Qui l’eût cru ! L’ex-directeur général du Centre national de la cinématographie du Mali (Cncm), Moussa Diabaté, bien qu’étant relevé de ses fonctions, continuait à engager le Cncm. Il a fait des contrats antidatés et même une demande de crédit à hauteur de 600 millions au Budget national qui lui a répondu négativement. Ce qui motive le nouveau directeur Modibo Souaré à demander un audit.
Moussa Diabaté n’avait pas le choix, il était obligé de s’adonner à ces malversations financières parce qu’il avait usurpé le poste de réalisateur du film «Chitane», dont la réalisation a été faite par Assane Kouyaté. Ce dernier pensait que le directeur du Cncm était dans son rôle afin que son film puisse être prêt avant le prochain Fespaco. Non, c’était sans connaître les vraies intentions du directeur expropriateur de film.
Les dessous de la non-sélection du film Chitane du réalisateur malien Assane Kouyaté
Le film aurait été inscrit par l’ancien DG du Cncm au Fespaco alors que la postproduction n’était pas finie. Pourquoi était-il si pressé d’inscrire un film non étalonné et non mixé ? Il a annoncé une somme qui aurait été mise dans le film, alors que celui-là même qui a produit le film dit n’avoir jamais vu une trace de cette somme.
Oui, Moussa a berné Assane avant de le rouler dans la farine. Car, pour réaliser un film, il faut évaluer le budget du film en amont, mais personne n’a vu le budget du film, même le producteur. Tous les chiffres avancés sont venus de Diabaté lui-même et personne ne savait d’où venaient ces chiffres.
Selon certains travailleurs, l’ancien DG s’était autoproclamé producteur de films et négociait avec des partenaires à la place des producteurs. Son départ a été applaudi par les travailleurs qui étaient en retard de paiement de salaires, une première au Cncm qui n’avait jamais connu une telle mauvaise gestion. Pour justifier ce chaos et échapper à la justice, il a monté des mensonges contre le ministère de la culture, en foulant au sol les principes de l’administration malienne.
Aujourd’hui, les acteurs et autres personnes qui ont travaillé dans la production et la réalisation du film «Chitane» attendent le reste de leur argent. Là aussi, plusieurs montants sont annoncés, des bulletins de paie parallèles sont en circulation avec des comédiens, différents des bulletins officiels du Cncm. Pis, le directeur général limogé doit de l’argent à plusieurs prestataires. Il pensait que la solution la plus facile était de faire porter la responsabilité de la non-participation du Mali à Madame le ministre de la culture.
Nommé à la veille du Fespaco 2017, les acteurs du cinéma malien en étaient restés interloqués. D’ailleurs, on se souvient que, à l’époque, le ministre était contre sa nomination, mais avec les coups tordus des appels à candidatures, il était parvenu, comme par miracle, à s’arroger la première place.
On apprend qu’un audit sera engagé contre sa gestion parce que le nouveau directeur Modibo Souaré n’a pas voulu signer le PV de passation pour ne pas cautionner des contrats antidatés et des malversations financières à crever les yeux.
De fait, l’intention de Moussa Diabaté était de faire en sorte que la 26ème édition du Fespaco se fasse sans le Mali. Peine perdue. Le Mali ira à Ouagadougou avec 5 productions en compétition.
Le Mali ira au Fespaco avec 5 films
En compétition pour les documentaires de long-métrage, il y aura deux films maliens : Dawa, L’appel à Dieu du jeune réalisateur Malick Konté et Jamu Duman (Quel valeureux nom as-tu ?) de Salif Traoré. Village apaisé d’Issouf Bah va défendre le Mali en compétition de films d’animation. C’est Boubacar Sidibé avec son film «La langue et les dents» qui sera en compétition dans la série TV et le long-métrage de fiction BARKOMO de Boukary Ombotimbé. Il est à signaler que, du 23 février au 2 mars 2019, Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, va abriter la 26ème édition du Fespaco, placée sous le thème «Mémoire et avenir des cinémas africains».