La realpolitik est par principe une gestion très diplomatique de la paix. Elle tend à éviter de recourir à la course aux armements. Elle est basée sur une prise de décision en connaissance du maximum de données et en sauvegardant le maximum d’options. Un de ses moyens est une large acceptation par l’opinion publique. Elle fut abandonnée en Europe à la fin du XIXe siècle et laisse la place à la weltpolitik, basée sur une recherche de supériorité militaire et une course aux armements qui trouvera sa terrible expression dans la Première Guerre mondiale.
Plusieurs écoles de pensée politique utilisent le terme realpolitik, en particulier les réalistes et les marxistes. Chez les réalistes (majoritairement dans les pays anglo-saxons de la fin du XXe siècle), le terme est utilisé dans un sens de recherche de l’intérêt national au-delà des clivages idéologiques. Un exemple célèbre de realpolitik est l’action du gouvernement Nixon, conseillé par Henry Kissinger, de recherche de liens avec la Chine maoïste en dépit de divergences idéologiques énormes — plus grandes encore qu’avec l’URSS — et de la doctrine du containment.
La realpolitik aujourd’hui
On assiste généralement dans tous les partis et gouvernements à une opposition entre les « realpoliticiens » et les « fondamentalistes » suivant leur attitude face à des compromis sur leurs idées. Le terme est aussi employé négativement pour souligner l’abandon des principes éthiques au profit d’intérêts nationaux (territoriaux, économiques…). Exemple : fermer les yeux sur les exactions commises par un dictateur pour tirer parti de l’exploitation des ressources présentes sur son territoire.
En Allemagne, le terme a un sens bien plus simple de réaliste pour distinguer les politiques modestes, simples, des utopies trop zélées. En France, le terme possède deux sens. Positivement, il est employé dans le sens d’abandonner ses idéaux pour composer avec la réalité. Dans son sens négatif, il est utilisé pour indiquer un manque de vision politique conduisant à un règlement uniquement à court terme des problèmes.