Société…. Adama Dolo “Dahico” : «Je suis Dogon de Sanga…C’est un plaisir pour moi de faire rire les gens à la télévision, à la radio et aussi dans les livres “
Le célèbre humoriste ivoirien, Adama Dolo alias Adama Dahico a séjourné dans la capitale malienne dans le cadre de la 4e édition du Festival Culturel Ogobana tenu du 21 au 27 janvier dernier. Un séjour que nous avons mis a profit pour le rencontrer. Dans un entretien à bâtons rompus qu’il a bien voulu nous accorder, cet humoriste hors pair, doublé d’un écrivain, a répondu à nos questions sur sa carrière d’humoriste, sa candidature à l’élection présidentielle ivoirienne en 2010, son livre dernier livre “Le Chef” qui vient de paraitre, ainsi que les raisons de sa présence à Bamako.
Aujourd’hui-Mali : D’aucuns ne sont certes pas sans savoir qui vous êtes, mais pouvez vos vous-mêmes nous dire qui est Adama Dahico ?
Adama Dahico : Ok, chaque fois je me présente pourtant. Je me nomme Dolo Adama dit Adama Dahico. Ivoirien d’origine malienne. Je suis Dogon de Sanga. Je suis humoriste, comédien et écrivain ; auteur de de cinq (5) publications dont le dernier intitulé “Je veux gouverner la France pour mieux comprendre l’Afrique” ou encore le “Le Chef”. Je suis également promoteur du festival du rire d’Abidjan.
Peut-on connaitre la raison de votre présence à Bamako ?
Il y a deux raisons principales. La première, c’est la 4e édition du Festival culturel Ogobana qui par la grâce de Dieu fut un grand succès. Le festival est désormais ancré dans les mœurs et les habitudes des Bamakois parce que ce Festival est le pays Dogon en plein de cœur de Bamako. La deuxième raison est l’Afrique du rire, un festival itinérant qui a sillonné le Maroc et le Mali. Après le Mali, nous serons au Sénégal. Voici les raisons de ma présence dans ce beau pays, le Mali.
Comment s’est passé votre séjour à Bamako ?
Très bien, ça a été un séjour riche en couleurs, avec des rencontres et découvertes exceptionnelles et surtout à travers le festival. Mais ce que je déplore à Bamako, c’est la circulation, les gens conduisent très mal ici et il faut être très prudent quand tu viens d’un autre pays. Ils ne sont pas tolérants, tout le monde est pressé et on ne respecte pas les règles de la circulation. Je me demande même si nous apprenons les mêmes choses dans les auto-écoles. Je les invite à faire très attention.
Qu’avez-vous retenu de ce festival dogon et quel message avez-vous à l’endroit des ethnies dans ce sens ?
Je crois que nul ne peut faire la promotion de la culture d’autrui à sa place. C’est vous-même qui vous levez pour dire au monde entier qui vous êtes vraiment à travers votre culture et ce genre d’évènements. Les Dogons font leur festival et invitent les autres ethnies qui viennent à leur découverte et je pense que les autres aussi doivent suivre cet exemple. Le festival Ogobana est une belle opportunité non seulement pour les Dogons qui promeuvent leur culture, mais aussi pour les artistes qui y sont invités. J’ai vraiment été très content de prendre part à ce festival en tant que Dogon et humoriste.
Pouvez-vous nous dire en quelques phrases comment ” Dahico ” est devenu comédien ?
Vous savez, j’ai aujourd’hui 30 ans de carrière dans ce métier donc je serais très long si je vous racontais tout. Mais j’ai commencé ce métier depuis mes classes d’école primaire comme tout enfant qui aime bien s’amuser et faire partie des clubs de théâtre de l’école, mais c’est après la classe de seconde (11e année) que j’ai pris la résolution de faire de la comédie mon métier et j’y ai consacré le temps qu’il faut, l’énergie, l’engagement, la disponibilité et voilà comment tout est parti.
Parlant de vos 30 ans de carrière, vous avez récemment été récompensé par le trophée “Ouistiti d’or” dans ce cadre lors du “Festival Bon Nané” tenu en début janvier à Ouagadougou, alors pouvez-vous nous parler de ce prix ?
Effectivement, le Festival Oustiti ou encore le festival “Bon Nané” est organisé au début de chaque année au Burkina Faso par mon ami et frère Salif Sanfo, son promoteur culturel. C’est lui qui m’a honoré à travers son festival et le prix «Ouistiti d’or» qui couronne mon engagement et l’ensemble de mes œuvres depuis pratiquement 30 ans. Vous conviendrez avec moi que je suis l’un des rares humoristes africains qui ont inspiré les jeunes africains et donné la possibilité à beaucoup d’entre eux d’avoir une visibilité dans ce métier. C’est vrai qu’il y a le théâtre et la comédie, mais l’humour c’est encore une autre spécialité et il fallait quelqu’un pour y croire et se sacrifier comme on le dit et aujourd’hui je suis vraiment fier d’avoir montré la voie à beaucoup de jeunes Africains qui vivent de ce métier, aujourd’hui.
Vous avez beaucoup cartonné avec votre concept le Doromikan sur les petits écrans, pouvez-vous nous dire ce que c’est que ce concept et comment il a été créé ?
Le doromikan est un concept africain et malinké. Doromikan veut dire en français paroles d’ivrogne. Celui qui parle comme un ivrogne. Vous savez, en Afrique, par respect on ne peut pas dire certaines choses qui vous feront sans doute inscrire le nom sur la liste des impolis.
Or si quelqu’un est sous l’effet de l’alcool, ce qu’il dit, quand bien même que c’est la vérité, on met cela sur le compte d’un ivrogne qui n’a pas tout son esprit, alors qu’il a profité pour le faire. C’est ainsi que j’ai créé le concept. J’ai voulu dire des vérités sans pourtant blesser quelqu’un et le message passe très bien avec Doromikan.
Adama Dahico a été candidat à l’élection présidentielle ivoirienne en 2010. Alors, peut-on connaitre les raisons qui avaient motivé ce choix et quelles expériences en avez-vous tirées ?
Je suis un citoyen d’un pays, la Côte d’Ivoire, qui a traversé 10 ans de crise et vous n’êtes pas sans savoir que la crise sème des conséquences sur son passage. Il y a des personnes qui perdent tout, que ce soit en argent, en matériels, en boulot entre autres, et pendant ce temps d’autres en profitent à travers les armes pour se faire une place et par la suite ce sont eux qui ont le pouvoir, alors que ceux qui se sont battus corps et âme pour construire leur vie perdent tout en un clin d’œil.
Et le paradoxe, dans tout cela, c’est que ceux qui ont les armes ce sont eux qu’on écoute lors des négociations de paix où les préoccupations réelles des populations n’y sont pas forcément évoquées. Ces personnes qui ont tout perdu ne sont pas prises en compte. C’est pour la défense de cette population dépouillée et délaissée que j’avais décidé de briguer la présidence pour enfin faire justice et je crois que ça été une très belle expérience pour moi d’être candidat.
Adama Dahico porte de multiples casquettes car en plus d’être un l’humoriste, comédien, politique, il est aussi écrivain…
Oui, chez moi l’écriture est une passion qui s’exprime. J’ai décidé d’écriture parce que je veux laisser des traces car je ne vivrais éternellement pas sur cette terre et puisque je ne peux pas tout dire sur scène, au moins à travers les livres, on peut découvrir certaines choses de moi. C’est un plaisir pour moi de faire rire les gens à la télévision, à la radio et aussi dans les livres. J’aime la littérature et l’écriture.
Vous venez de publier un livre intitulé ” Le Chef “, est-ce que vous pouvez nous le présenter ?
“Le Chef” ou encore “Je veux gouverner la France pour mieux comprendre l’Afrique” est un livre de 132 pages composé de 4 chapitres importants. Dans ce livre, il y a des chroniques, des citations, des pensées, entre autres. Le livre parle d’un rêve d’Adama Dahico.
Un rêve dans lequel il est devenu Président de la France et c’est là qu’il comprend mieux l’Afrique car le président de la France passe tout son temps à gérer le pétrole, l’or, l’uranium des pays africains, tout en étant dans son palais en France. Toutes ces richesses doivent enrichir l’Afrique mais hélas, l’Afrique reste toujours un continent pauvre dont les enfants iront mourir dans la mer en voulant rejoindre le pays de ceux qui nous dépouillent.
Quel est le massage que vous voulez faire passer par ce livre ?
C’est tout simplement dire aux dirigeants africains de repenser cette manière de collaborer avec la France.
Quel regard portez-vous sur le cinéma malien aujourd’hui ?
Vous savez, pour juger quelqu’un ou quelque chose, il faut bien le connaitre donc je ne peux pas dire grand-chose du cinéma malien. Mais tout ce que je sais, c’est qu’en Afrique, nous avons les mêmes problèmes de salles et de moyens pour financer le cinéma. Alors, si on pense que le cinéma est important pour notre développement, qu’on mette les moyens pour sa promotion.
Quel sera votre dernier mot ?
Je dis merci au journal Aujourd’hui-Mali pour son intérêt. Le Mali cherche la paix et la paix ne viendra que par les Maliens. Merci !