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Diéma : Le froid intense façonne les habitudes
Publié le lundi 4 fevrier 2019  |  Autre presse
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Cette année, un froid de canard sévit dans la ville de Diéma, malgré la bonne pluviométrie recueillie pendant l’hivernage. Pourtant à en croire certaines croyances, l’année où il pleut abondamment, le froid devient moins mordant.


A Diéma, il fait sérieusement frais ces derniers temps. Les malades mentaux, qui sont très souvent sans abri, souffrent énormément de cette situation. En effet, il est courant de voir certains recroquevillés sur eux-mêmes pour échapper à la rudesse du climat. Ils n’ont que leurs baluchons pour se couvrir. Couverture dérisoire.
Le thermomètre affiche souvent 12° C. On a l’impression qu’il neige pendant la nuit. Dans cette ville carrefour située dans un bas-fond, surélevée dans sa partie nord, du côté du Razel, et entourée de ravins, rien ne semble arrêter la férocité de ce froid qui inquiète les habitants. Pendant la nuit, les rues sont quasiment désertes, tout le monde reste cloîtré dans sa maison. Aucune envie de mettre le nez dehors. Seuls quelques individus affairés trainent dehors à la nuit tombée.
Les vieilles personnes âgées et les enfants sont ceux qui en souffrent le plus. Le froid, témoigne Sambou, vous pénètre jusqu’aux os, c’est pourquoi, on conseille toujours d’entourer de soins durant cette période, les personnes du troisième âge et les enfants. Comme remède à ce froid glacial qui n’a d’égard pour personne, dans les familles, où la tradition est encore respectée, les personnes âgées se réunissent autour du feu de bûche pour siroter du thé. Certaines femmes brûlent de l’encens dans leur « beloni », petit instrument utilisé pour faire la fumigation. D’autres remplissent un fourneau de charbon de bois en guise de chauffage. Selon l’enseignant Makan, beaucoup connaissent les dangers liés à l’utilisation abusive de ce combustible. Lorsqu’on s’enferme hermétiquement dans la chambre avec un fourneau rempli de braises, le gaz carbonique qui s’y dégage est asphyxiant.
Pour laver son enfant, chaque matin, cette femme utilise de l’eau chaude, elle place la bassine à l’intérieur de sa chambre. Après la toilette, elle habille son petit avec des vêtements lourds qu’elle a minutieusement choisi chez le vendeur de fripes. « Nos enfants, si nous ne les protégeons pas, ils seront exposés aux maladies pulmonaires », assure Assitan, pressée de se rendre à la foire avec ses légumes.
«Que dire des personnes qui passent plusieurs jours sans verser la moindre goutte d’eau sur leur corps, rien que par peur du froid», s’interroge Hamma ? Pourtant on peut les apercevoir dans leurs beaux habits, le corps luisant de pommade. Le froid n’empêche pas le vieux Douga d’aller acheter lui-même, chaque jour que Dieu fait, ses beignets. Il marche nonchalamment, emmitouflé dans son grand boubou en cotonnade.
Selon Siliman, producteur agricole, ceux qui habitent les maisons en tôles envient généralement les propriétaires de logements en banco. Dans les maisons en tôles, explique-t-il, la fraîcheur tout comme la chaleur, sont insupportables.
Mais le froid n’a pas que des inconvénients. Se laver avec de l’eau fraîche, permet de se maintenir longtemps en bonne santé, croit savoir ce fonctionnaire à la retraite. «Celui qui se lave avec de l’eau chaude pendant le froid, aura la peau toute ridée quelque soit son jeune âge», pense-t-il. À chacun son problème. Ce père de famille se fait des soucis lorsque le froid arrive. Selon lui, durant cette période, les gens mangent plus. « Dans ma maison, révèle-t-il, le sac de riz de 50 kg ne dépasse pas 20 jours. »
Fatouma la superstitieuse, soutient, elle, que quand on nait pendant le froid, on est hostile à la chaleur, et inversement. De l’avis de Baïdy, beaucoup de gens perdent le courage de se rendre aux cérémonies de baptême tôt le matin au moment du froid. «Certains ne manquent pas d’arguments pour justifier leurs absences», renchérit l’homme.
À travers les missions de sensibilisation que le comité des femmes utilisatrices des services de santé, effectue périodiquement, ainsi que les émissions radiophoniques, beaucoup de femmes commencent à adopter de bonnes pratiques pour le bien-être de leurs progénitures.
Ouka BA
AMAP-Diéma
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