Depuis un certain temps, une affaire opposant des orpailleurs de la localité de Kondoya, cercle de Kéniéba, coupe le sommeil aux populations. Oumar Kanté, en conflit avec Sékou Kéita, a vu la justice trancher en sa faveur. Cette décision est restée à travers de la gorge de Sékou Kéita qui, depuis lors, mène une campagne contre le juge ayant rendu la décision.Il l’accuse d’avoir été soudoyé par son adversaire. Dans le souci d’en savoir plus, nous avons mené notre petite enquête.
Les orpailleurs exerçant dans des mines traditionnelles ont mis en place un mécanisme pour le règlement des conflits qui pourraient surgir entre eux. Ainsi, des commissions dénommées « Tomboloma » ont été mises en place sur tous les sites pour trancher d’éventuels litiges. Lorsqu’un litige éclate sur un site, elle est, dans un souci d’impartialité, tranchée par le « Tomboloma » d’un autre site. Depuis des décennies, les sites d’orpaillage sont ainsi gerés. Les conflits, en général, naissent lorsque les mines en exploitation de 2 orpailleurs différents se rejoignent. De commun accord, les orpailleurs ont décidé que lorsqu’un orpailleur découvre un filon, il a le droit d’y rester même si le filon débouche plus tard sur celui d’un autre exploitant. Le filon d’Oumar Kanté ayant débouché sur celui de Sékou Kéita,le premier demande au second, de quitter le site. Sékou refuse. Alors, ils décident de soumettre le litige au jugement de la commission « Tomboloma « . A la surprise de tous, Sékou Kéita s’oppose à ce qu’un « Tomboloma » extérieur à leur site statue sur le litige. Face à ce blocage, l’affaire est renvoyée devant le tribunal civil de Kéniéba. Le juge en charge de l’affaire, dans le cadre de son enquête, interroge les membres des commissions « Tomboloma ». Il recueille aussi le témoignage du maire de la commune Sitakeli, monsieur Hawa SISSOKO, réputé grand connaisseur des règles et principes de gestion des sites d’orpaillage et des modes de résolution des conflits. Le juge prend ainsi connaissance des conventions qui régissent les orpailleurs en matière de gestion des mines. Il tranche en faveur d’Oumar Kanté. Cette décision a été même plébiscitée par les autres orpailleurs pour la simple raison que le droit, selon eux, avait été dit. Sékou Kéita décide, lui, de contester la décision du juge. Il répand le bruit que le juge a été soudoyé par son adversaire. Jusqu’à quand le laissera-t-on ainsi vilipender la justice ?