Le processus de Démobilisation, Désarmement et Réinsertion (DDR), prévu dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger semble avoir du plomb dans l’aile. Ils sont plus de 200 ex-combattants à être exclus du processus. Ces jeunes crient à l’injustice et entendent user toutes les voies pour défendre leurs droits. Les autorités rassurent quant à la sincérité du processus.
Le processus DDR n’est pas inclusif. C’est du moins l’avis du président du Conseil national de la jeunesse (CNJ), Souleymane Satigui Sidibé. Selon lui, le DDR ne prend pas en compte les jeunes sédentaires qui avaient pris les armes pour défendre les leurs pendant la crise. Il affirme que plusieurs plaintes des jeunes de Tombouctou et de Gao leur sont parvenues à ce sujet. C’est ainsi que le CNJ, dit-il, a saisi les autorités de la question. Ces dernières pensent, aux dires du président du Conseil, que le processus est inclusif.
Aussi, le patron de la jeunesse malienne ajoute que même des groupes armés ne se reconnaissent pas dans le processus car, les listes introduites n’ont pas tenu compte de leurs propositions. M. Sidibé soutient que les groupes armés se plaignent aussi que les responsables du DDR aient remis des listes propres à eux, au détriment des vrais bénéficiaires.
Le président du CNJ pense que les jeunes du nord, qui avaient organisé la résistance civile à l’époque contre les envahisseurs, sont réticents à partager un même camp que leurs bourreaux d’hier. Mais cela ne devrait pas être une raison pour les exclure du processus.
Sur le sujet, Fahad Ag Almahamoud porte-parole du Gatia, en mission, affirme ne pas pouvoir vérifier l’information qu’il qualifie «d’inadmissible ».
Zahabi Ould Sidy Mohamed, coordinateur du processus DDR, pense tout le contraire. « Ceci n’est pas correct. Il y a une liste de ces jeunes qui nous a été remise depuis qu’Abdoulaye Idrissa Maïga était ministre de la Défense et des Anciens combattants. Et ces 187 jeunes seront inclus dans le processus DDR. Aucun doute sur ce point», nous affirme l’ancien ministre de la Réconciliation nationale. Il affirme ensuite avoir appris qu’il y a des petites divergences au sein de ce groupe. Question, semble-t-il, de leadership, soutient Zahabi.
Le patron du processus conseille aux jeunes fâchés d’éviter de changer la liste qui a été transmise à la commission.
Un ex-combattant du MOC de Tombouctou nous informe que c’est l’armée malienne qui a procédé aux visites médicales des candidats. Il pense que c’est de façon délibérer qu’elle a déclaré certains inaptes. « L’armée est protectrice et jalouse de nous. Parce que tous ceux qui ont été exclus sont des hauts gradés de nos unités. Elle ne veut pas que nous venions les coiffer dans les différents corps », indique-t-il.
Sur l’exclusion des 200 ex-combattants, il soutient que c’est la Commission intégration qui gère cet aspect du programme. Il renseigne cependant qu’au cours du screnning DDR, les candidats doivent passer une série de tests, dont certains médicaux, avec des analyses de sang et des radiographies. « Ceux qui sont inaptes sont exclus de l’intégration, mais bénéficient du programme de réinsertion », confie-t-il. Avant d’ajouter que les inaptes peuvent contester et passer par un cabinet médical pour vérifier les résultats qu’on leur a communiqués.
Pour sûr, des jeunes crient au scandale et les autorités se veulent rassurantes sur l’inclusivité et la transparence du processus.