bateaux, ces camions ne font que nous apporter les marchandises que nous avons achetées.

– La bêtise et l’ignorance sont souvent les meilleures alliées du système actuel. Et pourtant, que regardons-nous le plus à la télé ? Le foot, « L’amour est dans le pré », « Danse avec les Stars » ou des documentaires ? TF1 ou Arte ? Pourtant, c’est le même prix. Sur deux heures, il y a 30 minutes de publicité. Il y en a bien moins sur Arte, alors que le temps qui passe est certainement, individuellement, notre bien le plus précieux. Il n’y a aucun mal à regarder du foot ou à se marrer devant Hanouna car, nous sommes des êtres humains et les émotions, le rire font partie de nos besoins essentiels. Mais n’y a-t-il pas un problème de proportion entre le spectacle, l’insouciance et l’éducation ? Quelle utilisation faisons-nous d’internet ?

– La publicité nous rend-elle plus intelligents ou encourage-t-elle la désinformation et la bêtise ? Le prix de la publicité est toujours répercuté sur les prix des produits qui y font appel. Ne croyez pas que Facebook, 20 Minutes ou C8 sont gratuits. Nous les payons tous en achetant les produits de leurs annonceurs, en ayant rémunéré en plus l’Agence de pub. Rien ne nous oblige à subir passivement la publicité. Avons-nous tous un autocollant « Stop pub » sur nos boîtes aux lettres ?

– Nous n’arrêtons pas de nous plaindre des décisions de nos dirigeants. Pourtant, nous avons dans nos pays une chance incroyable : nous pouvons élire ceux qui dirigent le pays. Certes, la démocratie est imparfaite. Mais il n’en demeure pas moins que la principale préoccupation de nos dirigeants, c’est d’être réélu. Ce sont bel et bien nos bulletins de vote qui désignent ceux qui seront à la tête de nos pays. Or, pourquoi nos gouvernements feraient-ils de l’écologie quand on voit le niveau du vote écologique dans nos pays ? Pensez-vous que la plupart des politiques se disent tous les jours : «Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire pour être méchant aujourd’hui ?». Non, ce qu’ils se disent c’est « qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire pour être élu ? ». Et, si vous y réfléchissez, c’est bien nous qui avons le pouvoir de les influencer : les politiques ne sont pas élus par les multinationales ou les banques.

C’est très réducteur d’imaginer d’un côté « les méchantes multinationales», les « méchants politiques », les « méchants financiers » et de l’autre le gentil citoyen-consommateur. Et surtout, cela ne mène à rien si ce n’est à l’impuissance et à l’inaction. Bien entendu, les multinationales, les banques recherchent le profit, mais qui travaille dans une multinationale ? Des méchants ? Non, tout le monde. Qui réclame le maximum de rendement lorsque nous plaçons de l’argent sur un compte d’épargne ou d’assurance-vie? De méchants actionnaires ?

Non, tout le monde. Qui préfère acheter ses produits frais dans un hypermarché plutôt que sur un marché local, ses livres sur Amazon plutôt qu’en librairie, de l’électricité à 80% nucléaire chez EDF plutôt que 100% renouvelable chez Enercoop ? Qui prend l’ascenseur pour 3 étages puis prend sa voiture pour aller courir ? Qui préfère les escalators aux escaliers puis se dit : « je devrais m’inscrire dans une salle de gym… » ?

Qui partage n’importe quoi sur les réseaux sociaux sous le coup de l’émotion ou lorsque cela conforte ses opinions, au lieu de prendre un peu de recul et vérifier si c’est vrai ? Qui règle son chauffage sur 23° plutôt que mettre un pull ? Qui mange des tomates insipides en plein hiver ? … Des méchants ? Non, tout le monde. Qui fait vivre les multinationales et achète leurs produits ? Des méchants ? Non, tout le monde. Tous responsables. Tous acteurs.

Sambou Sissoko

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