A moins d’un mois de la tenue de la Présidentielle malienne, un autre candidat, Tiébilé Dramé, a exigé le report des élections. Une requête qui risque de compromettre toute chance de tenir des élections le 28 juillet, date fixée par le gouvernement de Diocounda Traoré. Joint par Afrik.com, Michel Galy, politologue et spécialiste du Mali, apporte quelques éléments de réponse
« Au nom du candidat Tiébilé Dramé, je viens de déposer une requête à la Cour constitutionnelle pour l’annulation du décret convoquant le collège électoral, pour violation grave de la loi. Il y a violation de la loi, parce qu’elle dit que le collège électoral ne peut pas être convoqué tant que les listes électorales ne sont pas établies sur l’ensemble du territoire national », a déclaré à l’AFP Maître Hamidou Diabaté, avocat de Tiébilé Dramé.
La Présidentielle malienne en prend un nouveau coup. Alors que le gouvernement malien et ses principaux partenaires occidentaux s’accordent à organiser les élections à la date du 28 juillet, un nouveau candidat vient de faire une annonce qui risque de compromettre les chances d’un scrutin présidentiel au Mali.
Tiébilé Dramé a évoqué des motifs qui, selon lui, ne permettent pas de tenir des scrutins dans ce pays et exige son report. Pourtant, ce n’est pas la première fois que le report des élections fasse l’objet d’un débat dans ce pays. De nombreux candidats avaient déjà formulé le souhait de repousser la présidentielle. Tiébilé Dramé en est le 7ème.
Pourquoi Tiébilé Dramé prend-il une telle décision à l’approche d’une Présidentielle aussi importante ? Les chances de voir la Cour constitutionnelle répondre favorablement à sa requête sont-elles réelles ? Une telle décision ne risque-t-elle pas de compromettre le processus électoral déjà enclenché par Bamako ?, Michel Galy, politologue et spécialiste du Mali, explique.
« Une question à la fois technique et de calendrier »
Sur les raisons qui ont poussé le candidat Tiébilé Dramé à saisir la Cour constitutionnelle pour le report des élections, Michel Galy précise : « c’est une question à la fois technique et de calendrier. Tiébilé Dramé conteste le calendrier qui, selon lui, n’est pas favorable à la tenue des élections, en raison du ramadan qui s’approche mais aussi de la saison des pluies. Il constate qu’il y aura en effet une multiplication des difficultés dans certaines zones. Pour ce qui est de la question technique, il faut noter que les listes électorales n’ont pas été établies dans certaines zones, notamment dans le nord du Mali où il y a toujours des troubles liés à la sécurité. Il convient également de préciser qu’il y a environ 400 000 maliens déplacés et que les jeunes entre 18 et 20 ans ne sont pas enregistrés. Compte tenu de tous ces problèmes, Tiébilé Dramé a décidé de saisir la Cour constitutionnelle pour le report des élections ».
« Le Mali a très peu d’autonomie »
Sur une éventuelle réponse favorable de la Cour constitutionnelle à la requête de Tiébilé Dramé, le spécialiste déclare : « je n’y crois pas. Le Mali a très peu d’autonomie. Les Occidentaux tiennent beaucoup à ce que les élections soient tenues à la date du 28 juillet. François Hollande d’ailleurs refuse catégoriquement que l’on revienne sur la date du 28 juillet en raison du coût et du retrait des soldats français ».
Sur la possibilité que cette requête compromette le processus électoral, Michel Galy minimise et ajoute que Tiébilé Dramé n’est pas le seul candidat à avoir formulé cette requête auprès de la Cour constitutionnelle. Mais il souligne qu’en raison de la célébrité du candidat Dramé, contrairement aux autres candidats, sa requête pourrait trouver un écho retentissant au sein de la population malienne.