C’est le couteau d’une grève de 120 heures de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali à la gorge, que le Gouvernement a accepté 11 des 12 points de doléances. Sous l’égide d’une commission de conciliation et en présence du Conseil National du Patronat, l’UNTM et le Gouvernement ont apposé leurs signatures en bas d’un document qui scelle un accord autour des points de revendication. Par ces simples gestes, le Mali a été épargné d’une autre paralysie. Mais, pour combien de temps ?
C’est au cours d’un point de presse que le secrétaire général de l’UNTM, Yacouba Katilé a annoncé la levée du mot d’ordre de grève de 120 heures, allant du 11 au 15 février. Et cela, dit-il, « au regard des avancées notables sur les points de revendications ». Le gouvernement va-t-il honorer ses engagements ? Cette question mérite d’être posée quant on sait qu’au Mali, l’on est habitué à voir des autorités remettre en cause leurs propres signatures. Ce fut le cas avec les magistrats et c’est le cas avec les agents de santé qui tardent toujours à bénéficier des retombées de leurs accords avec le Gouvernement après plus de 38 jours de grève. Il y a certainement lieu d’espérer que le gouvernement SBM respectera ses engagements pris. Mais, la lancinante question que beaucoup se posent est celle de savoir si le trésor pourrait supporter ces charges eu égard à la crise et aux autres engagements auxquels le gouvernement a souscrit? Il va falloir gérer avec rigueur les maigres ressources pour faire face à l’essentiel. S’il est vrai que tout n’est pas lié à l’argent et que certaines revendications sont d’ordre législatif, il ne fait l’ombre d’aucun doute que l’argent occupe la majeure partie des revendications des travailleurs. Les caisses semblent vides. C’est pourquoi le Gouvernement a été obligé d’imposer aux usagers des restrictions budgétaires qui sont, entre autres, la réduction des charges de l’Etat en matière de consommation, de voyages et des matériels roulants. Il a également exigé des structures de recettes comme les impôts et la douane des montants faramineux pour combler certains déficits. Donc, face à ces difficultés de trésorerie et aux autres engagements de l’Etat comme la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation, il y a véritablement du plomb dans l’aile. Et à l’UNTM de comprendre que la signature n’est que la première étape de la longue marche jusqu’ à la satisfaction totale des points d’accord.
Yacouba Katilé et ses camarades de l’UNTM, ont certes gagné une bataille, mais pas la guerre. Ils se doivent de maintenir la pression, car c’est seulement face à l’UNTM que le gouvernement peut fléchir. Sinon, les enseignants sont en arrêt de travail depuis plus de deux semaines et comptent même renouveler leur mot d’ordre de grève pour trois semaines encore, ce qui fait sans douter planer le spectre d’une année blanche.
En somme, après la grande prouesse qui est celle d’obtenir du gouvernement la promesse de satisfaire 11 des 12 points de revendications, il reste maintenant la mise en application du protocole d’accord et pour cela l’UNTM doit veiller sur le gouvernement comme le lait sur le feu afin qu’il respecte ses engagements.