Depuis quelques mois, des élus, notamment des députés de l’Assemblée nationale, convergent massivement vers le parti du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, au détriment de celui du président Ibrahim Boubacar Keïta. De quoi créer des rumeurs sur des tensions entre les deux hommes.
Alors qu’il n’avait que quatre députés à l’Assemblée nationale, le parti du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga se retrouve désormais avec plus de vingt députés à l’Assemblée. Fin 2018, au moins 17 députés ont migré en seulement deux mois vers son Alliance pour la solidarité au Mali-Convergence des forces patriotiques (Asma-CFP). Au Mali, ce phénomène appelé « transhumance politique » est courant, mais ce dernier record enregistré par l’Asma-CFP sort de l’ordinaire. Le parti du Premier ministre n’était qu’un-micro parti jusqu’en 2013.
Départ de membres fondateurs du parti d’IBK
Conséquence : une dizaine de ces députés qui ont rejoint l’Asma-CFP ont quitté le parti du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), le Rassemblement pour le Mali (RPM). De quoi créer des tensions au sein de la majorité présidentielle et fragiliser la cohésion au sein du couple exécutif, formé par le président et son Premier ministre. Surtout que « beaucoup de ces députés transhumants étaient des membres fondateurs du parti d’IBK », confie à Jeune Afrique Mamadou Diarrassouba, responsable des sections du RPM et député à l’Assemblée nationale.
Pour limiter les dégâts, fin 2018, des cadres du RPM avaient rencontré le président malien à la Villa des hôtes pour évoquer le départ de leurs députés vers d’autres formations, notamment celle de Soumeylou Boubèye Maïga, qui ne cache plus ses ambitions de succéder à IBK à la tête du pays.
Depuis cette rencontre, la rumeur au sujet d’une tension entre le président et son Premier ministre ne faiblit pas à Bamako. Le 3 février dernier, un photographe de la présidence a immortalisé une poignée de main visiblement glaciale entre les deux personnalités lors des funérailles de la femme d’un ex-Premier ministre. Quelques heures plus tard, cette photo est devenue virale sur les réseaux sociaux, laissant un effet de bombe prendre la place de la rumeur.
« Aucune pression » pour débaucher des hommes politiques
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La transhumance de ces députés est, au fond, le reflet de la crise qui touche le parti du président Ibrahim Boubacar Keïta en son sein même. Les députés en question ont quitté le navire RPM, n’ayant pas été investis candidats du parti dans leurs circonscriptions électorales pour les législatives prévues aux mois de mai-juin prochain.... suite de l'article sur Jeune Afrique