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Opération coup de poing à Bamako : Des méthodes d’interpellation décriées par la population
Publié le vendredi 8 fevrier 2019  |  Le Matinal
Conférence
© aBamako.com par AS
Conférence de Presse du Général Salif Traoré
Le Ministre de la Sécurité et de la protection civile, le Général Salif Traoré a animé une conférence de presse sur la situation sécuritaire du Mali, le 5 Février 2019 à la Maison de la Presse.
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Il est incontestable que de nos jours, s’il y a un problème qui trouble sérieusement le sommeil aux habitants de Bamako et banlieues, c’est bien la recrudescence de l’insécurité dans leurs localités. En effet, on s’accorde à reconnaitre qu’il ne se passe pratiquement pas de semaine sans que soient révélées, surtout sur les réseaux sociaux, des nouvelles de crimes crapuleux ou d’autres actions de violence inouïe. Bien sûr que dans de telles circonstances, les regards et les espoirs des citoyens ne peuvent se tourner que vers le gouvernement qui a la charge régalienne de protéger les citoyens et leurs biens.

Le Pouvoir Exécutif National est parfaitement conscient de ce rôle de sécurisation et de protection des populations qui lui incombe et a décidé en conséquence de mener des actions d’envergure, en vue de « nettoyer l’écurie », comme le dirait l’autre. C’est le plus légitimement du monde et pour une pleine réussite desdites opérations anti criminalités, que le ministre de la Sécurité et de la Protection civile avait sollicité une franche collaboration entre les populations locales et les forces de défenses et de sécurité déployées sur le terrain pour les besoins de cette opération de nettoyage que d’aucuns appellent « opération coup de poing ». Si l’appel lancé par le ministre de la Sécurité et de la Protection civile à l’endroit des populations locales pour solliciter une franche collaboration entre ‘’protégés’’ et ‘’protecteurs’’, a été favorablement accueilli par les citoyens avant le début effectif des opérations, il faut dire qu’avec ce qui a été donné de constater sur le terrain, quant aux méthodes employées par les agents commis à cette tâche de sécurisation, il ne se fait pas de doute que la sollicitation du ministre aura très peu de chance d’acquérir l’assentiment des populations qui dénoncent des méthodes barbares et avilissantes de la part des forces de l’ordre au cours de leurs opérations de rafle. En effet, il a été constaté que lorsqu’elles ‘’investissent’’ un lieu public, nos forces de sécurité procèdent à une rafle systématique, sans discernement aucun, quitte à bafouer la dignité d’honnêtes citoyens et à fouler au pied les droits de l’homme. C’est tout simplement dire que nos forces de sécurité et de protection usent de méthodes dignes de la gestapo hitlérienne, dans la mesure où les rafles systématiques auxquelles elles s’adonnent, non seulement font fi de tout droit humain du citoyen, mais aussi bafouent son honneur. Si la principale motivation de ces opérations est de parvenir à débusquer des malfrats, il n’est pas dit que toutes les personnes qui se trouveraient dans le champ de rafle sont forcément des malfrats. Et il arrive souvent d’ailleurs, que certains des interpellés soient des personnes de notoriété respectable et qui, au moment précis de leurs interpellations, vaquaient tout simplement à leurs activités quotidiennes.

En tout cas, le cas qui nous été donné de voir le mardi 5 février 2019, à Djicoroni – Para à la gare ‘’La Guinée Place’’ est assez édifiant. Au cours de cette rafle, les agents de sécurité qui sont arrivés en nombre suffisant, ont investi les lieux à la grande surprise des personnes qui s’y trouvaient et ont immédiatement commencé à rafler sans discernement. Dans la pratique, les agents ont procédé à l’interpellation des personnes sans demander à celles-ci de présenter des pièces d’identité. Encore plus humiliant pour les personnes raflées, elles étaient regroupées et contraintes de se coucher à plat-ventre à même le sol. Parmi les raflés, il y a certains qui ont été contraints, et ils sont nombreux, de quitter leurs commerces ou leurs ateliers ouverts et sans qu’on ne leur donne la possibilité de fermer leurs entreprises, le temps de leurs interpellations. Si dans ces conditions-là, un sinistre survenait en l’absence du propriétaire des lieux, qui en sera alors responsable ? En tout cas, la méthode utilisée par nos ‘’protecteurs’’ à Djicoroni-Para, ce mardi 5 février courant, n’était vraiment pas de nature à redorer le blason déjà terni de nos forces de sécurité auprès des populations civiles. Le plus aberrant dans ces opérations coup de poing, est que curieusement, des images desdites opérations anti criminalité circulent sur les réseaux sociaux. On serait peut-être porté de se demander quels sont en réalité les auteurs de telles publications ? Le citoyen ‘’lambda’’, pour sa part, tend un doigt accusateur vers les agents de sécurité eux-mêmes qui voudraient peut-être se targuer de ces vidéos-là pour signifier leur engagement à lutter contre l’insécurité. Mais malheureusement, ces méthodes policières sont décriées, à la limite de la condamnation, par les populations civiles. C’est à juste raison que le général Salif Traoré, ministre de la Sécurité et de la Protection Civile a tenu à prévenir que « Si un de nos agents filme une scène d’interpellation et montre le visage des interpellés, il encourt une sanction administrative directe… ».

Samba Sidibé

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