Cette année les consommateurs peuvent espérer un mois de carême paisible. Les marchés sont achalandés, les réserves suffisantes, et les étiquettes stables et abordables
Le Ramadan est prévu pour débuter ce matin ou demain. Coïncidant cette année avec le début de la saison des pluies, les journées de jeûne seront sans doute plus clémentes. En plus de la douceur de la température, le ramadan 2013 s’annonce aussi paisible pour les bourses, ce qui constitue un fait inédit dans notre pays.
La situation des stocks de produits de première nécessité semble largement satisfaisante, les prix enregistrent une stabilité réelle et les marchés sont bien achalandés. Habituellement le ramadan fait l’objet des spéculations les plus folles.
Les jeûneurs accueillent globalement, ce mois avec beaucoup de ferveur cette année à cause de la situation particulière que traverse le pays. Car, le Ramadan constitue aussi et surtout une période de grande spiritualité accompagnée de bénédictions. Mais aussi une période qui impacte négativement leurs quotidiens et leurs habitudes. Elle donne habituellement l’occasion aux commerçants de jongler avec les étiquettes des produits fortement demandés, notamment le riz, le mil, le sorgho, le sucre, le lait, le gingembre, le tamarin, le citron, la viande, l’huile, le poulet et les condiments. Depuis près d’une année, le département est mobilisé pour assurer l’approvisionnement correct du pays en produits de première nécessité et surtout maintenir les prix stables. La démarche semble réussir jusque là. Depuis près de 7 mois, nous assistons à une stabilité de prix sur tous les produits de première nécessité ainsi que sur les produits importés. Aussi, malgré les tensions inflationnistes propres au mois de Ramadan, les prix restent stables.
Selon les statistiques du département du Commerce et de l’Industrie, aujourd’hui, les stocks de produits de première nécessité disponibles sur le territoire national sont largement suffisants et les marchés du pays suffisamment achalandés.
Le sucre est le produit le plus demandé pendant le ramadan. Et un mois, sa consommation explose. Les stocks de sucre sur le territoire sont actuellement estimés à 36.092 tonnes dont 8.506 tonnes au niveau de Sukala. Il existe 1.519 tonnes sous douane contre 1.688 tonnes la semaine dernière. Les stocks aux ports de transit sont estimés à 8.208 tonnes contre 8.817 tonnes la semaine passée. Cette quantité équivaut à près d’un mois de consommation.
L’huile alimentaire très consommée pendant la période de Ramadan est majoritairement importée. Les stocks d’huile sont aujourd’hui évalués à 6.313 tonnes chez les principaux grossistes. Ceux sous douane s’élèvent à 884 tonnes. Ces stocks couvrent plus un mois de consommation. Quant au prix détail, il évolue entre 700 et 900 Fcfa/litre. Pour la farine de blé, le stock sur le territoire est estimé à 10.449 tonnes et 839 tonnes chez les grossistes dans les capitales régionales. Cette quantité couvre plus de 89 jours soit près de 3 mois de consommation nationale. La farine de blé est vendue entre 400 et 500 Fcfa/kg.
Et le lait ? Les stocks disponibles sur le territoire sont évalués à 2.783 tonnes, soit 36 jours de consommation. Les stocks de lait sous douane s’élèvent à 2.359 tonnes. 160 tonnes sont au niveau des ports de transit. Donc aucune inquiétude à ce sujet.
SATISFACTION GENERALE. Pour consolider ce stock, le gouvernement a lancé une opération d’exonération sur 66.000 tonnes de sucre à partir de juin jusqu’au 31 août. Pour s’assurer du respect de cette opération, un cahier de charges soigneusement élaboré à l’intention des importateurs, définit les conditions d’adhésion à l’opération.
En outre, les céréales sèches comme le riz, le mil, le sorgho et le maïs, affichent aussi une certaine stabilité de prix. Pour le riz, le stock sur le territoire est aujourd’hui estimé à 77.789 tonnes soit 33 jours de consommation. Les stocks sous douane ont été évalués à 3.776 tonnes contre 21.186 tonnes de cargaisons de riz aux ports. Sur les marchés de consommation de la capitale, les catégories de riz importé ont été vendues entre 350 et 500 Fcfa/kg.
Pour ce qui concerne les autres céréales, il faut noter qu’à la date du 21 juin, les stocks grossistes de mil sont évalués à 1.676 tonnes, 1.182 tonnes de sorgho et 2.166 tonnes de maïs.
Tout porte à croire que ce Ramadan sera paisible. Un tour dans les différents marchés de la capitale confirme cette tendance. Au marché de sucre, lait et thé de Dabadani, la satisfaction est générale. Clients et commerçants ne cachent pas leur enthousiasme.
Dianguiné Diarra, commerçant détaillant de sucre et lait au marché de Dabadani qualifie la situation d’exceptionnelle. « Cette année, nous observons une certaine stabilité de prix depuis quelques mois. Je pense que cela est dû à la concertation entre les autorités et les importateurs. Nous, les détaillants nous ne demandons que cela. S’il n’y a pas de tension sur les prix chez les grossistes, il n’y en aura pas chez nous. Parce la cherté n’arrange personne. Parce que quand les produits sont chers, les achats diminuent, mais quand ils sont abordables nous faisons de bons chiffres d’affaires, comme c’est le cas actuellement », développe le détaillant. Ajoutant au passage que le kilogramme de sucre au détail est cédé entre 480 à 500 FCFA selon les quartiers.
Fousseyni Cissé, chef de famille rencontré au marché de céréales de Bozola reconnaît que les prix des céréales sèches sont vraiment abordables. « Je suis venu acheter du petit mil pour la bouillie de ramadan. J’ai acheté le sac de 50 kg à moins de 10.000 Fcfa. Cela est un cadeau par rapport à l’année passée. Si cette situation se maintient jusqu’à la fin du mois, nous tirerons nos chapeaux aux autorités », s’exclame-t-il tout souriant.
D’autres produits sont très sollicités pendant cette période notamment le gingembre, le citron et le tamarin, pour la confection des boissons rafraîchissantes et la préparation de la bouillie de rupture du jeûne. Ces produits proviennent principalement de la région de Sikasso. Au marché de Médine, les vendeurs de gingembre et de tamarin reconnaissent un renchérissement de ces produits à cause de la saison pluvieuse. « Cette année, le ramadan coïncide avec l’hivernage et dans notre pays la période hivernale n’est pas propice aux cultures de légumes et agrumes. En plus, le gingembre pourrit facilement quand il pleut beaucoup », indique Zounama Berthé, un autre vendeur de ce produit qui reconnaît cependant que la quantité disponible est suffisante malgré la cherté du prix.
De façon générale, les différents marchés sont assez achalandés. Et les stocks disponibles sur le territoire national couvrent respectivement 33 jours de consommation pour le riz, 78 jours pour le sucre, 36 jours pour le lait en poudre, 89 jours pour la farine et 23 jours pour l’huile alimentaire.
Quant aux prix à la consommation, ils sont globalement stables. Mais la vigilance doit être de mise, car comme toutes les années, les spéculateurs guettent la moindre occasion pour jouer sur la stabilité du marché. La première quinzaine du ramadan nous situera sur le niveau des prix. En attendant les consommateurs peuvent espérer un ramadan paisible.