Les rideaux de la première édition du festival de l’inter biennale la photographie, dénommé «Phot’Art», lancée le 6 décembre 2018, se sont fermés, le mercredi 30 janvier 2019, à l’Institut français de Bamako, sanctionnés par la remise des Prix aux trois lauréats du concours initié en marge de l’évènement.
« La folie nocturne», « Yokoro » et « Utopie intime » sont respectivement les œuvres qui ont remporté les trois prix. Il s’agissait pour ces jeunes photographies de s’exprimer sur un sujet de notre société à travers les images.
C’est avec des larmes aux yeux que la lauréate Kany SISSOKO a pris son prix, composé d’une enveloppe symbolique de 200 000 FCFA, des appareils photos, des clés USB et un disque dur.
Il convient de signaler qu’elle traine dernière sa fine silhouette des années de succès dans ce métier si particulier par les femmes. La photographie, c’est ce métier qu’a choisi cette jeune fille d’une trentaine d’années qui presque a fait le tour du monde avec son appareil photo, dont elle surveille comme la prunelle de ses yeux.
A son avis, le thème «Folie nocturne» traduit la souffrance des femmes qui souffrent de chagrin d’amour.
« Je rends hommage ici à toutes les femmes qui sont abandonnées par leur conjoint. Comme vous pouvez constater, toutes ces femmes, recroquevillées sur elles, ressentent de la douleur d’être abandonnées par des êtres chers», a-t-elle expliqué.
Elle dit dédier son prix à toutes les femmes, et à tous les photographes du Mali.
A propos du festival photo ’Art, elle souligne que cette initiative constitue un vrai un tremplin, un palliatif, qui permettra à la nouvelle génération de photographes maliens de s’imprégner des rudiments de l’art photographique, nécessaires à leur promotion, de les outiller afin qu’ils puissent assimiler les techniques de traitement des concepts et thématiques des concours et grandes rencontres photographiques.
« La rencontre a permis aux photographes de capitaliser leurs acquis en vue des rencontres futures», a-t-elle noté. Avant de se dire fière d’être parmi Les exposantes et surtout sacrée lauréate de cette première édition.
Quant à M. Seydou CAMARA, président de la Commission d’organisation de Photo ’Art, il a rappelé l’objectif de cette rencontre.
«Cette biennale photographique a enregistré la participation des photographes venus de tous les horizons pour exposer leur travail et savoir-faire en matière de pratique photographique. Cet ambitieux projet de promotion de la photo a permis de faire découvrir des talentueux jeunes qui font des chose extraordinaires avec les photos», s’est-t-il félicité.
Il a par ailleurs remercié les partenaires techniques et financiers qui ont contribué à l’initiative. Cette première édition de la photographie, outre la récompense des jeunes photographes, a porté une attention particulière sur certains photographes professionnels qui ont marqué ce métier de l’indépendance à nos jours.
PAR CHRISTELLE KONE
Portrait de Kany
Sortie de l’institut national des arts (INA) de Bamako, Kany Sissoko, cette jeune photographe a vite embrassé ce métier qu’elle trouve étrange. Avec quelques semaines de stage au Musée national de Bamako, elle a découvert en ce métier un véritable moyen d’expression.
«A la fin de mon cycle, quand on m’avait demandé d’aller faire un stage au Musée national pour apprendre la photographie, j’avais catégoriquement refusé. Je ne me voyais pas du tout photographe. Je rêvais de travailler dans les ONG humanitaires. C’est pourquoi je suis allée au Plan Mali. Mais quand notre professeur d’art m’a conseillée de faire un tour au Musée, c’est là que j’ai compris que la photo n’est pas comme pensent les non professionnels. Les images sont une expression qui libère son producteur. Comme on le dit, les images parlent», a-t-elle dit.
Ainsi, depuis 2014, Kany Sissoko expose régulièrement notamment lors du Off de la biennale photographie de Bamako, de la Quinzaine de la photographie au Benin et du Festival des femmes à Houlgate (France).
«Les femmes s’exposent». Elle assure également des ateliers de formations auprès des jeunes sur les thèmes du journalisme et de la photographie.
Promue meilleure photographe de ce festival auquel ont participé des femmes photographes à Paris, Mlle Sissoko, malgré son jeune âge est une star sur les estrades internationales.
En Afrique, elle est présente sur toutes les expositions internationales, à l’issue des concours qu’elle emporte avec brio
Être femme et photographe demande des sacrifices, selon notre interlocutrice. Ce métier demande beaucoup d’efforts. Du coup, dès fois, regrette-t-elle, elle sacrifie certaines activités familiales pour répondre à l’appel de la profession.
« Ce métier demande beaucoup de temps. Mon succès, je le dois à ma patience d’apprendre le métier à chaque instant. Malgré les distinctions que j’ai reçues, je suis toujours à l’école des grands. Donc je suis présente à toutes les formations pour améliorer ma connaissance. Je suis souvent aussi entre les airs et sur les routes pour des reportages et surtout des expositions. Donc, souvent je suis très absente de la famille», a-t-elle noté, avant de remercier sa famille pour la compréhension.