Ouagadougou, - Les chefs d'Etat du G5 Sahel réunis pour un sommet mardi à Ouagadougou devront impérativement réfléchir à des solutions pour tenter d'enrayer la spirale infernale dans laquelle s'enfonce le Burkina Faso, où les attaques jihadistes se multiplient, avec encore 14 personnes tuées lundi.
"Le Burkina Faso, hôte de ce sommet, qui était parmi les pays les plus
paisibles au moment de la création du G5 Sahel, est aujourd'hui victime
d'attaques de terroristes aux visées obscurantistes", a constaté l'ancien chef
d'Etat burundais Pierre Buyoya, représentant de l'Union africaine au sommet.
"L'Union africaine exprime sa solidarité et sa compassion au gouvernement
et au peuple burkinabè et les encourage à se mobiliser pour résister ensemble
dans l'unité aux actions de déstabilisation des groupes terroristes. Elle les
exhorte à fermer toutes les brèches permettant à l'ennemi de prospérer",
a-t-il conseillé.
Lundi à l'aube, 14 civils ont été tués dans le nord du Burkina à Kain, une
localité située dans la province du Yatenta, frontalière du Mali. Il s'agit
d'une des plus graves attaques enregistrées dans le pays.
En riposte, l'armée, qui s'est montrée incapable d'enrayer la spirale de
violence ces derniers mois, assure cette fois avoir mené dans la journée des
raids terrestres et aériens dans trois provinces du Nord, au cours desquels
elle affirme avoir tué 146 jihadistes, un bilan extrêmement élevé que l'AFP
n'a pas pu confirmer de source indépendante.
"Une opération terrestre et aérienne (...) a permis de neutraliser 146
terroristes dans les trois départements", selon le communiqué. Une source
militaire a confirmé à l'AFP que le terme "neutraliser" signifiait "tuer".
- Force peu active -
L'armée a affirmé aussi n'avoir eu à déplorer que des "blessés légers" mais
"aucune perte en vie humaine", lors de cette riposte, ajoutant que "les
opérations se poursuivaient".
Les civils comme les forces de l'ordre paient depuis 2015 un lourd tribut
dans les attaques jihadistes. Cette dernière attaque porte à près de 300 morts
le bilan depuis quatre ans. Les attaques sont attribuées notamment au groupe
Ansaroul Islam et au Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM).
A Ouagadougou, un important dispositif sécuritaire a été mis en place pour
le sommet du G5 Sahel. La capitale burkinabè a été frappée à trois reprises
depuis 2016, avec un bilan total de près de 60 morts et la destruction
l'état-major général des armées, en plein centre-ville, l'an dernier.
Sur le tronçon menant de l'aéroport à la salle des conférences du quartier
Ouaga 2000 où se tient le sommet, la circulation a été interdite. Des
militaires en armes étaient postés à des intervalles réguliers.
Le G5 Sahel doit trouver au sommet un moyen de lutter contre les groupes
jihadistes et notamment d'aider le Burkina qui sombre. Le nord et l'est du
pays sont devenus des zones d'insécurité permanentes. La déclaration finale du
sommet est attendue pour le milieu de l'après-midi.
Les cinq pays sahéliens (Mali, Mauritanie, Tchad, Niger et Burkina Faso)
ont monté une force militaire conjointe pour tenter d'endiguer les attaques
mais elle n'a encore jamais été au contact des jihadistes.
- 50 ans du Fespaco -
La force peine à obtenir des résultats. Son commandant, le général
mauritanien Hanena Ould Sidi, a annoncé dimanche que la force conjointe avait
mené trois opérations depuis le 15 janvier, sans donner plus de détails.
Pire, la force s'est même signalée négativement: des soldats maliens se
sont rendus coupables en 2018 de l'exécution sommaire de douze civils, selon
un rapport de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma).
Depuis le 1er janvier, l'état d'urgence a été décrété dans 14 provinces sur
45 au Burkina Faso, accordant des pouvoirs supplémentaires aux forces de
sécurité dont celui de procéder à des perquisitions à domicile, de jour comme
de nuit.
Le président Roch Marc Christian Kaboré a limogé en janvier le chef
d'état-major des armées, puis remplacé les ministres de la Défense et de la
Sécurité lors d'un remaniement.
Le Burkina doit accueillir fin février le Festival panafricain du cinéma et
de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), un des plus grands festivals du
septième art sur le continent, qui fête son cinquantenaire.
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