BAMAKO - Deux civils ont été grièvement blessés par balles dans des circonstances encore inconnues à Kidal, ville du nord-est du Mali où la situation est très tendue depuis l’arrivée de soldats maliens il y a cinq jours, a appris mardi l’AFP de source médicale.
"Deux civils gravement blessés par balles par des hommes armés ont été transférés mardi à Gao. Ils sont vraiment dans un état grave", a indiqué cette source médicale à Gao, plus grande ville du nord du Mali, située à environ à 300 km au sud de Kidal.
Les circonstances dans lesquelles ces personnes ont été blessées n’ont pas été précisées.
Depuis l’arrivée vendredi à Kidal de quelque 150 soldats maliens, conformément à un accord avec la rébellion touareg qui occupait la ville depuis février et dont les combattants ont été cantonnés, les tensions sont très vives entre partisans et opposants à la présence de l’armée malienne.
Des manifestations des deux camps ont lieu quotidiennement et au moins deux militaires de la force de l’ONU au Mali (Minusma) ainsi qu’un soldat français présents dans la ville ont été blessés par des jets de pierres pendant le week-end.
Plusieurs dizaines de civils ayant soutenu l’arrivée de l’armée malienne à Kidal étaient toujours réfugiés mardi dans un camp militaire, "parce que les éléments du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, rébellion touareg), veulent leur faire la peau et la situation est très critique sur place", a affirmé une source sécuritaire malienne.
Ces tensions à Kidal surviennent à moins de trois semaines du premier tour de l’élection présidentielle du 28 juillet, un scrutin censé mettre fin à la crise sans précédent qu’a traversée en 2012 le Mali, dont toute la partie nord a été occupée pendant neuf mois par des jihadistes, en grande partie chassés début 2013 par une intervention armée internationale emmenée par la France.
"Le gouverneur de Kidal, qui devait quitter mardi Bamako pour regagner son poste, n’est pas parti pour des raisons de sécurité", a appris l’AFP auprès d’un fonctionnaire du ministère de l’Administration territoriale. "Or il faut qu’il soit sur place pour organiser l’élection", a-t-il ajouté.
Selon un haut responsable malien, "si la situation continue à se dégrader à Kidal, on peut se demander si on peut envisager sur le terrain une campagne électorale, et même des élections".
La situation de cette ville, berceau des Touareg où la préparation du scrutin est encore plus délicate qu’ailleurs, est à l’origine d’une demande de report de l’élection déposée lundi à la Cour constitutionnelle par un des candidats à la présidentielle, Tiébilé Dramé, ancien ministre qui a négocié à Ouagadougou un accord de paix avec la rébellion touareg, portant notamment sur le statut de Kidal.
Avec les 27 autres candidats à la présidentielle, M. Dramé a été reçu mardi à Bamako par le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, qui leur a déclaré qu’un "report de quelques mois" ne règlerait pas "les questions techniques fort judicieuses que certains ont soulevées". "Tous les candidats sont à égalité sur les insuffisances, et les imperfections relevées ici et là", a-t-il dit.
"Il ne saurait y avoir d’élection parfaite, encore moins dans un pays en sortie de crise", a estimé le président par intérim qui a affirmé avoir "la conviction que les imperfections du processus électoral peuvent être compensées par l’esprit civique, patriotique, des électeurs, des candidats".