Tanguer sans jamais chavirer ! Tel pourrait être la nouvelle devise de la République du Mali. Le pays tient bon malgré les multiples crises qui l’agressent, le plus souvent jusque dans son fondement. En jetant un regard chez les voisins immédiats du Mali, et même un peu au-delà, l’on constate que le pays concentre, à lui tout seul, les symptômes d’un pays sahélien en proie à l’insécurité et à de diverses crises. Pour autant, la fatalité s’acharne-t-elle sur le Mali, comme le pensent beaucoup de nos compatriotes ?
Il y a une dizaine de jours, l’attaque la plus meurtrière contre la mission onusienne au Mali était perpétrée tuant sur le coup dix casques bleus tchadiens et faisant 25 autres victimes. Une énième preuve que la quiétude sécuritaire tant souhaitée au nord malien reste, jusqu’à présent, un mirage qui peine à être une réalité. Le nord, cette partie qui occupe 70% du territoire du Mali peine à ressembler à sa sœur du sud. Victime de conditions climatiques arides, d’un faible peuplement et surtout d’une misère socio-économique, au fil des ans, le nord malien fut un no man’s land, tout en étant un nid de terroristes, de narco-rebelles et de hordes de bandits de toutes sortes. Après des décennies d’un abandon coupable de la part de Bamako vis-à-vis du nord et surtout d’une politique molle répondant à tous les caprices des rebelles qui, depuis, répondent au doux nom d’enfants gâtés de la République, l’heure est plus que venue de rectifier le tir.
Le bourbier sécuritaire du nord déborde vers le centre et semble même toucher le sud. L’année 2019 commença avec le massacre de près de 40 civils à Koulogon Habé dans la région de Mopti. A titre de rappel, des attaques, qui ont l’allure de conflits intercommunautaires, ont fait une centaine de morts l’année dernière. A Bamako également, le manque de l’autorité semble donner un boulevard aux bandits de grands chemins. L’on ne citera que les odieux assassinats de l’imam Abdoul Aziz Yattabaré, poignardé à coup de couteaux alors qu’il se rendait à sa mosquée, et de Kalilou Coulibaly froidement assassiné par Bakary Sacko avant de le cacher dans son puits.
A cette insécurité, qui est à des années lumières de celle qualifiée de résiduelle, il y a pas si longtemps, s’ajoute la crise sociale avec des grèves qui n’en finissent de se répéter. Le front social est en ébullition depuis le premier quinquennat d’IBK et avec la dernière grève toujours pendante des enseignants, il n’est pas prêt de s’apaiser. Que dire alors de la situation dramatique des cheminots qui depuis près d’un an ne perçoivent aucun salaire ?
Egalement, le front institutionnel n’est pas en reste. Repoussée après une grande mobilisation populaire, la révision constitutionnelle devra avoir lieu. Un comité d’experts est mis en place, et le travail de toilettage de la loi fondamentale se poursuit. Pour le moment, point de front anti-révision, mais des critiques de la part de l’opposition, même si c’est sur le plan de la forme, ne sont pas à exclure.
Mais incontestablement, c’est le front sécuritaire qui est le principal défi que l’Etat malien devra relever. Le président IBK avait, à très juste titre, trouver le mot qui qualifie le Mali de ce moment. « Une digue » qui, si elle cède, qu’à Dieu ne plaise, c’est tout le Sahel qui serait mis en péril.
Au vu de ce panorama, qui invite assez difficilement à l’optimisme, le Mali tient tant bien que mal. Pour la raison, allez savoir ! Cependant, il n’est pas exagéré de dire que la situation générale du pays est pour le moins compliquée, comparée à celle des pays voisins qui parait d’une quiétude enviable pour beaucoup de Maliens. Cela, n’est point une manière pour trouver des circonstances atténuantes à la gouvernance actuelle. Bien au contraire, plus la tâche est ardue et complexe, plus sa résolution doit être un devoir exaltant empreint de patriotisme et de don de soi. Sortir le Mali d’une telle situation difficile ne fera que grandir dans les annales de l’histoire les autorités actuellement en place.